Choisissez votre langue

Search

Renseignements

Aucune correspondance

Services

Aucune correspondance

Secteurs d’activité

Aucune correspondance

Personnes

Aucune correspondance

Renseignements

Aucune correspondance

Services

Aucune correspondance

Personnes

Aucune correspondance

Secteurs d’activité

Aucune correspondance

Financer la transition énergétique

resource image
  •  Temps de lecture Clock/
  • ÉcouterÉcouter/ ArrêterArrêter/
  • Agrandir | Réduire le texte Text

 

L’accélération de la transition énergétique exige une vision globale de l’économie ainsi qu’une collaboration et une coordination plus poussées entre les secteurs pour consolider l’élan en faveur de la carboneutralité. C’est un des principaux points à retenir de la table ronde Le rôle de la finance verte pour un avenir plus durable, tenue lors de la Conférence de Montréal 2023 organisée par le Forum économique international des Amériques.

La table ronde, animée par Mathieu Dion, chef du bureau de Montréal de Bloomberg, portait sur la question de savoir comment les quelque 1 940 milliards de dollars US nécessaires pour financer la transition énergétique devaient être mobilisés et investis. Grégoire Baillargeon, président de BMO Groupe financier, Québec, Matthew Chamberlain, chef de la direction du London Metal Exchange (LME), et Lori Kerr, cheffe de la direction de FinDev Canada, ont parlé de la façon dont ces fonds pouvaient être utilisés alors que des billions de dollars continuent d’être investis dans l’exploration et la production de combustibles fossiles.


Ce balado est en anglais seulement.

Listen to our ~21 minute episode

Sustainability Leaders podcast is live on all major channels including AppleGoogle and Spotify.


Le perfectionnisme étouffe l’élan

Selon Grégoire Baillargeon, le marché doit se rappeler que nous sommes au milieu d’une transition vers la carboneutralité; or, le marché a tendance à chercher les failles potentielles dans les solutions, ce qui peut étouffer le progrès. « Le perfectionnisme brise l’élan. C’est cela le plus inquiétant selon moi », a-t-il déclaré. « On ne peut pas investir tout le capital dans les solutions sobres en carbone, mais on doit investir beaucoup de capital dans la décarbonisation des secteurs qui en ont besoin. »

Les entreprises peuvent être découragées de voir que les choses ne bougent pas assez vite, mais les bonnes initiatives ne manquent pas, a-t-il expliqué. L’élan, a-t-il ajouté, peut être un puissant outil. « Nous sommes parfois surpris de voir à quel point nous progressons. »

Technologies propres contre pétrole et gaz

« Nous finançons l’industrie pétrolière et gazière, et nous n’avons pas l’intention d’arrêter », a précisé M. Baillargeon. Le rôle d’une banque, a-t-il affirmé, est notamment d’agir comme partenaire de confiance pour faciliter le bon fonctionnement de l’économie. Les banques peuvent faire le plus de bien en proposant des solutions à leurs clients qui ont une empreinte carbone importante, tout comme à ceux qui innovent en matière de technologies propres.

« Nous devons doubler la production d’énergies renouvelables, nous devons tripler l’efficacité énergétique pour faciliter cette transition, mais nous ne devons pas non plus oublier que ce n’est qu’un aspect de la transition », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il est tout aussi important pour l’économie canadienne d’appuyer l’abandon progressif du pétrole et du gaz.

« Nous sommes pragmatiques; nous trouvons des solutions et nous les mettons au service de la transition », a-t-il indiqué. Notre ambition climatique vise à devenir le principal partenaire de nos clients dans la transition vers un monde à zéro émission nette; c’est pourquoi nous avons lancé l’Institut pour le climat de BMO et acquis BMO Radicle.

« Les banques créent des marchés pour les produits de base, et nous avons maintenant les outils pour créer un marché autour du carbone, et faire en sorte qu’il soit dûment pris en compte », a expliqué M. Baillargeon.

