Inflation, taux d’intérêt et économie : que nous réserve l’avenir?

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Dans un contexte où les banques centrales s’interrogent sur d’autres hausses de taux d’intérêt afin de freiner l’inflation, qui a atteint son taux le plus élevé depuis quatre décennies, BMO a organisé son premier événement numérique Marchés Plus afin de faire la lumière sur l’évolution de la situation. Nos experts ont discuté de ce que l’avenir réserve aux ménages, aux entreprises, aux marchés et à l’économie, et pour déterminer si une récession est probable.




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Avis de non-responsabilité (Disponible en anglais seulement)




Participants :


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    Dan Barclay, Chef de la direction et chef de BMO Marchés des capitaux

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    Michael Gregory, CFA, Économiste en chef délégué et chef - Études économiques É.-U.

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    Margaret Kerins, CFA, Chef, Stratégie macroéconomique, Titres à revenu fixe

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    Brian Belski, Stratège en chef des investissements




Nous vous présentons ci-dessous un résumé de notre webconférence.


Confrontées à l’inflation la plus élevée des plus de 40 dernières années, les banques centrales ont donné un puissant tour de vis au cours des six derniers mois et ont ainsi annulé des années de relance budgétaire, et le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, prédit ouvertement des temps économiques difficiles.


C’est dans ce climat particulièrement incertain que BMO a tenu sa première webconférence Markets Plus à l’intention des clients, dans le but de faire le point sur l’évolution de la situation. La pandémie de COVID n’est toujours pas terminée et la guerre en Ukraine montre que toutes les régions du monde ne sont pas logées à la même enseigne en matière de sécurité énergétique. Dans ce contexte, nos spécialistes des marchés des capitaux ont tenté de répondre à certaines grandes questions : l’Amérique du Nord risque-t-elle de tomber en récession l’an prochain? Jusqu’où les banques centrales iront-elles pour lutter contre l’inflation? Et quand les marchés boursiers reprendront-ils le chemin de la hausse?


« L’heure est clairement à l’incertitude, je dirais même que c’est l’une des périodes les plus incertaines que j’aie connues depuis le début de ma carrière », indique d’entrée de jeu le chef de la direction de BMO Marchés des capitaux, Dan Barclay. Participaient également à cette conférence animée par M. Barclay l’économiste en chef délégué de BMO, Michael Gregory, la chef, Stratégie macroéconomique - Titres à revenu fixe de BMO, Margaret Kerins et le stratège en chef des investissements de BMO Marchés des capitaux, Brian Belski.


Économie : modeste récession en vue, au nord comme au sud


L’économiste en chef délégué de BMO, Michael Gregory, s’attend à une modeste récession en Amérique du Nord en 2023, compte tenu des fortes hausses de taux mises en œuvre par la Réserve fédérale américaine (la Fed) et par la Banque du Canada pour enrayer une inflation provoquée par les problèmes d’approvisionnement liés à la pandémie, par l’ampleur de la demande accumulée et par les mesures de relance monétaire et budgétaire mises en place depuis 2020.


« L’inflation de base est plus tenace que prévu », indique M. Gregory. « Les banques centrales un peu partout à travers le monde cherchent à annuler une partie de ces mesures de relance monétaire », ajoute-t-il. L’inflation générale commence à reculer, observe-t-il, mais elle est encore loin du niveau cible des banques centrales.


De nouvelles hausses de taux à prévoir


La Fed et la Banque du Canada ont toutes les deux relevé leurs taux du financement à un jour de 300 points de base depuis le mois de mars, et ce n’est probablement pas fini. Le Service des études économiques de BMO s’attend désormais à ce que le taux de la Fed grimpe jusqu’à 4,50%-4,75 % et à ce que celui de la Banque du Canada culmine à 4 %. La banque centrale canadienne sera probablement plus attentive aux répercussions des hausses de taux sur les ménages déjà très endettés, selon M. Gregory.


Mais l’impact sur l’économie sera majeur et se fera sentir dans de nombreux secteurs.


« Nous anticipons désormais un arrêt de la croissance des deux côtés de la frontière pour l’an prochain », indique-t-il. Il prévoit d’ailleurs une croissance négative du PIB au premier semestre de l’an prochain. Cette récession devrait toutefois être limitée et de courte durée, compte tenu de l’ampleur de l’épargne constituée par les ménages pendant la pandémie et du reliquat de demande accumulée, lesquels devraient contribuer à la mise en place d’une reprise au deuxième semestre de 2023.


