Dans un contexte où l’intelligence artificielle (IA) transforme les méthodes et les domaines de travail, les organisations ne se contentent plus d’adopter de nouveaux outils, mais aident également leurs employés, tous postes confondus, à les utiliser de manière efficace et responsable.


La manière de gérer ce changement était au cœur de la table ronde intitulée « Technology and Talent: Future-Proofing the Global Workforce » (Technologie et talents : préparer la main-d’œuvre mondiale pour l’avenir), organisé dans le cadre de la 19e édition de la conférence annuelle Toronto Global Forum, organisée par le Forum économique international des Amériques (FEIA). La conversation portait sur les sujets suivants : 


  • Armando Benitez, chef des données et des analyses et chef, IA à BMO Marchés des capitaux 

  • Nicole Foster, directrice, IA mondiale et politiques publiques canadiennes, Services Web d’Amazon (AWS) 

  • Linda Gillespie, première vice-présidente et cheffe des ressources humaines, Cogeco 

  • Jamie Burton, présidente et cheffe de la direction, INNoVA 

  • Ann Marie Vaughan, présidente et cheffe de la direction, Humber College (animatrice) 

 

La séance a traité de la manière dont les enseignants et les employeurs peuvent collaborer pour développer les compétences en IA dont la main-d’œuvre a besoin pour travailler plus intelligemment, améliorer la productivité et renforcer la compétitivité du pays dans l’économie mondiale. 


Productivité dans un but précis 


Dès le départ, les panélistes ont convenu que pour que l’innovation en matière d’IA permette de renforcer le potentiel humain, il était essentiel d’instaurer la confiance envers les employés et la technologie. 


« L’IA transforme chaque fonction au sein de notre organisation, a indiqué Armando Benitez de BMO. Avec l’arrivée de l’IA générative, nous avons constaté à quel point elle modifie nos méthodes de travail. Elle permet de rédiger de meilleurs courriels, d’obtenir des réponses plus rapidement et de rédiger des codes de meilleure qualité. Une question reste en suspens : comment transmettre au reste de l’organisation tout ce que nous avons appris? » 


Il explique que BMO s’est concentré sur l’utilisation de l’IA pour travailler plus intelligemment, cerner les risques en amont et personnaliser l’expérience client tout en simplifiant les activités internes. La priorité de M. Benitez est de veiller à ce que l’IA soit mise en œuvre de façon réfléchie, en s’assurant que toute utilisation de l’IA est correctement testée et examinée d’un point de vue technique et éthique avant son déploiement.


« La rapidité et l’efficacité gagnées grâce à l’IA doivent être nuancées par une mise en contexte appropriée, l’équité et l’empathie, a-t-il déclaré. Nous mettons l’accent sur la productivité dans un but précis. L’équité, la transparence et la responsabilité font partie intégrante du processus depuis le début. »  


Mme Vaughan du Humber College, a abondé dans ce sens. « En tant qu’enseignants, nous pensons que l’IA doit être accueillie à bras ouverts, et non redoutée, a-t-elle expliqué. L’avenir du travail sera tributaire de la pensée critique, de la résolution de problèmes, de la collaboration et de l’empathie, autant de compétences qui définissent à la fois l’employabilité et le leadership. » 


Combler le fossé en matière de compétences 


Les intervenants ont tous souligné que l’enseignement était le lien entre l’innovation et la productivité à long terme. Sans formation continue, ont-ils précisé, la technologie risque de prendre le pas sur les personnes et les organisations censées en bénéficier.


AWS en fait la démonstration au moyen de nouveaux partenariats avec des établissements d’enseignement supérieur. Par exemple, Humber et AWS ont créé un certificat d’études supérieures en infonuagique dans le but de pérenniser les viviers de talents à l’échelle mondiale. « Les microdiplômes sont un moyen très rapide et accessible de commencer à acquérir des compétences, a fait valoir Mme Foster d’AWS. Ils sont souples et s’adaptent aux besoins du marché du travail. »  


Dans le cadre de l’un de ces partenariats, AWS a élaboré avec BMO un programme d’acquisition de compétences en infonuagique appelé « Activate », destiné aux apprenants autochtones. Bien qu’AWS offre plusieurs programmes virtuels gratuits pour aider les gens à acquérir des compétences, le programme Activate était destiné à ceux qui apprennent mieux dans une salle de classe. Elle a souligné qu’environ 85 % des étudiants ayant suivi ce programme intensif de 12 semaines ont fini par rester à la banque, ce qui donne à penser que le programme a servi de filière de recrutement pour trouver des talents.


BMO, quant à elle, a lancé son propre programme interne de formation, Learning Academy, afin de mettre l’accent sur l’IA, les connaissances en matière de données et la maîtrise du numérique, a signalé M. Benitez. Ces partenariats avec AWS, ainsi qu’avec des établissements d’enseignement et de recherche, permettent à BMO d’assurer la pérennité de son programme de formation, a-t-il expliqué.  

 

Se préparer pour la suite 


Selon Mme Burton d’INNoVA, la transition vers une économie florissante fondée sur l’IA doit reposer sur l’inclusion et l’accès, deux principes qui doivent être intégrés dès le début dans le processus de mise en œuvre.  


« Le perfectionnement et le renouvellement des compétences ne consistent pas seulement à placer quelqu’un dans un nouveau contexte ou à lui offrir un nouveau poste, mais aussi à veiller à ce que chacun ait accès aux outils et aux systèmes qui lui permettront de tirer parti de cette occasion, a-t-elle ajouté. En instaurant une culture qui reconnaît la diversité d’une personne – notre origine ethnique, qui nous sommes, ce qui compte pour nous, nos croyances culturelles – autant que les compétences que nous estimons nécessaires pour le poste, nous commençons à comprendre comment travailler ensemble en équipe, et c’est cela qui améliore la productivité. » 


Dans un contexte où les organisations sont encore en train d’apprendre à travailler avec l’IA, M. Benitez a souligné qu’elle devait être intégrée à tous les échelons, non pas comme un outil facultatif, mais comme une capacité fondamentale qui stimule la transformation. 


« Nous investissons massivement dans l’IA, et nous voulons nous assurer que tout le monde est un utilisateur expert de cette technologie », a-t-il déclaré.  


Les panélistes ont convenu que l’avenir du travail passait par l’intégration de l’IA de manière à renforcer le potentiel humain tout en maintenant un contrôle éthique. Ils ont tous souligné l’importance de renforcer la confiance à l’égard de l’IA, de perfectionner les compétences des employés et de favoriser un accès inclusif à la technologie.