Le financement vert du nucléaire : nouvelle frontière de la transition énergétique?
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Il y a environ un an, la société canadienne Bruce Power a émis la première obligation verte nucléaire du monde. La réussite de cette émission inédite, dont le produit était destiné à financer l’énergie nucléaire, a marqué un tournant dans la façon dont cette énergie peut être caractérisée et financée, créant un nouveau catalyseur du financement par titres de créance durables.
L’évaluateur tiers indépendant Cicero Shades of Green a validé le caractère écologique de ces obligations vertes de 500 millions de dollars CA, émises dans un cadre conçu pour orienter les futures émissions de telles obligations.
L’énergie nucléaire fait de plus en plus figure d’élément sans doute incontournable de toute solution permettant d’arriver à un monde carboneutre d’ici 2050. Certes, les risques posés par cette source d’énergie suscitent encore des interrogations, entourant notamment l’extraction de l’uranium, l’absence de consensus quant au stockage à long terme du combustible nucléaire usé et la possibilité d’accidents catastrophiques. Cependant, les partisans du nucléaire font valoir des avantages comme une forte production d’électricité de base à émissions quasi nulles, une emprise au sol limitée et un bilan de sécurité tout au long du cycle de vie qui n’a rien à envier aux autres solutions à faibles émissions de carbone, surtout du fait des progrès technologiques récents.
L’Association nucléaire mondiale (ANM) indique qu’environ 10 % de l’électricité du monde provient de quelque 440 centrales nucléaires, et que 50 autres centrales en cours de construction vont augmenter cette capacité d’environ 15 %. D’après un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur la production d’électricité nucléaire, 12 pays utilisaient cette forme d’énergie pour produire au moins 30 % de leur électricité en 2018 et d’autres États vont bientôt s’ajouter à la liste, puisque le Bangladesh, la Turquie et le Vietnam construisent de nouvelles centrales. Dans son scénario net zéro publié en 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit que la part du nucléaire dans la production énergétique totale passera de 5 % en 2020 à 11 % en 2050. Un sondage récent de Pew Research montre que l’énergie nucléaire devient plus acceptable, puisque la moitié des répondants se sont dit favorables à son développement en 2021, contre seulement 43 % en 2016.
Le succès de l’émission obligataire de Bruce Power, qui visait à obtenir un financement vert pour prolonger la durée de vie sécuritaire d’une centrale existante au lieu d’en construire une nouvelle, a témoigné éloquemment de l’acceptabilité grandissante du nucléaire sur le marché des titres de créance durables dans le contexte de la course vers la carboneutralité.
Cette émission a été sursouscrite six fois et achetée pour moitié par des investisseurs ESG. À peine neuf mois plus tard, Ontario Power Generation (OPG) a emboîté le pas en émettant pour 300 millions de dollars CA d’obligations nucléaires vertes à 10 ans, dont la demande a également été environ six fois supérieure à l’offre.
Ceci confirme un changement dans la façon de penser des investisseurs devant l’évolution du marché.
Depuis le financement de Bruce Power, le nucléaire suscite un engagement grandissant de la part des investisseurs, courtiers, organismes de réglementation et responsables des politiques énergétiques. L’intérêt pour cette source d’énergie gagne l’ensemble du marché et ce n’est qu’une question de temps avant qu’on observe un mouvement plus prononcé vers les instruments verts destinés à la financer.
L’inclusion des centrales nucléaires existantes et projetées, sous certaines conditions, dans la taxonomie de l’UE au titre de l’acte délégué complémentaire de juillet 2022 confirme également la reconnaissance de l’apport du nucléaire à la carboneutralité et de sa compatibilité avec les politiques énergétiques de nombreux pays.
Par exemple, en juillet, la société française d’électricité EDF, émettrice de longue date d’obligations vertes, a ajouté le nucléaire, y compris les nouvelles centrales, à son cadre révisé d’obligations vertes; en novembre, elle a annoncé un prêt vert destiné à financer des investissements dans le nucléaire. Ceci témoigne de l’acceptation croissante du caractère écologique de l’énergie nucléaire, même en Europe.
