Que signifie la victoire de Donald Trump pour l’économie?

Que signifie la victoire de Donald Trump pour l’économie?

L’élection présidentielle américaine de 2024 a été une course serrée, jusqu’à ce que ce ne soit plus le cas. Donald Trump s’est appuyé sur divers thèmes qui ont interpellé les électeurs, en particulier en ce qui a trait à l’économie, et devrait maintenant obtenir un deuxième mandat à la Maison-Blanche. Les républicains ont également pris le contrôle d’au moins une chambre du Congrès.

Les marchés boursiers ont bondi à la suite des résultats définitifs des élections, mais les investisseurs évaluent toujours l’incidence que le nouveau contexte politique de Washington aura sur l’économie et les marchés. Pour éclaircir cette question, BMO a organisé l’événement Les effets de l’élection : que se passera-t-il sur les plans économique, des marchés et des taux d’intérêt?, une table ronde où ont participé :

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    Camilla Sutton, première directrice générale et chef, Recherche sur les actions, Canada et Royaume-Uni (modératrice)

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    Doug Porter, premier directeur général et économiste en chef

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    Brian Belski, stratège en chef

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    Ian Lyngen, directeur général et chef, Stratégie de taux des titres en dollars US



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Voici quelques faits saillants de cette table ronde.

Forte réaction du marché


« La forte réaction initiale du marché à la victoire du président élu Trump donne des indices sur ce que les marchés prévoient pour l’année prochaine, a expliqué Doug Porter. Fondamentalement, nous entrevoyons un certain risque de hausse de la croissance et de l’inflation, une légère vigueur du dollar américain et un assouplissement de la politique monétaire par la Réserve fédérale (la Fed) peut-être plus faible que ce qui aurait été le cas autrement », a-t-il déclaré.


M. Porter a expliqué qu’une autre raison qui explique la réaction positive immédiate du marché est le fait que, selon lui, la réforme fiscale de 2017 sera prolongée et que la nouvelle administration mettra probablement en place une réglementation plus légère. Il a ajouté que le secteur financier en profiterait particulièrement.


Lorsque Donald Trump entrera en fonction en janvier, il héritera d’une économie fondamentalement robuste, dont la croissance du PIB a oscillé autour de 3 % au cours de la dernière année, ce qui est supérieur à la moyenne à long terme et aux estimations consensuelles. Par ailleurs, l’inflation est proche de la fourchette cible de la Fed, tandis que le taux de chômage s’établit à un solide 4,1 %.


La seule réaction négative aux résultats des élections a été sur le marché obligataire, où les taux ont augmenté, selon M. Porter, qui a aussi mentionné que le déficit budgétaire de 1 800 milliards de dollars pourrait également peser sur ce marché.


Tarifs douaniers et impôts


Les impôts et les tarifs douaniers ont joué un rôle clé dans le succès de la campagne de M. Trump. Quoi qu’il en soit, tous s’entendaient pour dire que les beaux discours de la campagne électorale pourraient être très différents de la réalité des politiques qui émergeront au cours des prochaines années. M. Porter s’attend à ce que la prochaine administration Trump réduise les impôts tout en mettant l’accent sur les tarifs.


Même si des tarifs douaniers de 10 % sur toutes les importations, soit un chiffre que M. Trump a proposé pendant la campagne, représentent un pourcentage important, M. Porter et M. Lyngen sont d’avis que les tarifs ne provoqueraient pas une inflation galopante. Une flambée de l’inflation dépendrait de la réaction des pays. Ils ont également mentionné qu’un dollar américain plus vigoureux pourrait compenser certains des effets inflationnistes.


« Les tarifs douaniers ne sont pas nécessairement synonymes de relance, a déclaré M. Lyngen. En fait, ils pourraient nuire davantage à la croissance mondiale. » À son avis, la politique d’immigration de Trump pourrait avoir des répercussions plus vastes sur l’économie américaine, car les employeurs ont de la difficulté à pourvoir les postes vacants.


