S’ajuster face aux changements climatiques : l’Institut pour le climat de BMO
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Nous avons les ingrédients voulus pour opérer la transition vers la carboneutralité d’ici 2050 au coût de 275 000 milliards de dollars, mais ils ne sont pas ajustés aux réalités de l’économie; tout le monde s’entend sur la nécessité d’agir, mais les acteurs économiques hésitent à se jeter dans le bain; les institutions financières sont prêtes à contribuer au financement de la transition, mais elles attendent encore le cadre politique et réglementaire solide qui garantira leur investissement à long terme.
Voilà quelques-uns des principaux points à retenir d’une des tables rondes accueillies par Son Honneur la lieutenante-gouverneure de l’Ontario Elizabeth Dowdeswell et organisées par l’Institut pour le climat de BMO et le Long Run Institute. Intitulée La transition énergétique au prisme de l’expérience d’hier, des réalités d’aujourd’hui et des impératifs de demain, la table ronde a porté sur certains des grands défis que doivent relever le Canada, dont l’économie dépend des ressources, et la planète dans son ensemble pour atténuer les répercussions physiques des changements climatiques et les crises qui vont en découler, des problèmes de sécurité énergétique à la migration massive de réfugiés climatiques.
Animée par David Walmsley, rédacteur en chef du Globe and Mail, cette table ronde s’inscrivait dans le cadre d’un symposium intimiste d’une journée sur la manière dont la convergence de facteurs allant des conflits géopolitiques à l’inflation alimente un débat sur l’équilibre entre durabilité et sécurité et la conciliation de la prospérité et des impacts sociaux. Lancées par les allocutions de William A. Downe, ancien chef de la direction de BMO Groupe financier, et Geoffrey G. Jones, professeur Isidor-Straus en histoire des affaires à l’Université Harvard, les discussions de la journée ont porté sur la façon de réussir la transition énergétique.
« Nous nous trouvons en quelque sorte à un moment charnière, à l’issue de deux ans et demi de bouleversements qui vont soit faire reculer l’action climatique, soit l’accélérer dans le sens d’une transition que nous espérons plus ordonnée », a rappelé Sonia Baxendale, présidente-directrice générale du Global Risk Institute, à un parterre de chefs d’entreprise et d’universitaires spécialisés dans des disciplines comme l’histoire, l’économie et la gestion de crise.
Les participants ont convenu que la transition climatique ne pourra progresser sans une reconnaissance de l’interconnectivité de la planète. Ce sera d’autant plus important que le monde tourne le dos aux systèmes mis en place pendant 30 ans de libre-échange et de mondialisation, et amorce une conversion vers une régionalisation de l’approvisionnement en biens et services.
« Nous assistons à un virage massif qui risque de faire disparaître l’ordre mondial en fonction duquel nous prenions la plupart de nos décisions, de sorte que nous devons commencer à penser différemment à la lumière du nouveau contexte », a précisé Sonia Baxendale.
« Le système énergétique mondial actuel n’est ni fiable, ni abordable, ni accessible, ni durable, a souligné d’emblée Simon Fish, président de l’Institut pour le climat de BMO. Ensemble, nous devons passer à un nouveau système qui assurera à la fois la stabilité climatique et une économie florissante et inclusive. »
Des compromis et des décisions difficiles
La collaboration mondiale nécessaire pour faire face aux changements climatiques est d’autant plus délicate qu’elle se heurte à la nature humaine, qui ne privilégie la bonté et l’altruisme que dans la mesure où les intérêts nationaux, perçus ou réels, ne sont pas compromis.
Cette caractéristique humaine entre déjà en jeu et explique les désaccords entre les pays développés et en développement, lesquels soupèsent la nécessité d’éviter les conséquences des changements climatiques ET d’assurer la sécurité énergétique et la croissance économique.
Par exemple, des universitaires prédisent l’avènement d’une « Amérique du Nord 2.0 » qui se concentrera sur l’énergie et la sécurité énergétique après avoir consacré les dernières décennies à devenir une zone de libre-échange.