Le vert n’est pas noir ou blanc
On observe de plus en plus de signes du début d’un retour du balancier en faveur de l’énergie nucléaire, que les gouvernements inscrivent dans leurs stratégies de décarbonation aux États-Unis et au Canada. Tout récemment, la Banque de l’infrastructure du Canada s’est associée à OPG dans le cadre d’un engagement de 970 millions de dollars CA visant la création du premier petit réacteur modulaire (PRM) au pays. Au Royaume-Uni, le Future Nuclear Enabling Fund financera le développement de nouveaux projets d’énergie nucléaire. Le soutien aux centrales nucléaires augmente aussi dans plusieurs pays de l’Union européenne, mais tout n’est pas noir ou blanc.
L’urgence de la transition énergétique et de la lutte contre les changements climatiques a été renforcée par la guerre en Ukraine, qui a montré à quel point le marché mondial de l’énergie est interconnecté et mis en lumière la nécessité de disposer de sources d’énergie plus sûres, plus stables et plus abordables.
Par ailleurs, le débat autour du financement vert de l’énergie nucléaire évolue vers la conciliation entre les moyens à prendre pour parvenir à la carboneutralité, les données scientifiques, l’acceptabilité sociale de la technologie nucléaire et les différents points de vue des investisseurs ESG.
Une évaluation au cas par cas
Les émissions d’obligations nucléaires vertes de Bruce Power et OPG ont été validées par Cicero Shades of Green, organisme tiers indépendant qui évalue les déclarations environnementales accompagnant les titres de créance verts. Quatrième évaluateur d’obligations vertes en importance dans le monde, cette organisation s’appuie sur la compétence du Centre international de recherche sur l’environnement et le climat (CICERO).
Cicero a toutefois clairement signifié que le caractère écologique du financement de l’énergie nucléaire devait être étudié au cas par cas.
L’organisme a précisé que sa validation des obligations vertes de Bruce Power s’expliquait par les conditions particulières de cette émission et n’ouvrait pas la porte à l’approbation automatique de toutes les obligations nucléaires s’affirmant écologiques.
En juillet, l’Union européenne s’est entendue sur la reconnaissance du caractère vert de certaines activités nucléaires et gazières à partir de 2023, mais ce consensus n’a été obtenu qu’au terme d’une série de rapports confirmant la viabilité du nucléaire, y compris un rapport du Centre commun de recherche de l’UE qui concluait que cette technologie était durable et n’était pas plus nocive que les autres technologies déjà incluses dans la taxonomie, y compris le solaire et l’éolien.
Les PRM : prochaine frontière du financement vert?
Ces évolutions pourraient fort bien ouvrir la voie à l’adoption d’autres technologies nucléaires, comme les PRM (petits réacteurs modulaires), qui respectent l’exigence de la taxonomie de l’UE voulant que les projets de construction nucléaires fassent appel à la « meilleure technologie disponible ».
On affirme que les PRM sont plus sûrs, moins coûteux à construire et surtout plus polyvalents que leurs prédécesseurs, de sorte qu’ils peuvent être bâtis à des fins précises; cette technologie se prête à la production d’électricité et peut générer les températures extrêmes nécessaires à la production d’hydrogène propre, deux ressources dont la demande va s’envoler avec l’adoption des véhicules électriques et les progrès dans l’utilisation de l’hydrogène.
Les PRM pourraient être particulièrement pratiques dans les pays étendus, comme le Canada, puisqu’ils peuvent être fabriqués hors site puis assemblés dans une région éloignée. De fait, en mars dernier, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie a annoncé un investissement de 27,2 millions de dollars visant à appuyer Westinghouse Electric Canada Inc. dans l’obtention d’une licence pour son microréacteur eVinci. Autre signal important de l’intérêt croissant pour les nouvelles technologies nucléaires, la question des PRM a dominé les discussions lors de la conférence ministérielle internationale sur l’énergie nucléaire à Washington en octobre.