Définir des normes

Matthew Chamberlain a indiqué que le LME a commencé à adopter une vision plus large de ses responsabilités environnementales, sociales et liées à l’environnement (ESG) quand les médias ont évoqué d’éventuelles violations des droits en matière de travail des enfants au sein de la chaîne d’approvisionnement du cobalt, en 2017. « Il ne suffit pas de dire qu’on ne fait rien de mal. Il faut aussi se demander comment on peut faire partie d’une solution positive », a-t-il déclaré, laquelle implique aussi de faciliter la mise en valeur de ressources minérales critiques. « La transition verte nécessitera d’énormes quantités de ces produits de base », a-t-il précisé.

M. Chamberlain a rendu hommage à l’Union européenne pour avoir élaboré une taxonomie des technologies durables « extrêmement ambitieuse », en relevant le défi de classer les activités commerciales durables dans six catégories clés et de créer un système de notation pour les investisseurs. « J’espère vraiment que l’élan qui sous-tend cette initiative se poursuivra », a-t-il déclaré.

Une transition équitable

Lori Kerr, de FinDev, organisme fédéral qui finance les investissements verts dans les pays en développement, a indiqué qu’il était important que la transition énergétique soit équitable, et que les familles et collectivités dont la subsistance dépend actuellement des combustibles fossiles se voient offrir de nouvelles occasions. Elle a également mis en garde contre le fait de négliger les 675 millions de personnes sans accès à l’électricité dans les discussions sur la transition et la possibilité de les faire passer directement aux énergies renouvelables réparties.

Les participants sont d’accord pour dire qu’il faut encourager plusieurs approches en matière de décarbonisation – faire « tout, partout et en même temps », pour reprendre les mots du secrétaire général des Nations Unies António Guterres –, par exemple en adoptant des taxes sur le carbone dans certains territoires et des crédits carbone dans d’autres, et en combinant les règlements et les mesures incitatives. Ayant investi dans une plateforme de négociation de crédits carbone, BMO Radicle, M. Baillargeon a déclaré : « Nous ne disons pas que les gens devraient compenser au lieu de réduire; tout le monde, que ce soient les sociétés ou les individus, doit s’efforcer de réduire le plus possible son empreinte carbone. »

Une plus grande collaboration est requise

À la question de savoir quelle était selon lui la probabilité, sur une échelle de 1 à 10, que la carboneutralité soit atteinte dans le monde d’ici 2050, M. Baillargeon a répondu 10. « Je ne pense pas que ce soit un choix; c’est un impératif », a-t-il affirmé.

« La condition la plus importante pour y arriver, selon moi, c’est la prospérité économique », a-t-il ajouté. Trouver des solutions exige de l’innovation et une prise de risques qui sont rendues possibles par la croissance et les profits, mais qui sont plus difficiles aujourd’hui en raison de facteurs comme l’inflation et les taux d’intérêt élevés. Un de ses principales craintes à l’heure actuelle, c’est que le cycle économique ralentisse tous ces efforts.

Selon M. Baillargeon, l’action mondiale coordonnée pour lutter contre la COVID-19 laisse tout de même espérer que l’économie mondiale relèvera le défi climatique. « Tout est question de collaboration. Les secteurs d’activité doivent agir de concert », a-t-il déclaré. « Nous devons livrer concurrence là où la concurrence accélère l’innovation, et nous devons collaborer en partageant les connaissances : on ne peut plus se permettre d’attendre. »

LIRE LA SUITE

Michael Torrance :

Bienvenue à Sustainability Leaders. Je suis Michael Torrance, chef de la durabilité, BMO Groupe financier. Au cours de cette émission, nous nous entretiendrons avec des chefs de file en matière de durabilité issus du monde de l’entreprise, des investisseurs, des universités et des ONG, afin d’explorer l’impact de l’évolution rapide du développement durable sur l’investissement mondial, les pratiques commerciales et le monde.

