L’Arabie saoudite, qui produit environ 11 % du pétrole mondial, se tourne vers d’autres ressources essentielles afin de diversifier son économie.
J’ai eu le privilège de m’asseoir avec Son Excellence Khalid Al-Mudaifer, vice-ministre chargé des affaires minières pour le Royaume d’Arabie saoudite, à l’occasion de la 34e Conférence mondiale annuelle de BMO sur le secteur des mines, des métaux et des minéraux critiques, pour en savoir plus sur la transformation économique du pays.
Depuis que l’Arabie saoudite a lancé son programme Vision 2030, en 2016, le pays a déjà investi 20 milliards de dollars américains de son plan de 100 milliards de dollars en vue de faire du secteur minier le troisième pilier de son économie. Vision 2030 n’est pas seulement un concept, la mise en œuvre de ce plan étant déjà entreprise.
Ces investissements aideront l’Arabie saoudite à réaliser son ambition de devenir un carrefour des minéraux pour la « super région » qui comprend l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie centrale et l’Asie du Sud. Comme M. Al-Mudaifer me l’a expliqué lors de notre entretien, le travail en cours favorise la transformation non seulement du secteur minier, mais aussi de l’ensemble de l’Arabie saoudite.
L’exploitation minière est essentielle à l’avenir de l’Arabie saoudite
Comme l’a expliqué M. Al-Mudaifer, qui siège également au conseil d’administration de Ma’aden, la plus importante société minière et métallurgique du pays, l’Arabie saoudite a considérablement augmenté ses dépenses d’exploration, les faisant passer de 25 millions de dollars américains en 2018 à 500 millions aujourd’hui. En parallèle, le nombre de sociétés d’exploration au pays est passé de moins de 10 à plus de 130 au cours des dernières années.
L’Arabie saoudite a déjà fait des progrès, notamment en réduisant la durée du processus d’approbation des permis d’exploration de six mois à 90 jours d’ici la fin de l’année, en lançant un programme national d’exploration et d’exploitation minière pour l’aider à répondre à la demande mondiale pour les minéraux, en développant des capacités locales en matière d’exploration et d’exploitation minière, et en lançant le Future Minerals Forum, un événement international annuel axé sur le développement de ses ressources minières.
M. Al-Mudaifer a par ailleurs expliqué que le pays vise également à devenir l’un des principaux producteurs et exportateurs d’engrais dans le monde pour aider à assurer la sécurité alimentaire, et un important producteur d’acier et d’aluminium à faible teneur en carbone.
« Nous sommes conscients des nombreux défis auxquels le secteur minier fait face, notamment le manque d’exploration, et le manque de dépenses ou la faiblesse de celles-ci, a-t-il souligné lors de notre discussion. Nous voyons notre rôle non seulement comme un soutien à l’Arabie saoudite, mais aussi comme une aide pour l’ensemble du monde. »
Faire de l’Arabie saoudite un catalyseur de l’investissement mondial dans le secteur minier
Poursuivant la conversation au sujet de l’Arabie saoudite, j’ai animé, à la suite de mon entretien avec M. Al-Mudaifer, une table ronde à laquelle ont participé des chefs de la direction de Ma’aden, de la Manara Minerals Investment Company (un fonds de capital-risque créé en 2023 entre Ma’aden et le Saudi Arabia’s Public Investment Fund dans le but d’investir dans les actifs miniers à l’échelle mondiale) et Vale.
Une grande part de l’objectif de l’Arabie saoudite est de devenir un catalyseur du développement des minéraux à l’échelle mondiale, en particulier dans le domaine des matériaux de transition pour les technologies à faibles émissions de carbone. Un récent rapport estime que 5 400 milliards de dollars américains de nouveaux investissements nets seront requis d’ici 2035 pour répondre à la demande croissante pour ces matières.
Comme l’a expliqué Pierre Chenard, chef de la direction de Manara, durant la table ronde, des événements comme la conférence mondiale de BMO sur le secteur des mines, des métaux et des minéraux critiques, qui réunit des leaders mondiaux du secteur, sont très importants en ce moment. « Nous comprenons tous, par notre simple présence ici cette semaine, à quel point la collaboration est importante pour l’avenir de notre secteur et pour notre capacité à répondre aux demandes de la société et en ce qui a trait à l’approvisionnement en métaux », a-t-il déclaré.
Investir dans les technologies minières
Les panélistes ont également parlé de l’importance de la technologie pour l’avenir de l’industrie minière. Comme l’a expliqué Bob Wilt, chef de la direction de Ma’aden, l’investissement dans la technologie sera essentiel pour faire progresser l’exploration et l’exploitation et pour répondre à la demande croissante de produits miniers.
Il a décrit comment les technologies les plus récentes qui servent à l’exploration permettent d’analyser les échantillons issus du carottage quelques secondes après qu’ils aient été extraits du sol, plutôt que d’avoir à les envoyer dans un laboratoire et à attendre des semaines pour obtenir les résultats. Selon M. Wilt, la nouvelle technologie d’exploration par satellite peut également analyser le terrain et repérer les bons endroits pour forer, ce qui contribue à accélérer le processus d’exploration et d’exploitation minière en Arabie saoudite.
« La durée qui s’écoule entre la découverte d’un gisement et sa mise en exploitation est d’environ 20 ans. J’ai dit à mon conseil d’administration qu’en faisant appel à une technologie de pointe, au traitement numérique et à de meilleures techniques, nous pourrions probablement raccourcir ce délai à neuf ans », a souligné M. Wilt.
Il y a un intérêt à accélérer davantage cet échéancier. Réduire de moitié la durée du cycle de la façon de faire traditionnelle n’est pas suffisant, a-t-il dit. « Nous devons faire encore mieux, ce qui requiert de la technologie et une façon de penser totalement différente. »
Rendre l’exploitation minière plus sécuritaire et plus respectueuse de l’environnement
Les investissements dans la technologie vont au-delà de la découverte de nouveaux gisements. Comme l’a expliqué Gustavo Pimenta, chef de la direction de Vale, la technologie aide également les entreprises à réduire leurs coûts, à améliorer la sécurité et à rendre leurs activités plus respectueuses de l’environnement. Il a fait savoir que la mine la plus performante de son entreprise était son site entièrement autonome situé au Brésil.
M. Pimenta a expliqué que selon lui, le secteur ne faisait qu’effleurer la surface en ce qui concerne l’utilisation de la technologie pour découvrir de nouvelles occasions de développement. « Il s’agit d’une excellente occasion pour nous d’investir et d’être plus efficaces, de réduire les risques, d’être plus productifs et d’accélérer la mise en marché », a-t-il expliqué.
M. Wilt a expliqué qu’il travaille à la création d’un fonds de capital-risque pour le développement de l’exploration afin de contribuer à l’expansion des activités minières en Arabie saoudite, qui serait utilisé pour faire de l’exploration et exploiter des mines, déployer des technologies de pointe sur les sites miniers, et attirer les meilleurs talents et les générations futures d’employés.
« Nous devons faire mieux pour expliquer les choses, afin que l’utilisation de la technologie permette non seulement de résoudre certains des problèmes traditionnels de l’exploitation minière, mais aussi d’attirer la prochaine génération de talents », a-t-il dit.