Dans un contexte d’incertitude économique, les marchés mondiaux du crédit gagnent en souplesse et en dynamisme afin de mieux répondre à l’évolution des besoins.
C’était là le thème central du dîner-causerie intitulé « Le crédit, le capital et la confiance : faire face aux risques mondiaux et saisir les occasions », dans le cadre du 19e Forum annuel mondial de Toronto organisé par le Forum économique international des Amériques (FEIA).
Le dîner-causerie comprenait les intervenants suivants :
Kevin Sherlock, chef, Solutions de capital d’emprunt et crédit privé, BMO Marchés des capitaux
Joseph Pinto, chef de la direction, M&G Investments
Duane Green, chef de la direction, Aviva Investors (animateur)
Les marchés du crédit sont de plus en plus dynamiques
Les marchés du crédit d’aujourd’hui sont plus dynamiques qu’ils ne l’ont jamais été, a expliqué Kevin Sherlock, de BMO, en soulignant qu’il existe plusieurs façons pour les entreprises d’avoir accès à du capital pour répondre à leurs besoins, le crédit privé devenant une source de crédit de plus en plus courante, en plus des prêts bancaires.
« Certaines entreprises peuvent soutenir un levier financier supérieur à ce que les banques sont autorisées à faire, et le crédit privé est susceptible de combler cet écart », a déclaré M. Sherlock.
Cette thématique est particulièrement importante aujourd’hui, les activités de fusions et d’acquisitions ayant fortement augmenté au cours des derniers trimestres. Dans ce contexte, il est important que les entreprises aient l’assurance de pouvoir accéder à des titres de créance pour financer une transaction, a expliqué M. Sherlock.
Pour financer les transactions, les banques collaborent de plus en plus avec des prêteurs privés, offrant ainsi des solutions de financement hybrides. BMO a été l’un des initiateurs de cette tendance, en créant des coentreprises de crédit privé avec Oak Hill Advisors et Canal Road Group afin d’offrir des solutions de financement privé à nos clients capital-investisseurs.
« Le marché du crédit privé et les marchés du crédit consortial sont en équilibre, a expliqué M. Sherlock. Il existe davantage d’occasions de mobilisation de capitaux, pour les sociétés par actions et les capital-investisseurs sur les marchés publics et privés, qui peuvent être optimisées pour atteindre les objectifs stratégiques de l’entreprise. »
Hausse du crédit privé
À la tête d’une société mondiale de gestion d’actifs détenant pour 400 milliards de dollars américains d’actifs sous gestion, dont environ 30 milliards de dollars américains en crédit privé, Joseph Pinto, de M&G Investments, partage un point de vue similaire sur l’évolution des marchés des titres de créance. Aujourd’hui, le marché des titres de créance englobe le crédit, le financement à levier financier et le financement reposant sur l’actif, offrant un soutien essentiel aux entreprises, en particulier celles de taille moyenne, en cherchant du capital en dehors des circuits bancaires traditionnels, a expliqué M. Pinto.
À l’échelle géographique, la réalité du crédit privé varie. Les États-Unis sont les champions de l’adoption du crédit privé, qui surpasse le crédit traditionnel. « Aux États-Unis, ce sont 75 % des prêts qui proviennent désormais des marchés privés, comparativement à seulement 25 % qui viennent des banques traditionnelles, a-t-il dit. En Europe, c’est le contraire. »
Les exigences plus élevées en matière de capital expliquent en partie pourquoi la croissance du marché européen n’a pas égalé celle des États-Unis, même si M. Pinto a déclaré que l’Europe et l’Asie développaient rapidement leurs écosystèmes de crédit. Les secteurs émergents profitent particulièrement de la souplesse du crédit privé, comme ceux des infrastructures et de la transformation numérique.
La transition énergétique est un autre domaine qui permet à l’Europe de faire croître ses marchés du crédit privé, à mesure que la région tente d’accroître son indépendance énergétique.
Un environnement de crédit en évolution
Dans l’ensemble, le marché du crédit privé croît rapidement. Les organismes de réglementation aimeraient voir une plus grande transparence et une amélioration de la liquidité, en particulier en Europe, a déclaré M. Pinto, en ajoutant qu’il doit exister un équilibre.
Comme Duane Green, d’Aviva Investors, l’a souligné dans son mot d’ouverture, il est essentiel de trouver un équilibre non seulement pour les prêteurs, mais aussi pour l’économie mondiale. « Le crédit est le moteur de la croissance, le capital en est le fondement, et la confiance est ce qui lui permet de continuer », a-t-il ainsi déclaré.
Les taux d’intérêt élevés et l’inflation ont contribué à alimenter la croissance du crédit privé, mais l’environnement est en évolution, selon M. Sherlock.
À l’heure actuelle, il existe un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché, a-t-il expliqué, la forte demande faisant baisser les coûts d’emprunt. Cela crée un marché solide pour les sociétés prêteuses.
« Tout dépend de la qualité du crédit, de là où vous voulez faire fructifier votre argent », selon lui.
Les intervenants ont convenu que le crédit privé continuerait d’être utilisé comme complément aux prêts bancaires pour financer la croissance de l’économie mondiale. Les modèles de financement hybrides sont un moyen particulièrement important de répondre à l’évolution des besoins des entreprises qui doivent composer avec les risques mondiaux et les nouvelles occasions.