« De même que l’ALENA portait sur les échanges commerciaux, l’Amérique du Nord 2.0 portera sur l’énergie », a affirmé Juliette Kayyem, professeure Belfer en sécurité internationale à l’Université Harvard, en soulignant que les différentes sociétés devront prendre des décisions difficiles sur le genre de monde qui sortira de la transition vers un troisième régime énergétique, avec l’abandon des combustibles fossiles adoptés au 19e siècle qui nous ont valu un siècle d’enrichissement et de prospérité au prix de la dégradation de l’environnement.
« Nous avons tendance à penser en termes mutuellement exclusifs, Or, en y réfléchissant bien, nous devons nous demander quel genre de société nous procurera la plus grande sécurité, a commenté la professeure Kayyem, qui se spécialise dans la gestion des catastrophes et l’atténuation des risques. Si c’était à refaire, nous chercherions à bâtir un système ne comportant aucun point de défaillance. »
En plus de leurs conséquences directes, les changements climatiques auront des effets secondaires et tertiaires tout aussi importants. À cet égard, Juliette Kayyem prédit que des millions de personnes risquent d’être déplacées au cours des prochaines années parce que certains coins du monde deviendront invivables. Pour gérer et atténuer ces migrations de « réfugiés climatiques », elle affirme qu’il faudra mettre en place un nouveau cadre juridique mondial pour installer ces populations dans des pays d’accueil et les aider à s’adapter, faute de quoi nous risquons des désordres sociaux et une propagation de la radicalisation.
Les pays riches devront aussi gérer les déplacements de populations à l’intérieur de leurs frontières, alors que la montée des eaux et d’autres événements climatiques forceront l’évacuation de terres basses urbanisées de longue date, en Californie par exemple. La professeure Kayyem appelle les gouvernements, l’entreprise privée et les investisseurs à se concerter pour faciliter la « retraite ordonnée » des populations des zones les plus vulnérables par des mesures incitatives comme une baisse des primes d’assurance habitation.
« Nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre la transition », a-t-elle insisté, notant que certaines régions habitables vont tout simplement disparaître en raison des changements climatiques. « Le bouleversement climatique que nous avons provoqué rend déjà des gens très vulnérables et très exposés aux dégâts environnementaux. »
Des politiques de soutien
Les participants ont convenu que même si les banques, le secteur des services financiers et l’entreprise privée peuvent fournir les capitaux et l’innovation nécessaires à la transition, ils ne peuvent être les initiateurs de ce changement, qui ne réussira que s’il repose sur une politique publique consensuelle.
« Puisqu’il faut convaincre les gens de passer à une forme d’énergie plus dispendieuse… ce changement ne s’opérera que s’il est encadré par des politiques gouvernementales », a affirmé Paul Rochon, ancien sous-ministre des Finances du Canada et conseiller de la direction de Deloitte Canada.
En quantifiant les défis qui nous attendent, Paul Rochon a établi un parallèle avec la dynamique de l’économie politique de l’économiste John Maynard Keynes, soulignant que les politiques gouvernementales actuelles ne sont pas conçues pour soutenir l’immense virage systémique qu’exigera la transition énergétique.
« La bonne nouvelle est que nous disposons des éléments voulus pour mettre en place le nouveau système, mais la mauvaise nouvelle est qu’ils ne sont pas tout à fait ajustés aux réalités économiques... le véhicule n’est pas brisé, mais l’alternateur est grillé », a-t-il indiqué, faisant allusion à la pièce du moteur automobile qui convertit l’énergie mécanique en énergie électrique.
Au Canada, où les trois quarts des émissions de 730 mégatonnes proviennent du secteur privé - pétrole et gaz, agriculture, industrie lourde, immeubles commerciaux et transport commercial - Paul Rochon a mentionné qu’il faudra un cadre politique clair pour stimuler l’innovation et l’investissement.