Conférencier 2 :

Les opinions exprimées ici sont celles des participants et non celles de la Banque de Montréal, de ses sociétés affiliées ou de ses filiales.

Conférencier 3 :

L’émission d’aujourd’hui est tirée de la table ronde « Le rôle de la finance verte pour un avenir plus durable » tenue lors de la Conférence de Montréal 2023 organisée par le Forum économique international des Amériques. Elle mettait en vedette Grégoire Baillargeon, président de BMO Groupe financier.

Mathieu Dion :

Bienvenue à la table ronde « Le rôle de la finance verte pour un avenir plus durable ». Je suis Mathieu Dion, chef du bureau de Montréal de Bloomberg News. Nous sommes donc à Montréal, et l’émission est diffusée partout dans le monde. J’ai à mes côtés Grégoire Baillargeon – président de BMO Groupe financier au Québec, Matthew Chamberlain – chef de la direction du London Metal Exchange, et Kerr – cheffe de la direction de FinDev.

Au cours des trois prochaines décennies, il faudra investir jusqu’à 194 billions de dollars pour décarboniser le système énergétique mondial, selon Bloomberg, soit près de 200 billions de dollars. Pensez-y. Les marchés publics n’ont pas encore réagi, mais cela pourrait changer. Sur une échelle de 1 à 10, pouvons-nous atteindre cet objectif de carboneutralité d’ici 2050 afin de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C? Quelle est votre opinion? Commençons par Matthew.

Matthew Chamberlain :

Je suis d’un naturel optimiste et je pencherai donc pour un sept ou un huit puisque, et j’espère que nous en parlerons, les opinions divergent quant à ce qui doit être fait. Il est clair qu’il y a un grand nombre de défis à relever, et je sais que nous allons les aborder aujourd’hui, mais je crois que nous avons franchi le premier obstacle qui consiste à prendre conscience que nous devons réagir et que nous serons capables de le faire.

Mathieu Dion :

Grégoire?

Grégoire Baillargeon :

Je vais devoir dire 10, parce que je ne pense pas qu’il s’agisse d’un choix. C’est un impératif, et si vous occupez un poste de direction n’importe où dans le monde, vous devez vous concentrer sur ce point.

Mathieu Dion :

Et Lori, vous avez eu beaucoup de temps pour y réfléchir.

Lori Kerr :

En effet, et je suis certainement optimiste, mais pas autant que d’autres. Je dirais donc 6,5 ou 7, plutôt que 8, 9 ou 10, et ce, pour plusieurs raisons. Les données qui sont publiées évoluent dans tous les sens, et je suis sûre que la plupart de mes collègues le ressentent également. D’une part, le récent rapport du GIEC nous apprend qu’il y a moins de 50 % de chances d’atteindre la cible de 1,5 °C. Il y a donc urgence. Je trouve cela déprimant.

Mais nous devons aussi célébrer tous les progrès que nous avons accomplis. Il y a 25 ans, nous parlions à peine d’enjeux environnementaux ou sociaux. Depuis l’Accord de Paris, nous avons beaucoup travaillé sur la réduction des gaz à effet de serre. Aujourd’hui, nous parlons d’adaptation et de résilience, et de la nature. Nous avons donc fait beaucoup de progrès. Je regarde les subventions aux combustibles fossiles : 723 milliards de dollars en 2022, et plus d’un billion en 2020. Ou plutôt en 2021, et plus d’un billion en 2022. En 2022, les subventions aux énergies renouvelables s’élevaient à 200 milliards de dollars. Cela n’est pas encourageant. Par contre, Bloomberg New Energy Finance me rend optimiste. L’année dernière, nous avons dépensé plus d’un billion de dollars pour la transition vers les énergies propres. Nous avons donc investi autant dans les énergies propres que dans le pétrole, le gaz et le charbon. Ce qui me rend optimiste. Encore une fois, les données évoluent dans tous les sens, ce qui est déroutant.

