Le Rapport sur le marché vinicole de BMO de 2025, qui a été publié plus tôt en mai, a révélé que les marchés américains et canadiens demeurent prudemment optimistes, même si le secteur vinicole nord-américain se rapproche d’un tournant décisif.
Pour en savoir plus sur la façon dont les entreprises vinicoles relèvent leurs défis, j’ai rencontré certains des principaux experts du secteur à l’occasion de la 20e Conférence annuelle sur les marchés agricoles et les produits chimiques à New York :
Francesca Guidi, première directrice générale, Vins et spiritueux de BMO
Andrew Adams, rédacteur-réviseur, WineBusiness
Jon Moramarco, Associé directeur des services-conseils sur les boissons alcoolisées, bw166
Voici quelques-uns des éléments clés à retenir de cette discussion.
Perspectives de la demande
Cette année, le Rapport sur le marché vinicole de BMO a été élargi pour inclure les marchés américain et canadien, ainsi qu’un sondage auprès des consommateurs réguliers de vin.
Bien que 62 % des vignerons américains prévoient une augmentation de leurs ventes totales en 2025, ce pourcentage est en baisse par rapport à 71 % en 2024. De plus, bien que la baisse de la demande soit un facteur du ralentissement, les défis liés à la distribution pèsent également sur le secteur, qui doit composer avec la hausse des coûts et les problèmes de gestion des stocks.
Les récentes perturbations commerciales pourraient exercer des pressions sur certains producteurs américains, car le Canada demeure le principal marché d’exportation pour les établissements vinicoles américains. Comme l’a expliqué Andrew Adams, rédacteur-réviseur du Wine Analytics Report, une publication numérique mensuelle qui couvre l’industrie vinicole américaine, même si le Canada représente une part relativement faible de l’ensemble des activités américaines, aura tout de même une incidence considérable sur les établissements vinicoles qui exportent au nord de la frontière.
Contrairement au marché américain, le vin représente une part plus élevée de l’ensemble du marché des boissons du Canada. Selon notre sondage, environ 70 % des vignerons canadiens s’attendent à ce que leurs ventes totales augmentent en 2025.
Un secteur qui fait face à des défis
Jon Moramarco, coauteur du Rapport sur le marché vinicole de BMO de 2025 et dont l’entreprise bw166 se spécialise dans l’analyse de données dans le secteur des boissons alcoolisées, a expliqué certaines des raisons de ces changements. Par exemple, un changement dans les messages généraux sur la santé concernant la consommation d’alcool.
Depuis la pandémie, l’accent est mis de plus en plus sur la santé et le mieux-être. Bien que le « Dry January » existe depuis des années, « Sober October » a rejoint les rangs des raisons de ne pas boire. M. Moramarco a également souligné qu’en vieillissant, les gens ont naturellement tendance à boire moins d’alcool. Étant donné que les baby-boomers sont les plus grands consommateurs de vin depuis les années 1990, le fait qu’ils boivent moins en raison de leur âge a une incidence sur les ventes globales.
Francesca Guidi a cité l’évolution des goûts des consommateurs comme une autre raison du déclin, le groupe des 21 à 39 ans préférant boire une plus grande variété d’alcools. « Il y a beaucoup plus de diversité et beaucoup moins de clients fidèles, même s’ils boivent fréquemment du vin », a-t-elle dit.
Un secteur en transition
Andrew Adams a souligné qu’il y a des signes que le secteur subit ce qu’il a décrit comme un changement monumental. Il a mentionné la Californie à titre d’exemple, où les agriculteurs viennent de retirer le plus grand nombre de vignes dans l’histoire de la culture du raisin de l’État. « Plusieurs centaines de milliers de tonnes de raisins n’ont pas été cueillies l’an dernier », a-t-il dit. Bien qu’une partie de ce nombre soit attribuable au fait que c’était également le bon moment pour extraire ces vignes, cela reflète également une baisse de la demande.
Pour étayer cet argument, M. Adams a souligné une augmentation du nombre d’établissements vinicoles importants – ceux qui produisent des produits de qualité et qui font tout ce qui est nécessaire pour réussir – qui ont été mis en vente au cours de la dernière année.
Il y a des raisons d’être optimiste
Malgré les obstacles auxquels le secteur fait face, il y a également lieu d’être optimiste, en partie grâce à la mise en place d’une résolution de problèmes novatrice. Par exemple, les ventes directes aux consommateurs et aux clubs vinicoles devraient augmenter l’an prochain, selon M. Adams.
Un nombre croissant d’établissements vinicoles offrent également des expériences de dégustation plus diversifiées, qu’il s’agisse d’options peu coûteuses ou de la possibilité d’offrir des expériences dans une ville ayant une base de vente directe établie. De plus en plus d’établissements vinicoles veillent également à ce que les salles de dégustation offrent des options de boissons non alcoolisées, et pas seulement du vin.
M. Moramarco a expliqué que les producteurs de vin pourraient également tirer parti de l’exploration de nouveaux marchés, comme les petits restaurants qui servent des aliments auxquels le secteur n’associe généralement pas le vin (p. ex., la nourriture vietnamienne ou péruvienne).
« Les défis en matière de marketing nécessitent un niveau d’innovation et d’investissement que le secteur vinicole n’a pas atteint au cours des années précédentes en raison de ces décennies de croissance soutenue, a souligné M. Adams. Maintenant, ils sont forcés d’y donner leur 100 %, et cela pourrait être une bonne chose. C’est une période emballante à certains égards. »