Une inflation difficile à enrayer


M. Gregory s’attend à ce que le chômage grimpe à 5 % aux États-Unis et à environ 6,5 % au Canada. L’inflation ne devrait dans le même temps retomber qu’aux alentours de 3 %. Comme les banques centrales ont pu le constater dans les années 1970 et 1980, l’augmentation des prix devient difficile à enrayer une fois que les ententes salariales et la planification des entreprises cristallisent les anticipations inflationnistes au sein de l’économie.


Certains gouvernements pourront être tentés de mettre en œuvre des solutions novatrices pour limiter les effets de l’inflation et les risques de récession, mais, comme on a pu le constater au Royaume-Uni avec la mise en place d’un plan de baisses d’impôts, l’intervention des « justiciers du marché obligataire » limitera leur marge de manœuvre. Dans un contexte d’inflation et de resserrement monétaire, « la prodigalité budgétaire a tendance à être sanctionnée par une hausse des taux obligataires », souligne M. Gregory.


Récession sur le marché du logement


M. Gregory observe par ailleurs que le marché du logement fait office de « canari dans la mine » face à la détérioration de l’économie de ce côté-ci de l’Atlantique, et que les taux hypothécaires sont en hausse marquée et la demande en baisse.


« On peut dire que le marché du logement est de fait en récession », indique-t-il. Depuis le début de l’année, les prix des logements ont baissé d’environ 7 % au Canada. « Au total, ils accuseront probablement une diminution d’environ 20 % à l’échelle nationale », prévoit M. Gregory, qui anticipe également une baisse de 10 % à 15 % des prix des maisons aux États-Unis.


La bonne nouvelle, c’est, qu’une fois que les taux directeurs repartiront à la baisse (ce qui ne devrait pas se produire avant 2024, selon ses prévisions), le logement devrait redevenir plus abordable dans tout le Canada.


Taux : la Fed prête à tout


La chef, Stratégie macroéconomique - Titres à revenu fixe de BMO, Margaret Kerins, observe que la Fed a clairement indiqué qu’elle était prête à faire tout ce qu’il faudra pour reprendre le contrôle de l’inflation; il n’est donc pas exclu qu’elle maintienne les taux à un niveau élevé trop longtemps.


« De la même manière qu’elle a attendu trop longtemps avant d’augmenter les taux, elle risque maintenant de se retrouver avec un ralentissement économique supérieur à ce qu’elle recherche », estime Mme Kerins, qui observe que la Fed veut être certaine d’avoir maîtrisé l’inflation. « La Fed s’est montrée très claire : elle veut maintenir les taux en territoire restrictif – pas seulement restrictif, mais résolument restrictif – aussi longtemps qu’il le faudra pour enrayer l’inflation et la ramener à 2 %. »


Une fois que les taux auront atteint le niveau qui lui paraîtra optimal, probablement au début de l’an prochain, la Fed attendra que les hausses de taux se répercutent dans toute l’économie avant de se prononcer sur leur efficacité à ramener l’inflation au niveau cible de 2 %.


« Il faudra du temps pour évaluer l’impact de ces énormes hausses de taux sur l’inflation », estime-t-elle. « Autrement dit, les hausses de taux d’aujourd’hui permettront de lutter contre l’inflation de demain, et il faudra donc attendre que les statistiques économiques de demain soient publiées pour savoir si le taux des fonds fédéraux a atteint un niveau suffisant pour contenir l’inflation. »


Mme Kerins observe que les taux ont rapidement augmenté sur les marchés obligataires américains en réaction à l’orientation résolument restrictive de la Fed et que, ce qui préoccupe maintenant les investisseurs, c’est de savoir jusqu’où les taux à deux ans risquent d’augmenter dans le contexte actuel. À mesure que l’économie continue à ralentir, l’entêtement de la Fed à augmenter les taux risque selon elle de se traduire par une prime sur les placements à risque élevé et d’empêcher les taux à deux ans de retomber.


Elle estime que les taux à 10 ans risquent eux aussi de réagir et de passer de 4 % actuellement à près de 3 % à mesure que l’économie ralentira.


