Perspectives du financement à effet de levier pour 2024

D’après les premiers indicateurs, le financement à effet de levier pourrait connaître une excellente année en 2024, plusieurs signes attestant que le marché reprend de la vigueur.
Remarques sur une année de baisse
Les niveaux élevés de volatilité sur le marché du crédit tout au long de 2023, liés aux pressions inflationnistes, à la hausse des taux et aux tensions géopolitiques continues, ont limité le nombre d’émissions sur le marché primaire l’an dernier. Par conséquent, les nouvelles acquisitions par emprunt sont tombées à 43 milliards de dollars US, un creux de 13 ans. Le volume de fusions et d’acquisitions a également stagné, l’activité étant ressortie à environ 72 milliards de dollars US, son plus faible niveau depuis 20101.
Des perspectives prudemment optimistes
Étant donné l’amélioration des conditions du marché ces dernières semaines, nous avons des raisons d’être prudemment optimistes et de croire que ces creux de dix ans ne se répéteront pas en 2024. Nous observons déjà une légère reprise de l’activité, due essentiellement aux opérations de renégociation et de refinancement opportunistes.
Ce n’est pas le seul signe de rebond. L’activité de refinancement a augmenté pour atteindre environ 136 milliards de dollars US au 31 décembre 2023, le quatrième total le plus élevé de l’histoire, contre 102 milliards en 2022, les émetteurs s’étant concentrés sur la prolongation des échéances. Ce bond des opérations opportunistes suit la reprise vigoureuse du marché secondaire des prêts qui a débuté en novembre 2023, stimulée par le ralentissement de l’inflation et les attentes selon lesquelles la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) ferait volte-face et réduirait ses taux en 2024.
Même si les économistes et les négociateurs changent presque quotidiennement d’avis sur la rapidité et l’importance de ces baisses éventuelles, nous pensons que la Fed procédera à pas mesurés. Les économistes de BMO prévoient que les baisses de taux débuteront d’ici le début du deuxième semestre de 2024.
Amélioration prévue du contexte de financement
À mesure que les taux diminuent et que les écarts se resserrent, nous prévoyons que le contexte de financement s’améliorera sensiblement en 2024. Selon les Études économiques BMO, dès juillet, la Fed annoncera la première des trois réductions de 25 points de base (pb) prévue d’ici la fin de l’année.
Le taux de l’obligation du Trésor américain à 10 ans devrait continuer d’évoluer à la baisse tout au long de 2024, passant sous la barre actuelle des 4 % début janvier pour se fixer quelque part entre le milieu et le haut de la fourchette des 3 % d’ici la fin de l’année. On prévoit que le Secured Overnight Financing Rate diminuera de 70 pb au deuxième semestre de 2024, ce qui réduira les coûts d’emprunt liés aux instruments à taux variable2.
Wall Street projette un rebond en 2024, estimant que les volumes de prêts à terme B institutionnels et d’émissions d’obligations grimperont respectivement à 375 milliards et 225 milliards de dollars US, une hausse considérable en regard de la pénurie d’émissions survenue en 2022 et 2023. À l’approche des élections présidentielles de 2024, les émetteurs profiteront probablement de cette fenêtre précoce pour éviter la volatilité éventuelle liée à l’incertitude entourant les résultats des élections au deuxième semestre.
Dans l’ensemble, les conditions nécessaires à un rebond en 2024 devraient se renforcer à mesure que l’année avance. La seule question qui se pose réellement est celle de savoir qui saura profiter en premier de cette amélioration du marché.
1 PitchBook | LCD, US Credit Markets Quarterly Wrap, T4 2023.
2 Études économiques BMO, Scénario taux, 15 décembre 2023.