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Du caractère essentiel du financement pour doper les technologies d’élimination du carbone

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L’élimination du dioxyde de carbone est mentionnée dans l’Accord de Paris comme un outil important pour relever le défi climatique, mais le déploiement de ces technologies est moins rapide que ce qu’il faudrait pour limiter le réchauffement à un niveau bien inférieur à 2 °C.

Des scientifiques et ingénieurs de disciplines aussi diverses que la chimie des polymères, la physique des solides et les sciences océaniques travaillent sur de nouvelles technologies d’élimination du dioxyde de carbone. De l’injection de CO2 dans du béton liquide à la construction de ventilateurs géants alimentés par la chaleur géothermique, ces outils sont cruciaux, car il est difficile de décarboner entièrement certaines industries et nous avons pratiquement épuisé notre budget carbone.

Presque tous les scénarios visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, voire à 2 °C, s’appuient sur de nouveaux outils d’élimination du dioxyde de carbone. Même si ces derniers ne représentent actuellement qu’à peine 0,1 % des stratégies utilisées, cela équivaut à environ 200 millions de tonnes d’émissions de CO2. L’accélération de ces solutions contribuera à rapprocher le monde de l’objectif de carboneutralité.

BMO ayant pour ambition d’être le partenaire principal de ses clients dans la transition vers un monde carboneutre, elle aide les entreprises à comprendre l’ampleur que peut prendre le développement des technologies d’élimination du dioxyde de carbone ainsi qu’à lever le voile sur les occasions éventuelles. Il s’avère que le financement a un rôle important à jouer.

Le financement permet de faire face au coût élevé de l’élimination du carbone

Bon nombre de ces technologies ont dépassé le stade de la validation du concept. Il est maintenant vital de les appliquer plus largement.

En 2021, BMO a été la première banque à acheter à l’avance des unités d’élimination du carbone par la technologie de Carbon Engineering, ouvrant ainsi la voie à une vague d’entreprises prêtes à adopter la technologie de manière précoce pour faire avancer le marché de l’élimination du carbone. Carbon Engineering se concentre sur les technologies de capture atmosphérique directe (CAD), qui aspirent littéralement le carbone de l’atmosphère pour le stocker indéfiniment ou le transformer en autre chose.

Depuis l’investissement de BMO, le marché est en expansion constante. Le gouvernement américain injecte jusqu’à 1,2 milliard de dollars dans des plateformes de CAD au Texas et en Louisiane, qui centralisent les technologies et les ressources. Forte de l’appui de Warren Buffett, Occidental Petroleum a récemment consacré plus d’un milliard de dollars américains à Carbon Engineering.

En matière d’élimination du carbone, toutefois, le défi reste le coût, qui dépasse largement le prix de 100 dollars américains par tonne métrique, au-dessous duquel le département américain de l’Énergie estime que ces technologies deviendraient commercialement viables. Nombre de ces technologies pourraient fonctionner efficacement à partir d’une certaine échelle. Cependant, compte tenu des capitaux requis, essentiellement, les coûts de l’élimination du carbone sont à la fois élevés et variables.

La comparaison avec l’industrie de l’énergie solaire est instructive. Selon l’Agence internationale de l’énergie, en 2023, pour la toute première fois, les investissements annuels dans les projets solaires devraient dépasser ceux liés à la production de pétrole. Des outils financiers novateurs, comme les contrats d’achat et le financement de projet sans recours, ont nettement contribué à faire baisser le coût des systèmes solaires photovoltaïques et facilité leur progression. Rien qu’au cours de la dernière décennie, les prix des systèmes solaires à échelle industrielle ont chuté de plus de 80 %.

Le développement des technologies n’est certes pas totalement comparable dans les domaines de l’énergie solaire et de l’élimination du dioxyde de carbone – les investisseurs pouvaient, dès le départ, visualiser le potentiel commercial et résidentiel des panneaux solaires. Mais les leçons financières tirées du développement de l’énergie solaire peuvent éclairer notre démarche en vue d’accélérer le déploiement des technologies d’élimination du dioxyde de carbone à plus grande échelle.