« Le marché n’intégrera pas d’assouplissement significatif de l’orientation de la Fed avant un certain temps l’an prochain », estime Mme Kerins.


Les marchés boursiers prêts à repartir de l’avant


Le stratège en chef des investissements de BMO Marchés des capitaux, Brian Belski, estime que, malgré la conjoncture économique, les marchés boursiers nord-américains devraient se redresser sous l’effet de la vigueur des résultats financiers des entreprises, dont la plupart s’en sortent exceptionnellement bien à l’heure actuelle, observe-t-il.


« Je suis dans le domaine depuis 33 ans. Je n’avais jamais vu de flux de trésorerie aussi importants et de bénéfices aussi stables chez les entreprises cotées, toutes capitalisations confondues », explique-t-il.


Il ressort par ailleurs de ses échanges avec des PME privées situées un peu partout dans le pays que la plupart sont optimistes face à l’avenir.


« Qu’est-ce que ça me dit? J’en conclus que les marchés américains et canadiens restent fondamentalement très solides », indique-t-il.


Retour à la normale


Bien que les valorisations aient beaucoup baissé au cours de la dernière année, M. Belski anticipe un retour à la normale d’ici trois à cinq ans. Après l’année en cours, qu’il qualifie de « choc électrique », les marchés devraient commencer à se stabiliser. Il constate que les anticipations inflationnistes sur 12 mois commencent déjà à baisser rapidement et estime, dans la mesure où le marché boursier précède généralement l’évolution des bénéfices, laquelle précède l’évolution de la croissance du PIB, que le repli économique touche peut-être à sa fin.


« Le marché boursier a déjà reculé de 25 % et la courbe des taux obligataires a commencé à s’inverser; nous allons donc avoir une récession au premier semestre », indique-t-il. « Mais elle est déjà intégrée aux cours. À court terme, le marché boursier a une fonction de prédiction et il a selon nous formidablement bien fait son travail. »


Forte reprise en vue


Si la stabilisation du marché se confirme, cela signifie qu’il pourrait bientôt repartir de l’avant. Et lorsque ce redressement se produira (probablement au quatrième trimestre), il sera significatif. M. Belski observe que les clients sont plus pessimistes qu’ils ne l’étaient en 2008, et même plus qu’en 2000, au paroxysme de la bulle technologique. Pourtant, beaucoup ont d’importantes quantités d’argent à investir et s’attendent de plus en plus à ce que les taux et l’inflation retombent sous l’effet de la récession.


« La reprise approche, parce que les portefeuilles de la plupart de nos clients ne sont pas structurés en fonction d’un changement à la hausse », indique-t-il. « Nous pensons donc qu’un rebond se produira au quatrième trimestre et qu’il sera majeur, j’irai même jusqu’à dire d’une ampleur sans précédent. Les actionnaires ont soif d’actions et de rendements positifs, surtout à la lumière des perspectives de baisse des taux pour l’an prochain ».


Stabilité canadienne, solidité américaine


Cela dit, le moment est bien choisi pour être sur le marché, estime M. Belski, surtout dans les actions nord-américaines. M. Belski, dont les prévisions pour les actions des marchés émergents et d’Europe sont négatives depuis une dizaine d’années, s’attend à ce que les investisseurs en quête de stabilité se rabattent sur les actions canadiennes et américaines, notamment sur celles des services de communication, de la santé, des services financiers et de certains segments du secteur de l’énergie. « C’est l’attrait de la stabilité canadienne et de la solidité américaine », explique-t-il.


En termes de stratégie de placement, M. Belski s’attend à ce que les entreprises exposées à la fois à la croissance et à la valeur donnent de bons résultats. « Je recommande de s’intéresser aux actions de croissance de l’indice de valeur et aux actions de croissance sous-évaluées de l’indice de croissance », explique-t-il.


Outre leurs bénéfices et leurs flux de trésorerie élevés, de nombreuses entreprises affichent de faibles ratios d’endettement (« du jamais-vu au cours de mes 30 ans de carrière », précise-t-il), ce qui ne fait qu’ajouter à son optimisme. « Au cours des prochaines années, nous allons assister à une normalisation des taux, des rendements boursiers et du PIB ».


* Disponible en anglais seulement


Additional Resources:



For more economic insight, visit BMO Economics.


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Dan Barclay
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