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Systèmes alimentaires durables : Tendances et occasions

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Dans cet épisode de Sustainability Leaders, George Sutherland, conseiller principal à l’Institut pour le climat de BMO, s’est entretenu avec John Simpson, président du conseil, propriétaire et chef de la direction de CANA Group of Companies et fondateur du Simpson Centre, et Guillaume Lhermie, directeur du Simpson Centre et professeur agrégé à l’Université de Calgary pour discuter des tendances et des occasions dans le domaine des systèmes alimentaires durables.  

Écoutez notre épisode d’environ 27 minutes. 


Le balado Sustainability Leaders est accessible en direct sur tous les principaux réseaux, y compri Apple et Spotify

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John Simpson :                  En Alberta, aujourd’hui, nous sommes reconnus comme le groupe de référence pour traiter les problèmes fondés sur les faits et générer des solutions vérifiées. Ainsi, nous allons de l’avant avec une politique qui ne repose pas sur des opinions, mais sur des faits.

Michael Torrance :           Bienvenue au balado Leaders et durabilité. Je m’appelle Michael Torrance et je suis chef de la durabilité à BMO.

                                                Dans cet épisode, nous nous entretiendrons avec des professionnels de la durabilité de premier plan issus du milieu universitaire, des affaires, de l’investissement et des ONG afin d’explorer l’incidence du domaine de la durabilité en évolution rapide sur les pratiques d’affaires en matière de placement à l’échelle mondiale et sur notre monde.

Intervenant 3 :                   Les opinions exprimées dans ce balado sont celles des participants et non celles de la Banque de Montréal, de ses sociétés affiliées ou de ses filiales.

George Sutherland :        Bonjour. Je m’appelle George Sutherland et je suis conseiller principal à l’Institut pour le climat de BMO. Dans l’épisode d’aujourd’hui du balado Leaders et durabilité, nous parlerons des tendances et des occasions liées aux systèmes alimentaires durables.

                                                Pour m’aider à décortiquer ce sujet, je suis accompagné de John Simpson, président et chef de la direction du groupe de sociétés CANA, propriétaire de Simpson Ranching, une importante exploitation agricole dans l’ouest du Canada, et fondateur du Simpson Centre for Food and Agriculture Policy, ainsi que de Guillaume Lhermie, directeur du Simpson Centre et professeur agrégé à l’Université de Calgary.

                                                Je vous remercie tous les deux de vous joindre à moi aujourd’hui.

John Simpson :                  Bonjour.

George Sutherland :        Pour commencer, pouvez-vous donner à nos auditeurs un aperçu du Simpson Centre?

John Simpson :                  Le Simpson Centre a des racines profondes. Notre famille, la famille Simpson, a commencé son parcours en agriculture il y a 70 ans, et nous avons été reconnus comme des leaders dans ce domaine tout au long de cette période. Lorsque nous avons commencé, il y a 70 ans, il n’y avait ni règles ni objectifs. Il n’y avait que des vaches, des veaux et des terres. Et quel changement!

                                                Dans le monde d’aujourd’hui, nous utilisons la technologie, l’ADN et toutes les technologies disponibles pour améliorer nos activités liées au bétail, aux céréales et à l’utilisation des terres. La durabilité est essentielle à notre stratégie à long terme, car si vous ne prenez pas soin de vos terres, vous n’avez aucune chance de survivre. Je vois le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire comme la dernière frontière pour une amélioration importante des pratiques et de la mise en œuvre opérationnelle pour le monde.

                                                L’objectif du Simpson Centre est d’être un carrefour de collaboration qui favorise la recherche appliquée sur les politiques et qui apporte des renseignements pour le dialogue avec le public et les parties prenantes au sujet des enjeux liés à l’agroalimentaire et à l’agriculture. Le centre met l’accent sur la confiance du public, la croissance future du secteur, les objectifs, et la recherche factuelle sur ces enjeux. Comme il est largement reconnu qu’un leadership est nécessaire en matière de politique agroalimentaire au Canada, le centre élabore des stratégies de collaboration, des politiques qui feront progresser la position et les défis uniques du Canada, des solutions vérifiées fondées sur des données scientifiques, en plus de faire de l’éducation et de l’agriculture. Notre partenariat avec BMO constitue un pas important vers l’avenir du secteur agricole et agroalimentaire.

George Sutherland :        Comme les programmes de littératie agricole sont l’une de vos priorités au Simpson Centre, pouvez-vous nous faire part de vos réflexions sur l’importance d’acquérir des connaissances pratiques sur les processus agricoles?