Même si M. Trump a souvent mentionné que les tarifs douaniers sont une caractéristique clé de sa politique commerciale, M. Porter s’attend à ce que ses efforts soient principalement axés sur la Chine. « Je ne prends pas à la légère les menaces de fortes hausses des tarifs douaniers à l’égard de la Chine, a-t-il dit. Je ne pense pas que nous verrons des tarifs douaniers de 60 %, mais je ne serais pas du tout surpris si nous envisageons une hausse importante des tarifs douaniers imposés à la Chine dans les années à venir. »


La Fed et la Banque du Canada


M. Lyngen s’attend à ce que la Fed abaisse de nouveau les taux en décembre, puis à ce qu’elle procède à des réductions trimestrielles de 25 points de base en 2025.


Néanmoins, le résultat des élections pourrait mener à un retour plus lent à la normale ou une pause plus longue de la Fed de deux façons, a expliqué M. Lyngen. Une façon d’y arriver consisterait à instaurer d’importants tarifs douaniers et des réformes budgétaires, même si M. Lyngen estime que cette voie est improbable. Dans l’autre scénario, le marché boursier continuerait de se redresser, ce qui pourrait sembler importun pour les autorités monétaires, car cela pourrait restreindre leurs options et créer des bulles spéculatives, a-t-il précisé.


Même si la Banque du Canada (BdC) ne s’inquiète pas d’un écart avec la Fed en ce qui a trait à la politique monétaire ni des effets à court terme sur le dollar, Brian Belski a fait remarquer que cela pourrait changer si les risques de hausse de la croissance et de l’inflation aux États-Unis amènent la Fed à être plus prudente dans son cycle de réduction des taux.


Bien que M. Porter soit d’accord avec l’évaluation de M. Belski, il a mentionné que BMO maintient son point de vue selon lequel la BdC est en voie de procéder à une série de réductions de 25 pdb, ce qui devrait ultimement faire baisser le taux du financement à un jour à 2,5 % d’ici le milieu de 2025. « Fondamentalement, c’est l’une des raisons pour lesquelles le dollar canadien a été sous pression. »


Incidence sur le marché

Malgré la réaction du marché à l’élection, M. Porter et M. Belski ont minimisé l’incidence qu’ont les politiciens sur l’économie. « Au bout du compte, les politiciens ne stimulent pas l’économie, a déclaré M. Porter. Essentiellement, ce sont les 100 millions d’Américains qui se lèvent chaque jour pour travailler et les plus de 20 millions de Canadiens qui, finalement, font tourner l’économie. Ce n’est pas le contexte politique. »


« Si les marchés ont été si vigoureux, c’est uniquement en raison des données fondamentales, a déclaré M. Belski. Au cours de mes 35 ans de carrière, je n’ai jamais vu certains secteurs du marché sembler aussi solides en ce qui concerne la compréhension de l’état des bénéfices, la solidité du bilan, les ratios emprunts/capitaux propres, les résultats d’exploitation et des choses comme le rendement des capitaux propres ainsi que le rendement de l’actif. »


Dans ce contexte, M. Belski a déclaré que son équipe demeure très optimiste à l’égard des États-Unis et, par extension, du Canada. « Les États-Unis ont toujours une incidence sur le Canada », a-t-il expliqué. À l’heure actuelle, M. Belski a indiqué que l’indice S&P 500 et l’indice S&P/TSX sont en voie d’atteindre leurs cibles de 6 100 et de 25 000, respectivement.


« Le Canada est véritablement un marché propice à la sélection de titres, a-t-il dit. Si l’on exclut les 60 plus grandes sociétés au Canada, le Canada est en fait un indice de sociétés à moyenne capitalisation. »


De façon plus générale, compte tenu de la baisse des taux d’intérêt et du ralentissement de la croissance, M. Belski espère que les investisseurs connaîtront moins de jours de fluctuations intenses sur les marchés.


Pour ceux qui s’inquiètent de ce que les élections signifient pour leur portefeuille, M. Belski a indiqué qu’il fallait se concentrer sur les faits, et non sur ce que les experts disent dans les nouvelles. « Il ne faut jamais investir en raison des rumeurs ou des émotions; il faut plutôt investir en se basant sur les faits », a-t-il déclaré.


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BMO
Brian Belski

Brian Belski

Stratège en chef des investissements

Ian Lyngen

Ian Lyngen, CFA

Directeur général et chef, Stratégie de taux des titres en dollars US