Mathieu Dion :

Comment votre organisation peut-elle jouer un rôle dans l’atteinte de l’objectif de carboneutralité d’ici 2050, et qu’en est-il de la Banque de Montréal?

Grégoire Baillargeon :

En tenant compte de l’évolution de notre banque et de notre prise de conscience concernant cette question, bien que le défi soit énorme, je suis très optimiste, surtout si toute l’organisation est sensibilisée à cette question, tant les employés que les dirigeants. Grâce à l’ingéniosité et à la créativité, nous pouvons accomplir beaucoup de choses sur ce plan.

À BMO, afin de sensibiliser nos gens à cette question, nous avons créé un Institut pour le climat entièrement axé sur les changements climatiques. Les responsables de cet institut ne sont pas des banquiers. Ils ont pour mission de nous sensibiliser aux enjeux climatiques, de diffuser de l’information – notamment les nouvelles données qui sont publiées, et de s’assurer que nous comprenons leur impact, tant au sein de l’organisation que dans chacun des secteurs d’activité. Nous intégrons l’ambition climatique dans ce que nous appelons notre raison d’être à BMO, et c’est vraiment la force motrice de toute notre organisation. Nous voulons contribuer à changer les choses.

Nous intégrons aussi l’ambition climatique à notre stratégie dans chacun des secteurs d’activité de la banque. Des indicateurs clés de rendement de chaque secteur d’activité permettent donc de mesurer les progrès. Une banque est une très vaste organisation qui joue plusieurs rôles dans l’écosystème financier. Nous savons tous que nous devons tout transformer. Par conséquent, chaque poste de travail au sein d’une banque qui fait tourner l’économie fait partie des solutions.

Nous devons donc recueillir les idées de chacun, qui sont bien accueillies par nos dirigeants, car ils sont tout autant sensibilisés à cet enjeu. En fait, nous avons beaucoup innové en ce sens. Par exemple, nous avons racheté Radicle l’année dernière, une plateforme de négociation de crédits carbone. Les banques créent des marchés pour les produits de base, et nous avons maintenant les outils pour créer un marché autour du carbone, et faire en sorte qu’il soit dûment pris en compte.

Il y a donc beaucoup de produits que les banques peuvent promouvoir, et cette prise de conscience permet non seulement d’ajouter de nouvelles solutions sur le marché, stimuler la concurrence à l’égard des produits et provoquer des changements, mais également de collaborer avec les décideurs politiques, notamment les gouvernements et les Nations Unies. BMO peut tirer parti de ce privilège.

Nous finançons les secteurs pétrolier et gazier, et n’avons pas l’intention d’y mettre fin. Le rôle d’une banque est multiple. Et l’un des rôles les plus importants d’une banque est d’être un partenaire loyal et de confiance contribuant à faire tourner l’économie. Nous sommes dans une phase de transition, mais afin d’assurer la sécurité énergétique et l’équité dans le monde, à l’origine de toutes les injustices, nous devrons éventuellement délaisser les combustibles fossiles au profit d’une énergie plus propre. Au cours de cette transition, notre banque prendre part aux discussions. Nous n’allons pas nous cacher, ni fuir et laisser ce problème à d’autres. Nous serons présents à la table des négociations. Nous allons offrir des solutions à nos clients dont l’empreinte carbone est importante. Nous allons unir nos forces.

Il est donc important de faire preuve d’écoute les uns envers les autres. Ainsi, j’ai passé beaucoup de temps à écouter les groupes écologistes, à comprendre leur point de vue et à m’assurer que nous comprenions bien leur message. Nous sommes pragmatiques, nous trouvons des solutions et nous facilitons les transitions.

Mathieu Dion :

Grégoire, que dire des crédits carbone? Cela fonctionne-t-il très bien actuellement?