Par ailleurs, les sociétés de PRM sont de plus en plus convaincues que leur technologie va prendre de l’essor, notamment parce que plus d’investisseurs y voient une solution de remplacement viable. Ainsi, nos recherches internes sur le secteur privé montrent que les investissements dans le segment des PRM ont augmenté depuis trois ans et se concentrent dans un plus petit nombre d’émissions de plus grande envergure. Par exemple, depuis son introduction en bourse à titre de SAVS en mai, le fournisseur de technologie PRM NuScale Power Corporation a vu son action se négocier au-dessus du prix d’émission et surclasser les indices malgré le ralentissement général du marché, autre marque de l’intérêt grandissant des investisseurs pour le secteur nucléaire. Bien qu’à un stade précoce, ce compartiment du marché n’est pas négligeable, avec des investissements d’environ 6,4 milliards de dollars dans 26 sociétés de PRM et de technologie PRM dans le monde.
D’après le rapport sur le marché mondial de l’électricité nucléaire de 2021 de Research and Markets, la valeur totale de l’industrie nucléaire devrait grimper à 2 700 milliards de dollars en 2025, contre environ 2 070 milliards en 2021.
Pas de boule de cristal
Malgré des obstacles historiques et des divergences de vues parmi les participants du marché, il apparaît certain qu’une dynamique se dégage en faveur du financement vert de l’énergie nucléaire.
« Nous assistons à un virage à 180 degrés ou presque sur la question de l’inclusion de l’énergie nucléaire dans le financement durable », a souligné Alec Cheng, vice-président et contrôleur et directeur comptable d’OPG, dans un balado Sustainability Leaders de BMO quelques jours à peine après que l’Union européenne a décidé de qualifier l’énergie nucléaire d’investissement vert.
Alors que la lutte mondiale contre les changements climatiques se poursuit, les pressions vont monter en faveur des sources d’énergie durables et résilientes et de l’adoption du nucléaire comme énergie verte.
« Les gens se demandent où trouver à la fois sécurité, stabilité, fiabilité et résilience, et ils sont nombreux à se tourner vers le nucléaire », indique Jonathan Hackett, chef, Financement durable de BMO Marchés des capitaux et cochef du Groupe Transition énergétique de BMO.
Le financement vert du nucléaire : nouvelle frontière de la transition énergétique?
Directrice, Finance durable
Magali Gable a rejoint l’équipe de Finance durable de BMO au début de 2020. Elle dessert les clients de BMO dans les secteurs de l’&e…
Magali Gable a rejoint l’équipe de Finance durable de BMO au début de 2020. Elle dessert les clients de BMO dans les secteurs de l’&e…
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Il y a environ un an, la société canadienne Bruce Power a émis la première obligation verte nucléaire du monde. La réussite de cette émission inédite, dont le produit était destiné à financer l’énergie nucléaire, a marqué un tournant dans la façon dont cette énergie peut être caractérisée et financée, créant un nouveau catalyseur du financement par titres de créance durables.
L’évaluateur tiers indépendant Cicero Shades of Green a validé le caractère écologique de ces obligations vertes de 500 millions de dollars CA, émises dans un cadre conçu pour orienter les futures émissions de telles obligations.
L’énergie nucléaire fait de plus en plus figure d’élément sans doute incontournable de toute solution permettant d’arriver à un monde carboneutre d’ici 2050. Certes, les risques posés par cette source d’énergie suscitent encore des interrogations, entourant notamment l’extraction de l’uranium, l’absence de consensus quant au stockage à long terme du combustible nucléaire usé et la possibilité d’accidents catastrophiques. Cependant, les partisans du nucléaire font valoir des avantages comme une forte production d’électricité de base à émissions quasi nulles, une emprise au sol limitée et un bilan de sécurité tout au long du cycle de vie qui n’a rien à envier aux autres solutions à faibles émissions de carbone, surtout du fait des progrès technologiques récents.
L’Association nucléaire mondiale (ANM) indique qu’environ 10 % de l’électricité du monde provient de quelque 440 centrales nucléaires, et que 50 autres centrales en cours de construction vont augmenter cette capacité d’environ 15 %. D’après un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur la production d’électricité nucléaire, 12 pays utilisaient cette forme d’énergie pour produire au moins 30 % de leur électricité en 2018 et d’autres États vont bientôt s’ajouter à la liste, puisque le Bangladesh, la Turquie et le Vietnam construisent de nouvelles centrales. Dans son scénario net zéro publié en 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit que la part du nucléaire dans la production énergétique totale passera de 5 % en 2020 à 11 % en 2050. Un sondage récent de Pew Research montre que l’énergie nucléaire devient plus acceptable, puisque la moitié des répondants se sont dit favorables à son développement en 2021, contre seulement 43 % en 2016.