« Le Canada s’est doté d’une approche rationnelle, qu’il reste simplement à mettre en phase avec la structure de l’économie », a-t-il précisé, se disant encouragé par les déclarations gouvernementales récentes, comme les annonces de crédits d’impôt et l’engagement d’étudier des manières d’atténuer les risques liés aux investissements en garantissant le prix du carbone.
Le Canada a des défis qui lui sont propres. Ainsi, avec son économie fondée sur les produits de base, le pays produit bon nombre des ressources naturelles nécessaires pour assurer une transition durable, mais ce faisant, il émet des quantités particulièrement élevées de gaz à effet de serre.
Par ailleurs, étant l’un des plus grands producteurs agricoles du monde, le pays devra prendre des décisions sur l’utilisation des terres, vu l’étendue des territoires qu’exige la production d’énergies renouvelables comme l’énergie éolienne et l’énergie solaire, a souligné Ruth Sandwell, professeure d’histoire à l’Université de Toronto, à propos de la recherche de sources d’énergie pour remplacer les combustibles fossiles.
« Il s’agit de savoir comment remplacer l’immense quantité d’énergie dont nous avons besoin », a-t-elle indiqué, établissant un parallèle avec la durée et les conséquences imprévues – d’ordre social, politique et environnemental – des transitions antérieures, comme celle du bois au charbon au 19e siècle.
« Si nous optons pour l’éolien et le solaire, quelle superficie faudra-t-il y consacrer? Et quel sera l’effet d’affecter des terres à cette fin alors que nous devrons compter davantage sur la production alimentaire locale? », a-t-elle demandé.
La carotte ET le bâton
Sonia Baxendale a affirmé que les institutions financières sont disposées à financer la transition, mais que sans la garantie de politiques gouvernementales, ni elles ni les entreprises n’auront la volonté de le faire, d’autant plus que des voix s’élèvent au sein des banques pour se retirer tout simplement des secteurs où il est plus difficile de réduire les émissions de carbone sans attendre que des solutions de rechange viables soient mises en œuvre à grande échelle.
Plusieurs d’entre elles risquent plutôt d’attendre en faisant profil bas, alors même que les heures s’égrènent et que l’échéance se fait de plus en plus pressante pour parvenir à la carboneutralité.
« C’est la raison pour laquelle nous nouons ces partenariats, a-t-elle expliqué. Les décideurs publics et les gouvernements doivent soutenir le secteur privé dans l’atteinte de cet objectif. Il faudra manier la carotte ET le bâton, et comprendre que la transition sera douloureuse pour tout le monde. »
Par exemple, les règles de divulgation doivent être incitatives aux premiers stades de la transition, surtout si nous devons passer de la planification à l’action. Plus tard, elles pourront devenir punitives.
« Nous ferons nécessairement des erreurs en cours de route. Il nous faudra apprendre de ces erreurs et corriger le tir. Pour cela, il faudra multiplier les rencontres comme celle-ci, où les gens continueront de mettre leur influence et leur énergie au service du changement », a conclu Sonia Baxendale.
« Qu’il s’agisse de progrès, de revers, de choix difficiles ou de percées technologiques, l’histoire nous apprend que l’avenir n’est pas écrit, a rappelé Laurence Mussio, président du Long Run Institute et coprésident du symposium. Le premier pas consiste à comprendre de façon réaliste d’où nous venons, où nous en sommes et où nous allons. »
S’ajuster face aux changements climatiques : l’Institut pour le climat de BMO
Conseiller spécial du chef de la direction, BMO Groupe financier
À titre de conseiller spécial du chef de la direction, M. Fish prodigue des conseils sur l’élaboration et l’application de la strat…
À titre de conseiller spécial du chef de la direction, M. Fish prodigue des conseils sur l’élaboration et l’application de la strat…
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Nous avons les ingrédients voulus pour opérer la transition vers la carboneutralité d’ici 2050 au coût de 275 000 milliards de dollars, mais ils ne sont pas ajustés aux réalités de l’économie; tout le monde s’entend sur la nécessité d’agir, mais les acteurs économiques hésitent à se jeter dans le bain; les institutions financières sont prêtes à contribuer au financement de la transition, mais elles attendent encore le cadre politique et réglementaire solide qui garantira leur investissement à long terme.