Grégoire Baillargeon :

À BMO, nous pensons qu’il s’agit d’une partie de la solution. Nous avons besoin de tout, partout et en même temps. C’est certainement une partie de la solution. Nous savons tous que nous avons un budget carbone, que nous pensions atteindre 1,52 °C, voire dépasser cet objectif. Nous avons toujours un budget carbone pour atteindre notre objectif, quel qu’il soit. Il s’agit donc d’une ressource limitée, qui doit être tarifée, et nous avons oublié de le faire pendant des décennies.

Alors, comment fixer le prix? Il y aura donc des taxes sur le carbone dans certains pays. C’est une solution. Mais il y a une autre solution : lorsque tout le monde décidera de réagir, les marchés volontaires du carbone se créeront d’eux-mêmes – notre monde a fonctionné de manière extraordinaire autour des marchés financiers. Nous pensons que les marchés du carbone se développeront d’eux-mêmes.

Quand on y pense, il y a toutes sortes de mauvaises réputations liées à certains concepts de droits d’émissions de carbone. Autrement dit, c’est l’un des moyens d’orienter les flux de fonds vers la décarbonisation. Il s’agit d’entreprises qui retirent des fonds pour les acheminer vers des entreprises qui adhèrent au projet de décarbonisation mondiale, qu’il s’agisse de projets de protection de la nature ou de réduction des émissions de carbone, grâce au captage et à la séquestration du carbone.

Ce sont donc des outils intéressants que nous pouvons élaborer afin d’orienter davantage de fonds vers ces solutions de décarbonisation. Et nous savons tous que nous en aurons besoin. C’est pourquoi nous avons acquis Radicle. Cette société aide les entreprises qui ont un projet de réduction ou de séquestration du carbone à exploiter correctement les droits d’émission, à les consigner et à les vérifier de manière rigoureuse, afin qu’ils puissent réussir toute vérification au fil du temps.

C’est fondamental. Tout nouveau marché en a besoin. Ils sont là pour les aider à négocier et à trouver le marché avec les acheteurs, les entreprises du monde entier qui décident de compenser une partie de leurs émissions. Nous ne disons pas que les gens devraient compenser au lieu de réduire. Ce n’est pas notre thèse. Notre thèse est tout à fait opposée. Toutes les entreprises et tous les individus devraient essayer de réduire au maximum son empreinte carbone, mais cela n’éliminera pas complètement les émissions de carbone, car nous n’avons pas les technologies pour tout décarboniser d’ici 2050. Or, toute émission de carbone doit être éliminée, et nous pensons que les marchés du carbone vont contribuer à accélérer cette transition. Pour nous, il s’agit donc d’un élément important de la solution.

Mathieu Dion :

Pensez-vous que les nouvelles lignes directrices en matière de responsabilité de l’International Sustainability Standard Boards feront une grande différence? Je pense qu’elles seront annoncées ce mois-ci, n’est-ce pas? Auront-elles un impact considérable sur le marché?

Grégoire Baillargeon :

S’il y a un grand risque qui nous guette, c’est l’absence de réglementation. Nous parlons donc de toutes sortes de nomenclatures, de la possibilité de comparer les empreintes carbone, les actions de différentes entreprises à différents moments relativement à différents facteurs ESG, etc. Il s’agit donc d’établir des paramètres clairs et comparables, et la première série de règles.

Il est étonnant que nous avancions aussi vite, bien que nous ayons accusé tant de retard. Découvrirons-nous des lacunes? Nous heurterons-nous à des obstacles? Ferons-nous des faux pas? Oui, oui, oui. Mais ces revers nous permettront de nous améliorer. Mais le défi est énorme. C’est un très grand pas dans la bonne direction. Lorsque nous regarderons en arrière, dans cinq ans, cela nous paraîtra peut-être un petit pas, mais c’est le début d’une dynamique importante liée à la réglementation et aux normes qui est tout à fait fondamentale.