De nouvelles solutions financières prévoyant des achats aideront le marché à prendre de l’ampleur

Pour développer de nouvelles technologies d’élimination du dioxyde de carbone à grande échelle, le marché a besoin des achats plus solides qu’exigent les services financiers pour appuyer de nouveaux projets.

C’est pourquoi, en 2022, BMO est devenue la première entreprise canadienne à adhérer au programme Catalyst de Breakthrough Energy (BEC), qui finance des sociétés de projets comme celles qui utilisent les nouvelles technologies d’élimination du dioxyde de carbone et investit dans de telles sociétés. Le programme, fondé par Bill Gates et qui compte parmi ses partenaires des entreprises mondiales de premier plan, fournit des capitaux à des conditions préférentielles pour des projets utilisant des technologies de réduction des émissions à un stade précoce.

Pour en faciliter la commercialisation et le développement, BMO apporte une contribution de 50 millions de dollars sur cinq ans, des capacités de financement de projets et son expertise en matière de transition énergétique. Les objectifs, comme le précise le programme BEC, sont d’accélérer l’adoption des technologies et de réduire les « primes vertes », soit le coût supplémentaire des solutions énergétiques propres par rapport à celles qui émettent des gaz à effet de serre.

L’obtention de capitaux à des conditions privilégiées n’est évidemment que l’une des approches novatrices. Vu la difficulté à atteindre la carboneutralité à l’échelle mondiale, il nous faudra de nombreuses solutions de financement prévoyant des achats et soutenir les entreprises nouvelles ou en démarrage qui déploient des outils d’élimination du dioxyde de carbone.

Le marché des technologies d’élimination du dioxyde de carbone aura également besoin de plus de sources de capital de croissance.

Les investissements dans le marché des technologies d’élimination du dioxyde de carbone doivent augmenter

De nombreux investisseurs en capital de risque sont conscients des possibilités offertes par les technologies d’élimination du dioxyde de carbone et actifs sur ce marché.

Toutefois, pour accélérer leur développement, il faudra sans doute aussi que les investisseurs de croissance entrent en jeu. En tant qu’investisseurs de croissance, nous sommes parfois conditionnés à voir le développement technologique comme une course, l’idée étant de surpondérer un gagnant donné au sein d’un portefeuille. J’entends parfois des investisseurs institutionnels dire qu’ils ont déjà misé sur les technologies d’élimination du dioxyde de carbone. Comme s’il s’agissait d’une technologie unique.

Mais nous devons penser un peu plus comme des investisseurs en capital de risque, qui misent généralement sur plusieurs technologies. À ce stade précoce, il est encore difficile de dire quelles technologies d’élimination du dioxyde de carbone l’emporteront. Il faut savoir que les États-Unis doivent à eux seuls éliminer environ deux gigatonnes de carbone par an d’ici à 2050 pour atteindre la carboneutralité. C’est un défi colossal, mais l’occasion l’est tout autant.

Selon les estimations de BloombergNEF, la valeur du marché de la capture atmosphérique directe, qui se situe actuellement à un peu plus d’un milliard de dollars, pourrait atteindre 150 milliards de dollars d’ici 2050. Le marché d’un autre groupe d’outils permettant de capturer les émissions au point de production devrait également connaître une forte expansion. Axées sur les industries où les émissions de gaz à effet de serre sont difficiles à réduire, comme celles de la pétrochimie et du ciment, les capacités dans le secteur du captage, de l’utilisation et du stockage du carbone devraient être multipliées par six d’ici à 2030.

Ainsi, de nombreuses entreprises peuvent se faire une place au soleil dans des domaines aussi divers que le biocharbon et la désacidification des océans. Les investisseurs de croissance peuvent participer à ce marché, sachant qu’il ne représente pas un résultat binaire comme la hausse ou la baisse du cours des actions, mais un ensemble croissant de solutions nécessaires pour parvenir à un monde à zéro émission nette.

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Jonathan Hackett Premier directeur général et chef, Finance durable, BMO Marchés des capitaux

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