Voilà quelques-uns des principaux points à retenir d’une des tables rondes accueillies par Son Honneur la lieutenante-gouverneure de l’Ontario Elizabeth Dowdeswell et organisées par l’Institut pour le climat de BMO et le Long Run Institute. Intitulée La transition énergétique au prisme de l’expérience d’hier, des réalités d’aujourd’hui et des impératifs de demain, la table ronde a porté sur certains des grands défis que doivent relever le Canada, dont l’économie dépend des ressources, et la planète dans son ensemble pour atténuer les répercussions physiques des changements climatiques et les crises qui vont en découler, des problèmes de sécurité énergétique à la migration massive de réfugiés climatiques.
Animée par David Walmsley, rédacteur en chef du Globe and Mail, cette table ronde s’inscrivait dans le cadre d’un symposium intimiste d’une journée sur la manière dont la convergence de facteurs allant des conflits géopolitiques à l’inflation alimente un débat sur l’équilibre entre durabilité et sécurité et la conciliation de la prospérité et des impacts sociaux. Lancées par les allocutions de William A. Downe, ancien chef de la direction de BMO Groupe financier, et Geoffrey G. Jones, professeur Isidor-Straus en histoire des affaires à l’Université Harvard, les discussions de la journée ont porté sur la façon de réussir la transition énergétique.
« Nous nous trouvons en quelque sorte à un moment charnière, à l’issue de deux ans et demi de bouleversements qui vont soit faire reculer l’action climatique, soit l’accélérer dans le sens d’une transition que nous espérons plus ordonnée », a rappelé Sonia Baxendale, présidente-directrice générale du Global Risk Institute, à un parterre de chefs d’entreprise et d’universitaires spécialisés dans des disciplines comme l’histoire, l’économie et la gestion de crise.
Les participants ont convenu que la transition climatique ne pourra progresser sans une reconnaissance de l’interconnectivité de la planète. Ce sera d’autant plus important que le monde tourne le dos aux systèmes mis en place pendant 30 ans de libre-échange et de mondialisation, et amorce une conversion vers une régionalisation de l’approvisionnement en biens et services.
« Nous assistons à un virage massif qui risque de faire disparaître l’ordre mondial en fonction duquel nous prenions la plupart de nos décisions, de sorte que nous devons commencer à penser différemment à la lumière du nouveau contexte », a précisé Sonia Baxendale.
« Le système énergétique mondial actuel n’est ni fiable, ni abordable, ni accessible, ni durable, a souligné d’emblée Simon Fish, président de l’Institut pour le climat de BMO. Ensemble, nous devons passer à un nouveau système qui assurera à la fois la stabilité climatique et une économie florissante et inclusive. »
Des compromis et des décisions difficiles
La collaboration mondiale nécessaire pour faire face aux changements climatiques est d’autant plus délicate qu’elle se heurte à la nature humaine, qui ne privilégie la bonté et l’altruisme que dans la mesure où les intérêts nationaux, perçus ou réels, ne sont pas compromis.
Cette caractéristique humaine entre déjà en jeu et explique les désaccords entre les pays développés et en développement, lesquels soupèsent la nécessité d’éviter les conséquences des changements climatiques ET d’assurer la sécurité énergétique et la croissance économique.
Par exemple, des universitaires prédisent l’avènement d’une « Amérique du Nord 2.0 » qui se concentrera sur l’énergie et la sécurité énergétique après avoir consacré les dernières décennies à devenir une zone de libre-échange.