Mathieu Dion :

L’Europe investit surtout dans des programmes de décarbonisation, tandis qu’en Amérique du Nord, nous réfléchissons à diverses solutions. Nous parlons beaucoup de panneaux solaires, de captage du carbone, de véhicules électriques et de batteries. J’aimerais donc savoir où le capital est le plus utile, selon vous, lorsqu’il existe deux types de placement. Et ce qui concerne l’Inflation Reduction Act, qui prévoit d’importantes mesures incitatives pour injecter plus de capitaux dans les projets de transition énergétique, devrions-nous demander aux gouvernements de renforcer ces mesures?

Grégoire Baillargeon :

Définitivement. Le rôle des gouvernements est important à deux égards. Le premier est l’aspect réglementaire. L’un des problèmes de notre système actuel est que, dans un contexte concurrentiel axé sur la croissance, nous nous conformons à un ensemble de paramètres et de règles. Vous pouvez, en tant que secteur d’activité, quel qu’il soit, donner un coup de pouce afin de favoriser l’évolution du secteur au fil du temps.

Dans le cadre réglementaire, cela change parfois les mesures à prendre, car la réglementation peut modifier les paramètres. Cela peut survenir soudainement, comme nous l’avons observé pendant la pandémie de la COVID-19. Mais nous finissons toujours par surmonter cet obstacle. La nouvelle réglementation est donc essentielle, et le gouvernement doit accélérer le changement, en plus d’offrir des mesures incitatives. Nous avons vu ce qui s’est passé pour l’énergie solaire au fil du temps. Elle est devenue une énergie très, très bon marché à adopter.

L’énergie solaire à prix abordable aurait-elle pu être accessible plus rapidement? Probablement. Des mesures incitatives offertes plus tôt auraient en fait entraîné un déploiement plus rapide et à plus grande échelle dans l’économie, et donc des réductions de coûts. Les mesures incitatives sont donc essentielles. Il s’agit de l’un des facteurs qui contribueront à accélérer la décarbonisation. Nous ne pouvons pas investir tout le capital dans des solutions à faibles émissions de carbone. Pendant la transition, nous devons donc consacrer beaucoup de capitaux à la décarbonisation des secteurs qui en ont besoin.

Mathieu Dion :

Existe-t-il un moyen d’aller encore plus vite que nous ne le faisons actuellement, parce que le changement doit être rapide? Y a-t-il une solution exceptionnelle que nous n’avons pas mentionnée ici?

Grégoire Baillargeon :

Pour moi, l’élément le plus important est une économie prospère. Il y a toutes sortes de débats sur la croissance, mais fondamentalement, dans la situation actuelle, nous avons besoin d’innovation, de prendre des risques et de trouver de nouvelles solutions. Il faut que chaque entreprise réinvestisse ses bénéfices dans des solutions tournées vers l’avenir. Nous devons rentabiliser les placements afin que les investisseurs puissent investir dans l’économie. Il faut que tout cela se mette en place.

L’une de mes plus grandes préoccupations est le cycle économique actuel, et les risques à venir, concernant la stabilité et la solidité du contexte économique, qui entraîneront un ralentissement. Les entreprises dans lesquelles vous investissez peuvent, à tout moment, limiter les fonds qui sont alloués aux projets liés à la durabilité, et donc les solutions que vous vouliez proposer ne sont pas prises en compte. Nous n’avons pas de temps pour cela. Il faudra donc que les investisseurs fassent preuve de beaucoup de courage pour prendre des risques malgré la conjoncture un peu plus difficile. Ce dont nous avons surtout besoin, c’est d’une économie robuste pour être en mesure de traverser cette phase au cours des prochaines décennies.

Mathieu Dion :

La hausse des taux d’intérêt et de l’inflation est donc plutôt une mauvaise nouvelle, c’est ce que vous dites?

