L’obésité, une maladie chronique
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Pour mieux comprendre les progrès de la médecine anti-obésité et la façon dont les traitements et les soins s’adaptent à cette nouvelle approche de l’obésité, BMO Marchés des capitaux a accueilli des fournisseurs, des leaders d’opinion clés, des patients, des gestionnaires de soins pharmacothérapeutiques et des dirigeants d’entreprises biopharmaceutiques à l’occasion du premier sommet de BMO sur l’obésité. Pour lancer le sommet, j’ai rencontré Katherine H. Saunders, docteure en médecine, spécialiste de l’obésité et cofondatrice d’Intellihealth. Voici un résumé de notre conversation
Il n’y a pas si longtemps, une grande partie du corps médical considérait l’obésité comme un problème de mode de vie. On disait à une personne obèse de manger moins et de bouger plus pour perdre du poids. Bien entendu, si perdre du poids était aussi simple que de modifier son mode de vie, 41,9 % des adultes américains ne souffriraient probablement pas d’obésité aujourd’hui. Cette idée, qui a dominé les traitements de l’obésité pendant des décennies, a conduit les patients à subir toutes sortes de préjugés et de stigmates liés au poids lorsqu’ils se faisaient soigner, surtout lorsque la personne reprenait inévitablement du poids.
En 2013, cependant, l’American Medical Association a voté en faveur de la classification de l’obésité en tant que maladie, la même année où l’American College of Cardiology, l’American Heart Association et l’Obesity Society ont publié des lignes directrices pour une prise en charge globale de l’obésité. Depuis, la compréhension des mécanismes biologiques de l’obésité par les scientifiques a véritablement évolué, entraînant un changement fondamental dans la manière dont les fournisseurs de soins de santé perçoivent et traitent la maladie.
De la prise de poids à la maladie chronique
Pour traiter l’obésité comme une maladie chronique, nous devons comprendre ce qui se passe dans le corps. Lorsqu’un patient prend du poids, l’inflammation autour d’une partie particulière du cerveau, l’hypothalamus, commence à augmenter. On appelle parfois l’hypothalamus, le centre de régulation énergétique du corps, car il est responsable du maintien de l’homéostasie, c’est-à-dire de la stabilité du système nerveux autonome (y compris le rythme cardiaque, la température corporelle et la faim).
Lorsqu’un patient prend du poids, l’inflammation autour de l’hypothalamus empêche certains signaux de retour (hormones) de passer. D’abord, ceux provenant de l’intestin qui indiquent la quantité de nourriture ingérée et, ensuite, ceux provenant des cellules adipeuses qui indiquent la quantité de graisse stockée par la personne. Il en résulte un dérèglement des voies hormonales qui fait qu’il est plus facile de rester affamé et plus difficile d’être rassasié.
Malheureusement, cela conduit de nombreuses personnes à l’échec lorsqu’elles essaient de perdre du poids, car il leur faut plus de nourriture pour se sentir rassasiées à un moment où elles doivent manger moins. Le fait de vivre dans un état de faim perpétuelle rend difficile le maintien d’un régime alimentaire. En outre, chaque fois qu’une personne reprend le poids qu’elle a perdu et essaie à nouveau de maigrir, ses voies hormonales déréglées s’aggravent et il est encore plus difficile pour elle de perdre du poids. Paradoxalement, la perte de poids facilite la prise de poids.
Traitement de la maladie
Comme toute autre maladie chronique, l’obésité est complexe et se manifeste différemment chez chaque patient. La bonne nouvelle, c’est que de plus en plus de fournisseurs de soins de santé reconnaissent qu’une maladie multifactorielle nécessite une réponse multiforme.
Au cours de la dernière décennie, nous avons pu observer l’émergence de plusieurs types de médicaments anti-obésité. Les premières versions de ces médicaments (comme la phentermine/topiramate et le bupropion/naltrexone) ont donné des résultats limités, les patients perdant en moyenne 5 à 10 % de leur poids corporel total. Cependant, le paysage a véritablement changé avec l’introduction des agonistes GLP-1 (abréviation de glucagon-like peptide-1).
Cette catégorie de médicaments imite les hormones que notre estomac libère lorsque nous sommes rassasiés. Les personnes qui en prennent ont moins faim, se sentent rassasiées plus rapidement et restent rassasiées plus longtemps. Le fait de se sentir enfin rassasié peut être un énorme soulagement pour toute personne qui a lutté pendant des années contre les signaux de faim de son corps.