Guillaume Lhermie :        Alors, George, la première chose à faire serait de rappeler ce qu’est la littératie agricole. Il s’agit de comprendre la façon dont sont produits les aliments et les produits agricoles, puis leur incidence sur nos vies en tant que citoyens et consommateurs. Cela signifie qu’il faut d’abord savoir d’où proviennent les aliments et comment ils sont cultivés, et aussi connaître le rôle des agriculteurs et des éleveurs en tant que gardiens de la terre, dans une certaine mesure. Les gens qui ont ces connaissances, du moins c’est ce que nous croyons, comprendront mieux l’éventail des techniques agricoles, de même que les pratiques durables et ils pourront en prendre la mesure. Notre objectif, au centre, est donc de sensibiliser les gens aux compromis qui ont lieu dans le système alimentaire.

                                                Pourquoi voulons-nous faire cela? Eh bien, parce que nous croyons que plus les consommateurs seront informés, plus ils feront de bons choix lorsqu’ils rempliront leur réfrigérateur, en premier lieu, mais aussi lorsqu’ils voteront pour leurs représentants dans les chambres élues, en fait. Et nous savons que la population urbaine est en croissance et qu’elle s’est éloignée de ses racines rurales. Cela crée donc un terrain fertile pour la désinformation en ce qui a trait à la production alimentaire. Nous voulons donc redonner aux citoyens les moyens d’agir et favoriser ce que nous appelons la citoyenneté agricole et alimentaire.

George Sutherland :        Sur un plan plus large, pouvez-vous parler de l’importance du secteur agricole du Canada dans l’économie mondiale et aussi pour une économie canadienne florissante?

John Simpson :                  On dirait que les Canadiens ne sont pas conscients des occasions que l’agriculture peut apporter à l’augmentation de notre produit intérieur brut (PIB), et que la possibilité de cultiver davantage de produits de base au Canada est sous nos pieds. Notre environnement géographique nous permet de produire plus. Je crois que l’agriculture peut être la deuxième industrie en importance au pays et qu’elle peut probablement stabiliser le PIB, au lieu des fortes fluctuations que le Canada semble connaître en raison des hauts et des bas du secteur de l’énergie et du domaine manufacturier.

                                                L’agriculture n’est donc pas bien comprise par le gouvernement fédéral quant à ce qu’elle peut faire pour notre pays, et c’est en partie la faute de l’industrie, car elle est tellement segmentée et composée de divers groupes de pression qui s’occupent uniquement de leurs propres petits problèmes. C’est en partie pourquoi nous avons mis sur pied le Simpson Centre afin d’essayer de mettre sur pied un groupe de coordination disposant de renseignements vérifiés fondés sur les faits à communiquer au gouvernement pour essayer d’améliorer le secteur.

Guillaume Lhermie :        Si je peux ajouter un élément à propos des défis à intégrer à la discussion sur les politiques et à la discussion avec les citoyens, c’est que nous savons qu’il y a un surplus d’information et que nous devrons y trouver les renseignements pertinents. Notre approche consistera donc à fournir des renseignements transparents et à présenter chaque version des histoires. Nous n’avons pas le mandat de représenter un produit de base ou un secteur en particulier, mais nous nous battons, je dirais qu’il s’agit d’une lutte, pour une agriculture plus durable, de manière générale. Ce que nous voulons faire avec ce programme sur la littératie agricole, plutôt que de mettre de l’avant ce qu’est la vérité, c’est vraiment aider les gens à s’y retrouver afin qu’ils puissent se faire une idée. Nous suivons donc une approche appelée « cartographie des controverses ». Je crois que vous comprenez qu’il s’agit de choisir une destination pour chaque consommateur, et de lui fournir une trousse, une boussole et une carte; mais nous donnerons aux gens les moyens de choisir leur destination.

George Sutherland :        Guillaume, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce que représentent la boussole et la carte?

Guillaume Lhermie :        Bien sûr. Par le passé, on poussait le contenu au sein de la population, en croyant que les gens manquaient d’information et de connaissances, ou peut-être même de curiosité. Mais en fait, notre approche consiste à dire qu’ils sont curieux. Les gens veulent participer. Alors plutôt que de pousser le contenu, nous voulons simplement leur donner le pouvoir d’agir. Nous leur fournissons le discours et nous les aidons simplement à se faire une idée.