Grégoire Baillargeon :

Une inflation élevée n’est certainement pas la solution, et des taux d’intérêt élevés ne sont pas non plus une bonne chose. Nous naviguons à travers tout cela. J’espère que la situation se stabilisera très vite et que nous commencerons à investir rapidement dans chacune des solutions.

Mathieu Dion :

Aujourd’hui, où se situe la frontière entre la finance durable et la finance traditionnelle?

Grégoire Baillargeon :

La finance durable nous pousse à innover et à trouver des solutions financières qui permettront de faire face à la crise à venir. Il y a probablement une distinction à établir. Compte tenu des nombreuses occasions à saisir et de l’importance des capitaux à mobiliser, il y a probablement un concept alpha. Ce nouveau marché connaîtra très certainement un essor fulgurant, et cela devrait générer une valeur extraordinaire. Mais la finalité est la même. La finance doit être durable comme tout le reste, le monde doit être durable. C’est donc cela l’occasion à saisir, et les produits financiers devront y trouver leur place.

Mathieu Dion :

L’Europe et l’Asie sont actuellement en tête de peloton. Pourquoi l’Amérique du Nord est-elle à la traîne?

Grégoire Baillargeon :

Selon moi, une prise de conscience est nécessaire. Il faut sensibiliser nos équipes de direction, nos marchés. Nous n’avons pas encore pris autant conscience que d’autres marchés de la crise qui nous menace. C’est toujours le message que je transmets en guise de conclusion : nous devons favoriser cette prise de conscience. Nous devons aussi nous tenir au courant des faits et les approfondir.

Aucun dirigeant ne devrait uniquement se fier à des équipes qui l’informent du contenu du rapport de synthèse du GIEC des derniers mois. Il faut le lire. Je surveille la situation en Europe, parce qu’il me semble évident que la réglementation proposée ici est essentiellement celle qui est en place ou en cours de mise en œuvre en Europe. Celle-ci a quelques années d’avance sur nous. L’Amérique du Nord doit donc rattraper son retard. C’est important. C’est essentiel, en fait. Bref, il nous faut prendre pleinement conscience des enjeux. C’est la seule chose qui nous fait prendre du retard.

Mathieu Dion :

Y a-t-il autre chose que vous souhaiteriez ajouter à ce dont nous avons parlé et qui, selon vous, est pertinent pour nos auditeurs?

Matthew Chamberlain :

Je voudrais simplement revenir à la première question, à savoir qu’il y a de réelles raisons d’être optimistes, parce qu’il y a effectivement une prise de conscience en ce moment, et que nous ne nous contentons plus de débattre de théories. Un énorme travail a été accompli. En ce qui a trait à l’établissement de normes et à la difficulté à les comparer, il s’agit bien d’un problème. Comme nous l’avons dit, c’est parce qu’il y a beaucoup d’organisations qui s’en préoccupent et qui y voient une occasion commerciale, ce qui ne devrait pas non plus nous poser de problème, n’est-ce pas? Cela devrait être quelque chose que les gens veulent exploiter commercialement [inaudible]. Encore une fois, il suffit de regarder le nombre d’entreprises en démarrage dans le domaine des données ESG. Cela pourrait rendre les comparaisons plus complexes. Il est peut-être plus difficile d’analyser toutes les données, car celles-ci sont effectivement très nombreuses. Je voudrais donc souligner de nouveau le climat d’optimisme qui règne lors de toutes nos discussions sur le sujet. Bien entendu, c’est une bonne chose.

Lori Kerr :

Nous avons parlé de l’Amérique du Nord et d’une sorte de vision des marchés émergents. Par exemple, il est question d’énergie renouvelable, d’efficacité énergétique, de solutions de transition énergétique. Nous ne pouvons pas oublier les 675 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’électricité dans les marchés émergents. L’occasion pour eux de sauter le pas et d’utiliser les énergies renouvelables dans leurs économies respectives est, selon moi, très, très importante. Au fur et à mesure qu’ils accèdent à l’électricité, il s’agit là aussi d’une importante occasion. Il faut arrêter de brûler du kérosène, du fumier, etc. La cuisson propre est un aspect important qui est souvent omis lors des discussions sur la transition énergétique, mais elle joue un rôle important, et fait partie d’une transition énergétique équitable.