Le succès de l’émission obligataire de Bruce Power, qui visait à obtenir un financement vert pour prolonger la durée de vie sécuritaire d’une centrale existante au lieu d’en construire une nouvelle, a témoigné éloquemment de l’acceptabilité grandissante du nucléaire sur le marché des titres de créance durables dans le contexte de la course vers la carboneutralité.
Cette émission a été sursouscrite six fois et achetée pour moitié par des investisseurs ESG. À peine neuf mois plus tard, Ontario Power Generation (OPG) a emboîté le pas en émettant pour 300 millions de dollars CA d’obligations nucléaires vertes à 10 ans, dont la demande a également été environ six fois supérieure à l’offre.
Ceci confirme un changement dans la façon de penser des investisseurs devant l’évolution du marché.
Depuis le financement de Bruce Power, le nucléaire suscite un engagement grandissant de la part des investisseurs, courtiers, organismes de réglementation et responsables des politiques énergétiques. L’intérêt pour cette source d’énergie gagne l’ensemble du marché et ce n’est qu’une question de temps avant qu’on observe un mouvement plus prononcé vers les instruments verts destinés à la financer.
L’inclusion des centrales nucléaires existantes et projetées, sous certaines conditions, dans la taxonomie de l’UE au titre de l’acte délégué complémentaire de juillet 2022 confirme également la reconnaissance de l’apport du nucléaire à la carboneutralité et de sa compatibilité avec les politiques énergétiques de nombreux pays.
Par exemple, en juillet, la société française d’électricité EDF, émettrice de longue date d’obligations vertes, a ajouté le nucléaire, y compris les nouvelles centrales, à son cadre révisé d’obligations vertes; en novembre, elle a annoncé un prêt vert destiné à financer des investissements dans le nucléaire. Ceci témoigne de l’acceptation croissante du caractère écologique de l’énergie nucléaire, même en Europe.
Le vert n’est pas noir ou blanc
On observe de plus en plus de signes du début d’un retour du balancier en faveur de l’énergie nucléaire, que les gouvernements inscrivent dans leurs stratégies de décarbonation aux États-Unis et au Canada. Tout récemment, la Banque de l’infrastructure du Canada s’est associée à OPG dans le cadre d’un engagement de 970 millions de dollars CA visant la création du premier petit réacteur modulaire (PRM) au pays. Au Royaume-Uni, le Future Nuclear Enabling Fund financera le développement de nouveaux projets d’énergie nucléaire. Le soutien aux centrales nucléaires augmente aussi dans plusieurs pays de l’Union européenne, mais tout n’est pas noir ou blanc.
L’urgence de la transition énergétique et de la lutte contre les changements climatiques a été renforcée par la guerre en Ukraine, qui a montré à quel point le marché mondial de l’énergie est interconnecté et mis en lumière la nécessité de disposer de sources d’énergie plus sûres, plus stables et plus abordables.
Par ailleurs, le débat autour du financement vert de l’énergie nucléaire évolue vers la conciliation entre les moyens à prendre pour parvenir à la carboneutralité, les données scientifiques, l’acceptabilité sociale de la technologie nucléaire et les différents points de vue des investisseurs ESG.
Une évaluation au cas par cas
Les émissions d’obligations nucléaires vertes de Bruce Power et OPG ont été validées par Cicero Shades of Green, organisme tiers indépendant qui évalue les déclarations environnementales accompagnant les titres de créance verts. Quatrième évaluateur d’obligations vertes en importance dans le monde, cette organisation s’appuie sur la compétence du Centre international de recherche sur l’environnement et le climat (CICERO).
Cicero a toutefois clairement signifié que le caractère écologique du financement de l’énergie nucléaire devait être étudié au cas par cas.
L’organisme a précisé que sa validation des obligations vertes de Bruce Power s’expliquait par les conditions particulières de cette émission et n’ouvrait pas la porte à l’approbation automatique de toutes les obligations nucléaires s’affirmant écologiques.