                                                Et, essentiellement, quels sont les compromis en agriculture? Je prends souvent l’exemple du compromis entre les OGM et les pesticides. En fait, il est difficile de cultiver des aliments entièrement biologiques sans pesticides, du moins selon les pratiques actuelles. Alors, que voulons-nous? Bien entendu, la question est de savoir comment nous assurer qu’il y a des aliments abordables, ce qui est une question relevant de la sécurité alimentaire. C’est donc ce que nous voulons montrer aux gens. Par la suite, les gens diront : « En fait, je suis plus à l’aise avec l’idée de payer un peu plus pour les aliments biologiques parce que je sais que les valeurs des aliments biologiques sont X, Y, Z. » Ou bien : « Je suis plus à l’aise avec l’idée de payer pour ce type de système alimentaire parce que je sais qu’il est meilleur, par exemple, pour le développement rural. »

George Sutherland :        Selon vous, quels sont les principaux piliers des systèmes alimentaires durables au Canada et comment la littératie agricole influence-t-elle les changements positifs à l’égard de ces thèmes?

Guillaume Lhermie :        Eh bien, si nous revenons aux racines de la durabilité, il faut se rappeler qu’il s’agit de la rencontre de trois dimensions : environnementale, économique et sociale. Elle met donc de l’avant les concepts du développement économique, bien entendu, de la justice sociale et d’intendance environnementale. Et il ne faut pas oublier la dimension du temps, en ce sens que les pratiques durables doivent être durables pour les générations futures.

                                                Maintenant, la question est de savoir si notre système alimentaire actuel est à risque. À mon avis, la réponse est oui, il est à risque. Le système alimentaire mondial consiste en un réseau interconnecté de production, de distribution et de consommation d’aliments à l’échelle mondiale. J’ai déjà mentionné que l’objectif du système alimentaire était d’assurer la sécurité alimentaire. En fait, au cours des 50 dernières années, nous avons constaté des améliorations dans les méthodes agricoles grâce à de nouvelles technologies, à de nouvelles infrastructures, à de nouvelles capacités et à des chaînes d’approvisionnement internationales, ce qui a permis un approvisionnement alimentaire plus abordable et plus sécuritaire pour une population mondiale croissante.

                                                Pourtant, la sécurité alimentaire a entraîné d’importants coûts environnementaux et n’a pas toujours été une réussite en matière d’équité. En particulier dans les pays occidentaux, en fait, les régimes alimentaires malsains et non soutenables deviennent la norme, tandis que, malheureusement, les producteurs sont pris entre des politiques environnementales plus strictes et une poussée économique pour la compétitivité sur les marchés internationaux. Il s’agit donc d’une véritable discussion politique que nous devons amorcer.

George Sutherland :        En ce qui concerne la littératie agricole, vous avez mentionné les innovations dans les systèmes alimentaires que nous avons connues. L’une des questions que nous entendons souvent porte sur la différence entre l’agriculture régénératrice et l’agriculture durable. Pourriez-vous nous parler de ces concepts et de leur place dans un système alimentaire durable?

Guillaume Lhermie :        Oui. L’agriculture régénératrice est en fait un cas très intéressant, et il s’agit de l’un de nos programmes de recherche ici, au centre. Ce sujet a fait l’objet de beaucoup d’attention récemment, mais je crois que ce n’est pas vraiment une nouvelle histoire. C’est une vieille histoire. Le concept a fait son apparition à la fin des années 1970, par l’intermédiaire du Rodale Institute, aux États-Unis. Selon la description initiale, il y aura une augmentation des niveaux de productivité. Elle augmentera la base de production biologique des terres et des sols. Elle permettra de produire des aliments exempts de biocides. Elle permet la contribution productive pour un nombre croissant de personnes pendant une transition vers une dépendance minimale à l’égard des ressources non renouvelables.

                                                Mais en fait, en ce moment, nous n’avons pas de définition claire et normalisée de ce qu’est l’agriculture régénératrice. Et cela a des conséquences. Cela la rend vulnérable. Il y a différentes façons de définir ce qu’on entend par « régénératrice ». La première façon de définir le concept est fondée sur les processus. Le processus peut donc consister en une combinaison de pratiques et de principes, comme la réduction de la perturbation du sol, le fait de maintenir une couverture sur le sol toute l’année, de conserver des plantes vivantes, etc. Mais une autre façon de définir l’agriculture régénératrice est de mettre l’accent sur les résultats. Les résultats seront l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de ceux-ci, les avantages socioéconomiques et un système intégré. Pour cela, nous devons réfléchir très attentivement à l’agrostockage de carbone et à l’agriculture de conservation comme moyen de régénérer la santé du sol en séquestrant davantage de carbone.