Grégoire Baillargeon :

Finalement, nous n’en avons pas beaucoup parlé, mais il s’agit bien de collaboration. En fin de compte, nous avons besoin que les industries créent toutes sortes d’alliances en ce qui a trait, entre autres, à la carboneutralité. Ces partenariats sont fondamentaux. Nous devons pouvoir nous mesurer à la concurrence qui accélérera réellement l’innovation, et nous devons collaborer en partageant nos connaissances. Il n’y a plus de temps à perdre. Je pense donc que la collaboration est un élément important de la solution.

BMO a eu le privilège d’être reconnue comme la banque la plus durable d’Amérique du Nord. De plus, la World Benchmarking Alliance (lors de la COP 27) a classé BMO en tête de 400 institutions financières. Je blague souvent en disant que je célébrerai le jour où nous serons les derniers! Nous allons faire avancer les choses le plus rapidement que possible. Lorsque tout le monde sera meilleur que nous, nous aurons accompli notre mission. Notre chef de la direction est également de cet avis. Nous donnerons à tous ceux qui le souhaitent notre plan de mise en œuvre, et je l’ai essentiellement présenté aujourd’hui, et il se résume comme suit : collaborons, trouvons des solutions, et n’hésitons pas à adopter une meilleure idée qui a fait ses preuves; le monde s’en portera mieux. Collaborons donc autant que possible.

Mathieu Dion :

Notre émission tire à sa fin. Mes invités aujourd’hui étaient Grégoire Baillargeon, président de BMO Groupe financier, Matthew Chamberlain, chef de la direction de London Metal Exchange – merci de vous être joints à nous – et Laura Kerr, chef de la direction de FinDev Canada. Je vous remercie chaleureusement tous les trois de votre participation. C’était très instructif. Je remercie également nos auditeurs d’avoir été à l’écoute.

Michael Torrance:

Merci d’avoir écouté cette émission de la série Sustainability Leaders. Ce balado est présenté par BMO Groupe financier. Pour accéder à toutes les ressources dont nous avons parlé au cours de l’émission d’aujourd’hui, et pour consulter la liste de nos autres balados, visitez notre site Web, leadersetdurabilite.bmo.com. Vous pouvez écouter et vous abonner gratuitement à cette série de balados par l’intermédiaire d’Apple Balados, ou de votre fournisseur de balados préféré. N’oubliez pas de nous attribuer une note et de nous faire part de vos commentaires. Notre émission et nos ressources sont produites grâce au soutien de l’équipe de marketing de BMO et de Puddle Creative. Je suis Michael Torrance et je vous dis à la prochaine. Passez une excellente semaine.

Conférencier 2 :

Les opinions exprimées ici sont celles des participants et non celles de la Banque de Montréal, de ses sociétés affiliées ou de ses filiales. Il ne s’agit pas d’une analyse complète de tous les faits importants concernant une entreprise, un secteur, une stratégie ou un titre. Cette présentation peut contenir des déclarations prospectives. Les investisseurs sont invités à ne pas accorder une confiance excessive à ces déclarations, car les résultats réels pourraient varier. Cette présentation est destinée à des fins d’information générale uniquement et ne constitue pas des conseils en placement ou des conseils de nature juridique ou fiscale, ni une approbation d’un produit ou d’un service de placement. Les investisseurs individuels doivent consulter un professionnel des placements, de la fiscalité ou du droit au sujet de leur situation personnelle. Les rendements passifs ne sont pas garants des résultats futurs.

 

Grégoire Baillargeon Président, BMO Groupe financier, Québec et vice-président de l’Institut pour le climat de BMO

Autre contenu intéressant