En juillet, l’Union européenne s’est entendue sur la reconnaissance du caractère vert de certaines activités nucléaires et gazières à partir de 2023, mais ce consensus n’a été obtenu qu’au terme d’une série de rapports confirmant la viabilité du nucléaire, y compris un rapport du Centre commun de recherche de l’UE qui concluait que cette technologie était durable et n’était pas plus nocive que les autres technologies déjà incluses dans la taxonomie, y compris le solaire et l’éolien.
Les PRM : prochaine frontière du financement vert?
Ces évolutions pourraient fort bien ouvrir la voie à l’adoption d’autres technologies nucléaires, comme les PRM (petits réacteurs modulaires), qui respectent l’exigence de la taxonomie de l’UE voulant que les projets de construction nucléaires fassent appel à la « meilleure technologie disponible ».
On affirme que les PRM sont plus sûrs, moins coûteux à construire et surtout plus polyvalents que leurs prédécesseurs, de sorte qu’ils peuvent être bâtis à des fins précises; cette technologie se prête à la production d’électricité et peut générer les températures extrêmes nécessaires à la production d’hydrogène propre, deux ressources dont la demande va s’envoler avec l’adoption des véhicules électriques et les progrès dans l’utilisation de l’hydrogène.
Les PRM pourraient être particulièrement pratiques dans les pays étendus, comme le Canada, puisqu’ils peuvent être fabriqués hors site puis assemblés dans une région éloignée. De fait, en mars dernier, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie a annoncé un investissement de 27,2 millions de dollars visant à appuyer Westinghouse Electric Canada Inc. dans l’obtention d’une licence pour son microréacteur eVinci. Autre signal important de l’intérêt croissant pour les nouvelles technologies nucléaires, la question des PRM a dominé les discussions lors de la conférence ministérielle internationale sur l’énergie nucléaire à Washington en octobre.
Par ailleurs, les sociétés de PRM sont de plus en plus convaincues que leur technologie va prendre de l’essor, notamment parce que plus d’investisseurs y voient une solution de remplacement viable. Ainsi, nos recherches internes sur le secteur privé montrent que les investissements dans le segment des PRM ont augmenté depuis trois ans et se concentrent dans un plus petit nombre d’émissions de plus grande envergure. Par exemple, depuis son introduction en bourse à titre de SAVS en mai, le fournisseur de technologie PRM NuScale Power Corporation a vu son action se négocier au-dessus du prix d’émission et surclasser les indices malgré le ralentissement général du marché, autre marque de l’intérêt grandissant des investisseurs pour le secteur nucléaire. Bien qu’à un stade précoce, ce compartiment du marché n’est pas négligeable, avec des investissements d’environ 6,4 milliards de dollars dans 26 sociétés de PRM et de technologie PRM dans le monde.
D’après le rapport sur le marché mondial de l’électricité nucléaire de 2021 de Research and Markets, la valeur totale de l’industrie nucléaire devrait grimper à 2 700 milliards de dollars en 2025, contre environ 2 070 milliards en 2021.
Pas de boule de cristal
Malgré des obstacles historiques et des divergences de vues parmi les participants du marché, il apparaît certain qu’une dynamique se dégage en faveur du financement vert de l’énergie nucléaire.
« Nous assistons à un virage à 180 degrés ou presque sur la question de l’inclusion de l’énergie nucléaire dans le financement durable », a souligné Alec Cheng, vice-président et contrôleur et directeur comptable d’OPG, dans un balado Sustainability Leaders de BMO quelques jours à peine après que l’Union européenne a décidé de qualifier l’énergie nucléaire d’investissement vert.
Alors que la lutte mondiale contre les changements climatiques se poursuit, les pressions vont monter en faveur des sources d’énergie durables et résilientes et de l’adoption du nucléaire comme énergie verte.
« Les gens se demandent où trouver à la fois sécurité, stabilité, fiabilité et résilience, et ils sont nombreux à se tourner vers le nucléaire », indique Jonathan Hackett, chef, Financement durable de BMO Marchés des capitaux et cochef du Groupe Transition énergétique de BMO.
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Épisode 04 : Divulgation de renseignements relatifs à la durabilité : Utiliser le modèle de SASB
Épisode 03 : Taxonomie verte: le plan d'action pour un financement durable de l'UE
Épisode 02 : Analyser les risques climatiques pour les marchés financiers