Des médicaments plus récents, comme le tirzepatide et le semaglutide, sont encore plus prometteurs en tant que voies alternatives pour le traitement de l’obésité.
Idées fausses et avenir du traitement de l’obésité
Bien qu’il existe des effets secondaires potentiels à surveiller pour chaque type de médicament contre l’obésité, les articles parus dans les médias ont été largement exagérés ou n’ont pas été replacés dans leur contexte. Lorsqu’un patient prend l’un de ces médicaments sous la surveillance adéquate d’un médecin, nous commençons par des doses très faibles, nous cherchons les signes précurseurs d’effets secondaires et nous donnons des conseils médicaux en conséquence. Par exemple, un patient qui se sent nauséeux après avoir mangé un certain repas doit en informer son médecin et une discussion peut alors avoir lieu sur les aliments que le patient devrait peut-être éviter.
Plus fréquente encore est l’idée fausse selon laquelle ces médicaments constituent une approche unique que les patients pourront arrêter d’utiliser une fois qu’ils auront atteint le résultat souhaité. Comme nous l’avons déjà mentionné, l’obésité est une maladie chronique multifactorielle qui ne se résume pas à une perte de poids. Les patients doivent pouvoir compter sur une équipe de soignants qui ne se contentent pas de leur prescrire des médicaments, mais qui leur offrent aussi un large éventail de services de soutien. Le maintien de l’objectif de poids nécessite de la vigilance, et parfois des ajustements aux médicaments et au mode de vie.
En fin de compte, les fondements biologiques de l’obésité se sont cristallisés au cours de la dernière décennie et, bien que les préjugés et la discrimination liés au poids existent toujours dans le milieu médical, cette maladie est devenue traitable. Nous avons fait d’énormes progrès en matière de traitement, et cet aspect des soins médicaux est vital pour près de la moitié de la population à l’heure actuelle. Nous espérons que ces traitements seront plus largement disponibles et prescrits dans les années à venir, afin que cette maladie chronique puisse être mieux contrôlée.
L’obésité, une maladie chronique
Analyste, secteur biopharmaceutique
Evan Seigerman est directeur général et analyste de recherche principal à BMO Marchés des capitaux, où il couvre le secteur de la…
Evan Seigerman est directeur général et analyste de recherche principal à BMO Marchés des capitaux, où il couvre le secteur de la…
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Pour mieux comprendre les progrès de la médecine anti-obésité et la façon dont les traitements et les soins s’adaptent à cette nouvelle approche de l’obésité, BMO Marchés des capitaux a accueilli des fournisseurs, des leaders d’opinion clés, des patients, des gestionnaires de soins pharmacothérapeutiques et des dirigeants d’entreprises biopharmaceutiques à l’occasion du premier sommet de BMO sur l’obésité. Pour lancer le sommet, j’ai rencontré Katherine H. Saunders, docteure en médecine, spécialiste de l’obésité et cofondatrice d’Intellihealth. Voici un résumé de notre conversation
Il n’y a pas si longtemps, une grande partie du corps médical considérait l’obésité comme un problème de mode de vie. On disait à une personne obèse de manger moins et de bouger plus pour perdre du poids. Bien entendu, si perdre du poids était aussi simple que de modifier son mode de vie, 41,9 % des adultes américains ne souffriraient probablement pas d’obésité aujourd’hui. Cette idée, qui a dominé les traitements de l’obésité pendant des décennies, a conduit les patients à subir toutes sortes de préjugés et de stigmates liés au poids lorsqu’ils se faisaient soigner, surtout lorsque la personne reprenait inévitablement du poids.
En 2013, cependant, l’American Medical Association a voté en faveur de la classification de l’obésité en tant que maladie, la même année où l’American College of Cardiology, l’American Heart Association et l’Obesity Society ont publié des lignes directrices pour une prise en charge globale de l’obésité. Depuis, la compréhension des mécanismes biologiques de l’obésité par les scientifiques a véritablement évolué, entraînant un changement fondamental dans la manière dont les fournisseurs de soins de santé perçoivent et traitent la maladie.
De la prise de poids à la maladie chronique
Pour traiter l’obésité comme une maladie chronique, nous devons comprendre ce qui se passe dans le corps. Lorsqu’un patient prend du poids, l’inflammation autour d’une partie particulière du cerveau, l’hypothalamus, commence à augmenter. On appelle parfois l’hypothalamus, le centre de régulation énergétique du corps, car il est responsable du maintien de l’homéostasie, c’est-à-dire de la stabilité du système nerveux autonome (y compris le rythme cardiaque, la température corporelle et la faim).