George Sutherland :        Quelles sont les principales innovations qui font progresser la sécurité alimentaire et la durabilité des systèmes alimentaires aujourd’hui? Quels sont les plus grands défis que nous devons surmonter?

Guillaume Lhermie :        Eh bien, je peux en parler un peu, et John, peut-être que vous voudrez réagir sur ce point si vous le voulez. Je crois que pour faire progresser la sécurité alimentaire, les premières innovations clés résident essentiellement dans les pratiques agricoles, c’est-à-dire plus de technologies. Je crois que les gens ne se rendent pas suffisamment compte que leurs aliments cachent beaucoup de technologie. On utilise des drones, des capteurs et l’intelligence artificielle. Nous ne pensons pas à tous ces éléments, car il y a une grande part d’imaginaire. On se dépeint les agriculteurs et les éleveurs avec des bottes et une fourche, mais en fait, ils ne ressemblent plus à cette image. Donc l’innovation technologique à la ferme. Mais aussi l’innovation dans la chaîne d’approvisionnement. Alors comment préserver davantage les produits de base? Comment les traiter plus efficacement pour nous assurer d’utiliser les ressources de façon plus efficiente, par exemple l’eau, ou l’énergie pour transformer les aliments ou les transporter?

                                                Maintenant, quels sont les défis? À mon avis, l’investissement constitue l’un des plus grands défis. En général, l’agriculture coûte cher en matière de capital et d’exploitation. Et parallèlement, les marges sont très étroites, ce qui signifie que, sur papier, elles ne paraissent pas très attrayantes pour les investisseurs. Pourtant, nous avons besoin de beaucoup d’investissements dans l’agriculture si nous voulons favoriser une agriculture plus durable.

                                                Deuxièmement, à l’heure actuelle, il n’y a pas de mécanisme clair en place pour récompenser les pratiques durables. Si un éleveur ou un agriculteur respecte les pratiques durables et est un bon intendant des terres, il n’y a présentement pas vraiment de mécanisme financier pour le récompenser. Selon moi, c’est un gros problème.

                                                Et le dernier élément est, à mon avis, plus politique. En fait, il n’y a pas beaucoup d’intérêt politique pour l’agriculture en général. John a mentionné que c’était probablement l’une des dernières frontières en matière de développement économique, et je suis d’accord avec lui. Pourtant, les politiciens et les décideurs ne le reconnaissent pas. C’est donc aussi l’un des mandats du centre : veiller à ce que l’agriculture soit reconnue à l’échelle de la valeur qu’elle apporte à la société, d’abord et avant tout en tant que secteur économique florissant et deuxièmement, en tant que fournisseur de ce que nous appelons les services écosystémiques, c’est-à-dire qu’elle fournit des services positifs pour l’environnement et la population.

John Simpson :                  Je crois qu’il est très important de souligner que les agriculteurs et les éleveurs du Canada, l’industrie, et les gens qui en font partie, les principaux acteurs du secteur, sont tous d’accord. Il y a très peu de gens qui ne se soucient pas de la durabilité, car si vous n’avez pas de programme de durabilité et que vous ne faites pas en sorte que votre ranch fonctionne de génération en génération, vous fermerez vos portes. C’est très simple. Nous avons donc une excellente équipe qui réunit tous les acteurs. Imaginez un secteur où tout le monde tire sur la même corde, dans la même direction. C’est vraiment unique. Absolument unique. Et il y a la technologie à la disposition des gens. Nous utilisons vraiment nos systèmes informatiques dans l’exploitation bovine; nous utilisons maintenant la taille des faux-filets et les structures des taureaux pour déterminer les individus que nous sélectionnons pour l’élevage ainsi que les vaches avec lesquelles ils serviront à la reproduction, car nous savons maintenant quelles vaches produisent les meilleurs veaux.