« De même que l’ALENA portait sur les échanges commerciaux, l’Amérique du Nord 2.0 portera sur l’énergie », a affirmé Juliette Kayyem, professeure Belfer en sécurité internationale à l’Université Harvard, en soulignant que les différentes sociétés devront prendre des décisions difficiles sur le genre de monde qui sortira de la transition vers un troisième régime énergétique, avec l’abandon des combustibles fossiles adoptés au 19e siècle qui nous ont valu un siècle d’enrichissement et de prospérité au prix de la dégradation de l’environnement.
« Nous avons tendance à penser en termes mutuellement exclusifs, Or, en y réfléchissant bien, nous devons nous demander quel genre de société nous procurera la plus grande sécurité, a commenté la professeure Kayyem, qui se spécialise dans la gestion des catastrophes et l’atténuation des risques. Si c’était à refaire, nous chercherions à bâtir un système ne comportant aucun point de défaillance. »
En plus de leurs conséquences directes, les changements climatiques auront des effets secondaires et tertiaires tout aussi importants. À cet égard, Juliette Kayyem prédit que des millions de personnes risquent d’être déplacées au cours des prochaines années parce que certains coins du monde deviendront invivables. Pour gérer et atténuer ces migrations de « réfugiés climatiques », elle affirme qu’il faudra mettre en place un nouveau cadre juridique mondial pour installer ces populations dans des pays d’accueil et les aider à s’adapter, faute de quoi nous risquons des désordres sociaux et une propagation de la radicalisation.
Les pays riches devront aussi gérer les déplacements de populations à l’intérieur de leurs frontières, alors que la montée des eaux et d’autres événements climatiques forceront l’évacuation de terres basses urbanisées de longue date, en Californie par exemple. La professeure Kayyem appelle les gouvernements, l’entreprise privée et les investisseurs à se concerter pour faciliter la « retraite ordonnée » des populations des zones les plus vulnérables par des mesures incitatives comme une baisse des primes d’assurance habitation.
« Nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre la transition », a-t-elle insisté, notant que certaines régions habitables vont tout simplement disparaître en raison des changements climatiques. « Le bouleversement climatique que nous avons provoqué rend déjà des gens très vulnérables et très exposés aux dégâts environnementaux. »
Des politiques de soutien
Les participants ont convenu que même si les banques, le secteur des services financiers et l’entreprise privée peuvent fournir les capitaux et l’innovation nécessaires à la transition, ils ne peuvent être les initiateurs de ce changement, qui ne réussira que s’il repose sur une politique publique consensuelle.
« Puisqu’il faut convaincre les gens de passer à une forme d’énergie plus dispendieuse… ce changement ne s’opérera que s’il est encadré par des politiques gouvernementales », a affirmé Paul Rochon, ancien sous-ministre des Finances du Canada et conseiller de la direction de Deloitte Canada.
En quantifiant les défis qui nous attendent, Paul Rochon a établi un parallèle avec la dynamique de l’économie politique de l’économiste John Maynard Keynes, soulignant que les politiques gouvernementales actuelles ne sont pas conçues pour soutenir l’immense virage systémique qu’exigera la transition énergétique.
« La bonne nouvelle est que nous disposons des éléments voulus pour mettre en place le nouveau système, mais la mauvaise nouvelle est qu’ils ne sont pas tout à fait ajustés aux réalités économiques... le véhicule n’est pas brisé, mais l’alternateur est grillé », a-t-il indiqué, faisant allusion à la pièce du moteur automobile qui convertit l’énergie mécanique en énergie électrique.
Au Canada, où les trois quarts des émissions de 730 mégatonnes proviennent du secteur privé - pétrole et gaz, agriculture, industrie lourde, immeubles commerciaux et transport commercial - Paul Rochon a mentionné qu’il faudra un cadre politique clair pour stimuler l’innovation et l’investissement.
