Watch the event replay: Navigating Tariffs: Economic and Market Impacts for Canada and the U.S.
(Disponible en anglais seulement)


Dans cet épisode de Marchés Plus, enregistré 5 mars, nos économistes et spécialistes des marchés de BMO discutent de l’incidence potentielle des tarifs douaniers américains sur l’économie et les marchés au Canada et aux États-Unis. 


Après l’imposition par les États-Unis de tarifs douaniers sur les produits en provenance du Canada, les chefs d’entreprise et les investisseurs ont tout intérêt à ne pas céder à la panique et à adopter une approche attentiste. Ce message clé émane d’un groupe d’experts de BMO qui ont commenté la décision de l’administration Trump d’imposer un tarif douanier de 25 % sur des milliers de produits canadiens et un tarif douanier de 10 % sur les importations d’énergie.


L’incidence des tarifs douaniers sur les économies américaine et canadienne et la manière dont les investisseurs doivent réagir à ce nouveau contexte ont été au centre de l’événement numérique intitulé « Composer avec les tarifs : Répercussions sur l’économie et le marché pour le Canada et les États-Unis ». Camilla Sutton, première directrice générale et chef, Recherche sur les actions, Canada et Royaume-Uni à BMO Marchés des capitaux, a animé la conversation entre Doug Porter, économiste en chef de BMO, et Yung-Yu Ma, chef des placements à BMO Gestion de patrimoine, États-Unis.


Même si les tarifs douaniers imposés au Canada et au Mexique ont été officiellement instaurés le 4 mars, la situation demeure stable. Moins de 24 heures après l’entrée en vigueur des tarifs douaniers, le président américain Donald Trump a déclaré qu’il offrirait une exemption d’un mois pour l’imposition de tarifs douaniers dans le secteur de l’automobile. Ce sursis devrait durer jusqu’au début d’avril, période à laquelle les États-Unis prévoient de mettre en place des tarifs douaniers supplémentaires qui s’appliqueraient vraisemblablement aussi au Canada et au Mexique.


Un problème croissant

Bien que l’incidence exacte que les tarifs douaniers auront sur les économies américaine et canadienne fasse toujours l’objet de débats, la hausse de l’inflation et le ralentissement de la croissance sont tous deux préoccupants. Selon Doug Porter, la menace imminente d’une augmentation des tarifs douaniers au Canada pèsera lourdement sur les perspectives de croissance et atténuera le contexte commercial, ce que les premiers indicateurs économiques semblent indiquer. « Avant, on tablait sur une croissance de près de 2 % au Canada, alors qu’aujourd’hui, on s’attend à une croissance qui se situerait entre zéro et un demi-pour cent pour cette année. »


M. Porter prévoit une hausse de l’inflation d’environ un demi-point de pourcentage cette année, ce qui devrait s’estomper d’ici l’an prochain. Les tarifs douaniers n’ont pas encore eu beaucoup d’incidence sur le dollar canadien, mais cette tendance ne se poursuivra probablement pas si le conflit persiste. « Nous pensons que le dollar canadien finira par baisser », a-t-il indiqué. Il a ajouté que l’avantage secondaire d’un huard plus faible est que ce dernier atténuera l’incidence des tarifs douaniers.


Bien que l’incidence des tarifs douaniers soit plus prononcée au Canada, l’économie américaine en ressentira également les effets négatifs. « Nous prévoyons une réduction de la croissance du PIB américain d’un quart à un demi-pour cent cette année et l’an prochain », a déclaré M. Porter.


Les tarifs douaniers ne sont pas la seule chose à laquelle les investisseurs doivent prêter attention. Les données économiques américaines montrent que le pays est confronté à des défis provoqués par les perturbations et les mises à pied provoquées par le Départment de l’efficacité gouvernementale (DOGE). Ces coupures, combinées aux tarifs douaniers réciproques, pourraient entraîner un recul des dépenses et des restrictions budgétaires accrues, la persistance de l’incertitude nuisant à la confiance des consommateurs et des entreprises, a expliqué M. Porter.


« En fin de compte, ce que cela signifie pour l’économie, et il y a tellement de facteurs fluctuants et d’inconnues, est que l’incidence nette sera une croissance plus faible, en particulier au Canada, et une l’inflation un peu plus élevée, probablement un peu plus aux États-Unis », a déclaré M. Porter. Bien entendu, tout dépend de la durée de validité des tarifs douaniers, a-t-il ajouté.


Le risque de récession

Dans un contexte d’incertitude économique, M. Porter a déclaré qu’il hésite à utiliser le mot en « R », à moins qu’il ne soit très clair que c’est dans cette direction que nous allons. La variable clé de l’équation est la durée des tarifs douaniers. « S’ils devaient perdurer pendant un an, il serait très difficile pour l’économie canadienne d’éviter au moins une récession technique. Mais il n’est pas du tout certain qu’ils dureront aussi longtemps. »


En ce qui concerne la fin de l’année, Yung-Yu Ma a fait remarquer que les données fondamentales qui sous-tendent l’économie, y compris la prolifération de l’intelligence artificielle et la rentabilité durable des sociétés, demeureront favorables. « Le problème, c’est que ces perturbations à court terme sont très graves et qu’elles domineront les manchettes et l’humeur des investisseurs pendant un certain temps. »


Préoccupations liées aux capitaux

Dans ce contexte, M. Ma a suggéré aux investisseurs de conserver une partie de leurs liquidités et d’adopter une approche plus neutre ou de prolonger la durée des titres à revenu fixe, en particulier si les tarifs douaniers demeurent en vigueur. « Cela procurera un élément de stabilité, a-t-il expliqué. Mais vous ne voulez pas être fermés. De bonnes occasions pourraient se présenter, mais vous voudrez peut-être attendre de très bonnes ou même d’excellentes occasions avant de déployer de nouveaux capitaux. »


Malgré tout, M. Ma ne considère pas la guerre tarifaire comme un problème systémique. « Je ne crois pas que le président puisse maintenir cette guerre commerciale pendant longtemps, a déclaré M. Ma. Mais les marchés s’annoncent cahoteux. Nous ne sommes même pas rendus à mi-parcours. »


À court terme, il a insisté sur la nécessité de faire preuve de patience et d’éviter de céder à la panique et de vendre, et d’essayer d’être opportuniste sans se concentrer sur les données fondamentales. « C’est plutôt le moment de faire preuve de patience et de trouver des occasions à long terme et de comprendre que cette période pourrait être très volatile », a-t-il déclaré.