                                                Lorsque vous commencez à prendre en compte du facteur de l’ADN et à chercher des façons d’améliorer votre animal, plutôt que de simplement mettre le taureau avec les vaches pendant une période 60 jours pour qu’ils se reproduisent, vous faites vraiment des progrès en un an. Il y a donc ces technologies du côté du bétail. En ce qui a trait aux céréales, on essaie actuellement de produire plus avec moins de ressources, ce qui implique de déterminer comment appliquer des pulvérisations précises sur des plantes précises, plutôt que sur l’ensemble du champ. Il y a toute la nouvelle technologie dans le monde des caméras sur le marché aujourd’hui qui nous permet de le faire. Nous nous améliorons donc dans notre façon d’améliorer notre travail.

George Sutherland :        Et y a-t-il des territoires, au Canada ou à l’étranger, qui sont des chefs de file dans ce domaine? Si c’est le cas, que peut-on apprendre d’eux et mettre en application?

Guillaume Lhermie :        Je dirais que cela dépend probablement de ce dont nous parlons. En ce qui concerne les technologies agricoles, Israël, les Pays-Bas et, bien sûr, les États-Unis, car ils ont beaucoup de ressources financières sur le plan technique, sont probablement les chefs de file dans le secteur. Techniquement, c’est aussi parce qu’ils font face à certains des défis auxquels nous pourrions également faire face. Donc, si vous pensez à Israël ou à la Californie, ils font face à des défis sur le plan de l’eau, et cela pourrait aussi se produire dans une certaine mesure au Canada. Même si, à l’échelle nationale, notre territoire regorge d’eau de surface, il faut que nous l’utilisions judicieusement. Les Pays-Bas sont un très petit pays, mais ils ont une grande capacité à transformer les aliments et à ajouter de la valeur dans les collectivités où ils font de la production. Nous pouvons donc apprendre d’eux. En fait, nous avons déjà commencé. Voilà pour ce qui concerne les technologies agricoles.

                                                Maintenant, en ce qui a trait aux pratiques et aux pratiques durables, je dirais que les pays de l’Union européenne sont en tête à cet égard sur le plan mondial, et cela ne se fait pas sans difficulté. Par exemple, vous avez probablement vu que des manifestations ont eu lieu, des manifestations d’agriculteurs dans les rues des grandes capitales européennes. Cela vient donc à un certain coût, et c’est pourquoi il s’agit d’un enjeu politique. Il s’agit donc, selon moi, de la façon de voir quels pays sont en tête sur quels plans.

                                                Mais en fait, il est intéressant de souligner que le Canada est un leader dans un domaine, c’est-à-dire que nous sommes en mesure de produire des aliments très durables. Et il y a une initiative canadienne qui regroupe de nombreuses parties prenantes, appelée l’Indice national de rendement agroalimentaire, dont l’ambition est de mesurer la durabilité au moyen d’un indice pour n’importe quel type d’aliments que nous produisons. Il s’agit d’une initiative unique à l’échelle mondiale.

George Sutherland :        Selon vous, quelle est la plus grande occasion dans le secteur agricole canadien pour les deux prochaines années?

John Simpson :                  La capacité d’utiliser l’innovation qui émane du secteur de l’équipement et de la technologie, ainsi que de l’informatique doit en constituer la première partie, il faut être à l’avant-garde. Il s’agit vraiment d’accroître la production, et pour ce faire, nous avons besoin de plus d’eau afin de pouvoir irriguer davantage de terres. Et il y a des occasions en Alberta d’ajouter jusqu’à 10 millions d’acres de terres agricoles en faisant davantage d’irrigation. Dix millions d’acres supplémentaires.

                                                Ainsi, en commençant à faire cela, vous commencerez à obtenir plus de cultures. Et je suis toujours étonné que l’Ukraine puisse continuer à produire les produits qu’elle exporte dans le reste du monde, alors que nous pensions qu’elle cesserait probablement de le faire lorsque la guerre a commencé là-bas, mais ce ne fut pas le cas et elle continue de livrer ses produits. Nous pouvons donc avoir une plus grande production. Je pensais alors que cela constituerait un bouleversement, mais il s’agira plutôt d’un renforcement de l’approvisionnement alimentaire de ce monde qui semble simplement continuer à croître. Si nous pouvions nous retourner et commencer, plutôt que de vendre nos matières premières à des pays étrangers, commencer à les transformer ici, au Canada, c’est très simple, cela ferait simplement augmenter le PIB.

Guillaume Lhermie :        Oui, j’ajouterais qu’à mon avis, une occasion pour le Canada réside dans le fait que si nous sommes en mesure de motiver un peu les gens en leur disant que le Canada a une agriculture et des pratiques parmi les plus durables au monde, nous voudrons peut-être ensuite lancer un mouvement politique et intégrer ces points dans les accords de commerce avec d’autres pays. Nous pourrons nous dire, bien, montrons l’exemple au monde pour rendre l’agriculture mondiale plus durable, en fait. Ce sera donc une situation gagnante pour tous. Un gain pour le développement économique et, en même temps, un gain pour la santé de la planète.