« Le Canada s’est doté d’une approche rationnelle, qu’il reste simplement à mettre en phase avec la structure de l’économie », a-t-il précisé, se disant encouragé par les déclarations gouvernementales récentes, comme les annonces de crédits d’impôt et l’engagement d’étudier des manières d’atténuer les risques liés aux investissements en garantissant le prix du carbone.
Le Canada a des défis qui lui sont propres. Ainsi, avec son économie fondée sur les produits de base, le pays produit bon nombre des ressources naturelles nécessaires pour assurer une transition durable, mais ce faisant, il émet des quantités particulièrement élevées de gaz à effet de serre.
Par ailleurs, étant l’un des plus grands producteurs agricoles du monde, le pays devra prendre des décisions sur l’utilisation des terres, vu l’étendue des territoires qu’exige la production d’énergies renouvelables comme l’énergie éolienne et l’énergie solaire, a souligné Ruth Sandwell, professeure d’histoire à l’Université de Toronto, à propos de la recherche de sources d’énergie pour remplacer les combustibles fossiles.
« Il s’agit de savoir comment remplacer l’immense quantité d’énergie dont nous avons besoin », a-t-elle indiqué, établissant un parallèle avec la durée et les conséquences imprévues – d’ordre social, politique et environnemental – des transitions antérieures, comme celle du bois au charbon au 19e siècle.
« Si nous optons pour l’éolien et le solaire, quelle superficie faudra-t-il y consacrer? Et quel sera l’effet d’affecter des terres à cette fin alors que nous devrons compter davantage sur la production alimentaire locale? », a-t-elle demandé.
La carotte ET le bâton
Sonia Baxendale a affirmé que les institutions financières sont disposées à financer la transition, mais que sans la garantie de politiques gouvernementales, ni elles ni les entreprises n’auront la volonté de le faire, d’autant plus que des voix s’élèvent au sein des banques pour se retirer tout simplement des secteurs où il est plus difficile de réduire les émissions de carbone sans attendre que des solutions de rechange viables soient mises en œuvre à grande échelle.
Plusieurs d’entre elles risquent plutôt d’attendre en faisant profil bas, alors même que les heures s’égrènent et que l’échéance se fait de plus en plus pressante pour parvenir à la carboneutralité.
« C’est la raison pour laquelle nous nouons ces partenariats, a-t-elle expliqué. Les décideurs publics et les gouvernements doivent soutenir le secteur privé dans l’atteinte de cet objectif. Il faudra manier la carotte ET le bâton, et comprendre que la transition sera douloureuse pour tout le monde. »
Par exemple, les règles de divulgation doivent être incitatives aux premiers stades de la transition, surtout si nous devons passer de la planification à l’action. Plus tard, elles pourront devenir punitives.
« Nous ferons nécessairement des erreurs en cours de route. Il nous faudra apprendre de ces erreurs et corriger le tir. Pour cela, il faudra multiplier les rencontres comme celle-ci, où les gens continueront de mettre leur influence et leur énergie au service du changement », a conclu Sonia Baxendale.
« Qu’il s’agisse de progrès, de revers, de choix difficiles ou de percées technologiques, l’histoire nous apprend que l’avenir n’est pas écrit, a rappelé Laurence Mussio, président du Long Run Institute et coprésident du symposium. Le premier pas consiste à comprendre de façon réaliste d’où nous venons, où nous en sommes et où nous allons. »
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Episode 13: Faire face à la COVID-19 en optant pour des solutions financières durables
Épisode 09 : Le pouvoir de la collaboration en matière d'investissement ESG
Épisode 08 : La tarification des risques climatiques, avec Bob Litterman
Épisode 07 : Mobiliser les marchés des capitaux en faveur d’une finance durable
Épisode 06 : L’investissement responsable – Tendances et pratiques exemplaires canadiennes
Épisode 04 : Divulgation de renseignements relatifs à la durabilité : Utiliser le modèle de SASB
Épisode 03 : Taxonomie verte: le plan d'action pour un financement durable de l'UE
Épisode 02 : Analyser les risques climatiques pour les marchés financiers