Le 5 mai, Andre Salvi, premier vice-président et chef, Financement aux concessionnaires, Amérique du Nord, a animé une discussion avec deux experts de BMO qui ont fait part de leurs observations sur les répercussions du contexte commercial actuel sur le secteur automobile aux États-Unis et au Canada. Erik Johnson, économiste principal et vice-président, Études économiques BMO, et Tamy Chen, CFA, analyste, Consommation, BMO Marchés des capitaux, ont contribué à mettre la situation en contexte en offrant leur point de vue sur les effets économiques et sectoriels potentiels de la politique tarifaire actuelle des États-Unis.
Voici un résumé des renseignements clés.
Principaux points à retenir
Andre Salvi a demandé à Tamy Chen et à Erik Johnson de présenter leurs principaux points à retenir en ce qui concerne la posture que le secteur de l’automobile devrait adopter dans le contexte tarifaire actuel. Erik Johnson a indiqué qu’il est important de se concentrer sur les aspects de l’activité que l’on est en mesure de contrôler. « Les opérations fixes et les services ne sont pas directement touchés par les tarifs douaniers et ceux-ci pourraient même être à leur avantage s’ils poussent le consommateur moyen à conserver un véhicule un peu plus longtemps. »
Pour Tamy Chen, les derniers changements apportés aux tarifs douaniers propres au secteur automobile (article en anglais seulement) ont envoyé un signal encourageant. « Il n’y a plus d’effet cumulatif des tarifs douaniers, de sorte que si l’on paye des tarifs automobiles, on n’en paye pas aussi sur l’acier et l’aluminium, a-t-elle expliqué. « Et les pièces automobiles conformes à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) qui entrent aux États-Unis en sont exemptées. La meilleure issue est que cette incertitude se résorbe le plus tôt possible, car le secteur automobile ne peut pas aller de l’avant de façon significative si les constructeurs et les fournisseurs pensent que ces politiques risquent encore d’être bouleversées à l’avenir. »
Impacts économiques
Erik Johnson a souligné qu’une grande partie de l’incertitude découle d’un manque de visibilité sur ce que l’avenir pourrait avoir en réserve. « Personne n’arrive vraiment à se faire une idée des règles du jeu pour la semaine prochaine, et encore moins pour les trois, cinq ou dix prochaines années, a-t-il dit. « Cela complique les activités. »
Pour le moment, a-t-il déclaré, on peut partir du principe que les tarifs de base de 10 % demeureront en vigueur à court terme. La grande question pour l’économie est de savoir pendant combien de temps les mesures plus punitives, comme la taxe de 145 % sur les biens en provenance de la Chine, se poursuivront. Les conséquences se répercuteront en cascade des volumes de fret océanique aux activités portuaires, puis au camionnage et au transport ferroviaire, avant de toucher le marché du travail et les prix de détail. Avant l’entrée en vigueur des tarifs douaniers, le produit intérieur brut des États-Unis a diminué à un taux annuel de 0,3 % au premier trimestre (en anglais seulement).
« S’ils ne renoncent pas [aux tarifs douaniers les plus sévères], il faut s’attendre à des prévisions significativement plus faibles pour les États-Unis à l’avenir », a indiqué Erik Johnson.
Répercussions sur les ventes de véhicules
Compte tenu de l’approche échelonnée à l’égard des tarifs douaniers dans le secteur automobile, Tamy Chen a indiqué que la réponse des constructeurs automobiles américains est restée modérée jusqu’à présent, tandis que les grands fournisseurs canadiens n’ont été que peu directement touchés. « C’est parce que la politique américaine a été très volatile et pourrait encore changer, a-t-elle déclaré. « Les constructeurs sont dans une situation difficile. « Personne ne va prendre de grandes décisions en modifiant ses volumes de production ou sa présence alors que cette politique suit un schéma imprévisible. »
Tamy Chen a souligné que les ventes de véhicules aux États-Unis ont connu une hausse en mars et en avril, car les consommateurs se sont précipités pour acheter des voitures neuves avant une augmentation potentielle des prix plus tard cette année. Mais à mesure que l’année avance, elle voit des répercussions directes et indirectes potentielles sur le secteur.
« À l’avenir, nous pourrions voir un plus grand nombre de constructeurs annoncer un arrêt de production pour leurs plateformes les plus exposées aux tarifs douaniers, a-t-elle déclaré.
Selon elle, bien que l’objectif déclaré des tarifs douaniers soit de rapatrier une plus grande partie de la production aux États-Unis, il s’agit d’une entreprise coûteuse et complexe qui prendra des années. Et même si le problème est moins vif pour les trois grands constructeurs automobiles de Détroit (Ford, General Motors et Stellantis), qui fabriquent déjà leurs véhicules en Amérique du Nord, il y a d’autres occasions potentielles.
« Les trois grands de Détroit, dont les véhicules sont moins taxés, pourraient prendre une part de marché aux véhicules importés, a-t-elle déclaré. « Et si les constructeurs étrangers veulent établir des installations de production en Amérique du Nord, cela constitue une occasion supplémentaire pour les fournisseurs nord-américains. »