George Sutherland :        Et quels sont certains des programmes ou des résultats du Simpson Centre dont vous êtes les plus fiers à ce jour?

John Simpson :                  Comme je le dis à la blague, pour commencer, nous avons lancé cette opération à l’école de politique publique, nous avons fait des recherches et nous avons embauché Guillaume et l’avons fait venir au centre. Il a fait un acte de foi en passant de Cornell à Calgary. Il est arrivé ici en décembre. Il faisait dans les moins 20 degrés, et sa femme a eu un bébé une semaine après leur arrivée. C’était donc un acte de foi de sa part de se joindre à nous, ainsi que pour nous de le faire venir et de l’intégrer pour qu’il nous aide à tout mettre en place et en marche. Nous nous sommes établis, et cela a un peu changé au cours des dernières années. Nous sommes en activité depuis maintenant trois ans. Le conseil consultatif du Simpson Centre est très solide et compte des personnes très bien informées qui travaillent dans le secteur. Il nous garde sur la bonne voie et nous aide à réfléchir à la façon de garder une longueur d’avance.

                                                Nous avons amassé et continuons à amasser suffisamment de fonds dans le secteur privé pour financer nos programmes et nos activités. Ce n’est pas une tâche facile dans le monde d’aujourd’hui, mais nous y travaillons. Je crois que cela démontre les préoccupations des partenaires privés et des entreprises partenaires qui croient que nous devons nous pencher sur certains problèmes.

                                                Nous avons mis sur pied un groupe d’universités qui collaborent pour examiner les principales initiatives visant à améliorer les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Lorsque nous avons commencé il y a trois ans, je crois que Guelph en était à sa 120e promotion de vétérinaires, alors que nous n’avions que trois ans. C’était donc un bon défi de les amener à venir collaborer avec nous; mais cela a fonctionné. En Alberta, aujourd’hui, nous sommes reconnus comme le groupe de référence pour traiter les problèmes fondés sur les faits et générer des solutions vérifiées. Ainsi, nous allons de l’avant avec une politique qui ne repose pas sur des opinions, mais sur des faits.

Guillaume Lhermie :        Je ne suis pas arrivé des États-Unis ou de la France avec une bonne connaissance des régions rurales de l’Alberta ou du Canada. Je ne savais pas très bien non plus ce qu’étaient le monde et les pratiques agricoles en Alberta. Mais je savais très bien ce qui se passait en France ou aux États-Unis. Et quelque chose qui est transversal et que vous pouvez observer dans n’importe lequel de ces pays, c’est qu’il y a un soutien très fort de la part de la communauté rurale et de la communauté agricole, peu importe ce qu’elle cultive. Tout le monde est d’accord avec les initiatives qui favorisent l’agriculture en général, en plus de les soutenir. Je suppose que c’est aussi un élément qui explique la réussite du Simpson Centre.

George Sutherland :        Merci beaucoup, John et Guillaume, de vous être joints à moi aujourd’hui pour discuter des tendances et des occasions liées aux systèmes alimentaires durables et de l’importance de la littératie agricole.

Guillaume Lhermie :        Merci de nous avoir reçus!

John Simpson :                  Merci. Ce fut un plaisir.

Michael Torrance :           Merci d’avoir écouté cet épisode du balado Leaders et durabilité. Ce balado est présenté par BMO. Vous trouverez notre émission sur Apple Podcasts, Spotify ou votre lecteur de balados préféré. Cliquez sur le bouton de suivi pour être avisé lorsque de nouveaux épisodes sont publiés. Vos commentaires sont importants pour nous, alors n’hésitez pas à nous laisser une cote, une critique ou tout autre commentaire, ou à consulter le site leadersetdurabilite.bmo.com. Notre balado et nos ressources sont produits avec le soutien de l’équipe Marketing de BMO et de Puddle Creative.

                                                Jusqu’à la prochaine fois, merci d’avoir écouté et bonne semaine.

Intervenant 6 :                   Pour en savoir plus sur les divulgations de BMO, consultez le site https://marchesdescapitaux.bmo.com/fr/.

 

George Sutherland Senior Conseiller, changements climatiques et durabilité

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