Lorsqu’un patient prend du poids, l’inflammation autour de l’hypothalamus empêche certains signaux de retour (hormones) de passer. D’abord, ceux provenant de l’intestin qui indiquent la quantité de nourriture ingérée et, ensuite, ceux provenant des cellules adipeuses qui indiquent la quantité de graisse stockée par la personne. Il en résulte un dérèglement des voies hormonales qui fait qu’il est plus facile de rester affamé et plus difficile d’être rassasié.
Malheureusement, cela conduit de nombreuses personnes à l’échec lorsqu’elles essaient de perdre du poids, car il leur faut plus de nourriture pour se sentir rassasiées à un moment où elles doivent manger moins. Le fait de vivre dans un état de faim perpétuelle rend difficile le maintien d’un régime alimentaire. En outre, chaque fois qu’une personne reprend le poids qu’elle a perdu et essaie à nouveau de maigrir, ses voies hormonales déréglées s’aggravent et il est encore plus difficile pour elle de perdre du poids. Paradoxalement, la perte de poids facilite la prise de poids.
Traitement de la maladie
Comme toute autre maladie chronique, l’obésité est complexe et se manifeste différemment chez chaque patient. La bonne nouvelle, c’est que de plus en plus de fournisseurs de soins de santé reconnaissent qu’une maladie multifactorielle nécessite une réponse multiforme.
Au cours de la dernière décennie, nous avons pu observer l’émergence de plusieurs types de médicaments anti-obésité. Les premières versions de ces médicaments (comme la phentermine/topiramate et le bupropion/naltrexone) ont donné des résultats limités, les patients perdant en moyenne 5 à 10 % de leur poids corporel total. Cependant, le paysage a véritablement changé avec l’introduction des agonistes GLP-1 (abréviation de glucagon-like peptide-1).
Cette catégorie de médicaments imite les hormones que notre estomac libère lorsque nous sommes rassasiés. Les personnes qui en prennent ont moins faim, se sentent rassasiées plus rapidement et restent rassasiées plus longtemps. Le fait de se sentir enfin rassasié peut être un énorme soulagement pour toute personne qui a lutté pendant des années contre les signaux de faim de son corps.
Des médicaments plus récents, comme le tirzepatide et le semaglutide, sont encore plus prometteurs en tant que voies alternatives pour le traitement de l’obésité.
Idées fausses et avenir du traitement de l’obésité
Bien qu’il existe des effets secondaires potentiels à surveiller pour chaque type de médicament contre l’obésité, les articles parus dans les médias ont été largement exagérés ou n’ont pas été replacés dans leur contexte. Lorsqu’un patient prend l’un de ces médicaments sous la surveillance adéquate d’un médecin, nous commençons par des doses très faibles, nous cherchons les signes précurseurs d’effets secondaires et nous donnons des conseils médicaux en conséquence. Par exemple, un patient qui se sent nauséeux après avoir mangé un certain repas doit en informer son médecin et une discussion peut alors avoir lieu sur les aliments que le patient devrait peut-être éviter.
Plus fréquente encore est l’idée fausse selon laquelle ces médicaments constituent une approche unique que les patients pourront arrêter d’utiliser une fois qu’ils auront atteint le résultat souhaité. Comme nous l’avons déjà mentionné, l’obésité est une maladie chronique multifactorielle qui ne se résume pas à une perte de poids. Les patients doivent pouvoir compter sur une équipe de soignants qui ne se contentent pas de leur prescrire des médicaments, mais qui leur offrent aussi un large éventail de services de soutien. Le maintien de l’objectif de poids nécessite de la vigilance, et parfois des ajustements aux médicaments et au mode de vie.
En fin de compte, les fondements biologiques de l’obésité se sont cristallisés au cours de la dernière décennie et, bien que les préjugés et la discrimination liés au poids existent toujours dans le milieu médical, cette maladie est devenue traitable. Nous avons fait d’énormes progrès en matière de traitement, et cet aspect des soins médicaux est vital pour près de la moitié de la population à l’heure actuelle. Nous espérons que ces traitements seront plus largement disponibles et prescrits dans les années à venir, afin que cette maladie chronique puisse être mieux contrôlée.
BMO Obesity Summit
PARTIE 2
Le sommet inaugural de BMO sur l’obésité est axé sur les thérapies et la lutte contre une épidémie croissante
Evan David Seigerman 10 avril 2024
L’évolution du paysage thérapeutique de l’obésité et son potentiel à aider les gens à…
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