Malgré l’incertitude commerciale suscitée par les tarifs douaniers américains sur les importations canadiennes, l’économie canadienne a mieux résisté que prévu.
Perspectives pour 2026
Nous nous attendons à ce que l’économie canadienne progresse d’un peu plus de 1 % en 2025 et 2026. Cette croissance est inférieure à la moyenne, mais ne signale pas une récession. La conjoncture n’a pas été facile, mais nous avons récemment observé des signes encourageants qui indiquent que la situation s’améliore légèrement. L’économie devrait être plus vigoureuse en 2026 qu’en 2025.
La consommation des ménages a soutenu l’économie. La campagne « J’achète canadien » a aidé, et de plus en plus de personnes voyagent plus près de chez elles. De plus, il ne fait aucun doute que les dépenses du gouvernement fédéral ont également soutenu la croissance économique.
Même si l’économie a réussi à éviter la récession, le marché de l’emploi continue de faiblir. Le taux de chômage n’a fait que grimper au cours de l’année qui vient de s’écouler, pour finalement se rapprocher des 7 % il y a peu. Cependant, sur le marché de l’emploi, de nombreux emplois ont été créés en septembre et en octobre, ce qui donne à penser que les employeurs reprennent peut-être un peu confiance.
Nous nous attendons à ce que le taux de chômage augmente légèrement au premier semestre de 2026; il pourrait passer la barre des 7 %. Néanmoins, nous attendons à ce qu’il baisse au deuxième semestre de l’année, sous l’effet d’une croissance économique plus vigoureuse et d’une croissance démographique plus faible.
Compte tenu de ces perspectives pour 2026, examinons les principaux facteurs qui sous-tendent l’économie.
Dépenses publiques
Pour la première fois depuis un an et demi, le Canada a un budget fédéral. Ce dernier est important, car il assure la continuité des mesures prises tout au long de l’année pour renforcer l’économie canadienne dans un contexte d’incertitude commerciale. Le gouvernement a énormément dépensé dans les secteurs des infrastructures, de la défense et du soutien aux entreprises touchées par les tarifs douaniers, entre autres. Ces dépenses expliquent en grande partie pourquoi le déficit budgétaire avoisine les 80 milliards de dollars aujourd’hui alors qu’il y a un an, les prévisions tablaient sur environ 40 milliards de dollars.
En pourcentage de l’économie, ce déficit représentera environ 2,5 % du PIB cette année. L’objectif est de le ramener à 2 % en 2026, à mesure que l’économie s’améliorera.
Tarifs douaniers
La position du Canada dans le conflit commercial n’est pas aussi préoccupante qu’elle le paraissait plus tôt cette année. Le taux tarifaire moyen que les États-Unis appliquent sur les importations de biens canadiens se situe entre 6 % et 7 %, comparativement aux 17 % imposés en moyenne au reste du monde.
En outre, les tarifs douaniers sur les importations ciblent fortement certains secteurs, comme l’acier et l’aluminium, le bois d’œuvre, les automobiles et les pièces automobiles non conformes à l’ACEUM. Ces secteurs sont importants, mais ils ne représentent qu’une part relativement restreinte de l’économie.
Ce soulagement se manifeste dans la façon dont les consommateurs et les entreprises ont réagi aux tarifs douaniers. Au premier semestre de l’année, ces deux indicateurs ont été aussi négatifs qu’au cours des 20 dernières années. Ces derniers mois, cependant, la confiance des consommateurs et des entreprises s’est améliorée. Ils demeurent prudents, mais pas aussi réticents qu’ils l’étaient plus tôt cette année.
Inflation
La faiblesse du marché de l’emploi et de la croissance économique globale n’a eu qu’un seul avantage : elle a contribué à contenir l’inflation. Celle-ci est presque revenue à des niveaux normaux après avoir augmenté en 2021 et 2022. Nous sommes d’avis que l’inflation restera proche de 2 % en 2026, avec une légère tendance à la hausse. La baisse des prix de l’énergie a certes apporté un certain soulagement, mais les prix des aliments et les dépenses liées à la maison demeurent problématiques pour l’économie.
Politique monétaire
Depuis juin 2024, le taux du financement à un jour de la Banque du Canada est passé de 5 % à 2,25 %, ce qui témoigne d’un rythme de baisse soutenu. La Banque a clairement indiqué qu’elle ne réduirait plus les taux d’intérêt. Cependant, si la croissance économique est inférieure aux attentes, nous pensons que la Banque du Canada pourrait tout de même décider d’abaisser encore une fois les taux d’intérêt, surtout dans ce contexte marqué par l’incertitude commerciale persistante, par un taux de chômage élevé et par une inflation globale avoisinant les 2 %.
En fin de compte, même si l’économie canadienne a éprouvé des difficultés en 2025, elle a réussi à éviter une récession, et ce, malgré l’incertitude commerciale. À l’approche de 2026, le contexte économique est plus favorable.
Perspectives régionales
Même si l’économie canadienne semble globalement se stabiliser, les perspectives peuvent varier selon les régions. Robert Kavcic, directeur général et économiste principal, BMO Marchés des capitaux, a fait part de son analyse des économies régionales. Voici ce qui ressort de ses commentaires.
Atlantique
La croissance économique a surpassé la moyenne nationale en 2025. Même si BMO s’attend à ce que la région tire légèrement de l’arrière par rapport au Canada en 2026, son rendement est relativement bon, la petite économie de la région de l’Atlantique progressant habituellement à un rythme plus lent que le reste du pays.
Le Canada atlantique est relativement à l’abri des conséquences tarifaires, comparativement aux provinces plus vastes comme le Québec et l’Ontario.
L’immobilier résidentiel a fait bonne figure. Les stocks partent rapidement et, même si les prix des logements sont près de sommets records, la région est toujours abordable par rapport aux autres provinces.
Québec
Comme les secteurs de la région sont fortement exposés aux répercussions tarifaires, nous nous attendons à ce que la croissance économique au Québec soit à la traîne en 2025 et 2026.
Le marché de l’emploi est relativement stable, le taux de chômage se situant entre 1 % et 1,5 %, ce qui est inférieur à la moyenne nationale, mais des signes donnent à penser qu’une partie de l’incertitude liée aux tarifs douaniers se répercute sur les entreprises manufacturières des régions rurales.
Le secteur du logement résidentiel est un atout pour la province, car Montréal et la ville de Québec comptent parmi les marchés les plus vigoureux du pays.
Ontario
S’il y a une région en difficulté au sein de l’économie canadienne, c’est bien l’Ontario. Les perspectives de BMO pour 2026 à l’égard de l’économie de cette province sont bien inférieures à la moyenne nationale.
Le conflit commercial et la correction du marché immobilier sont les difficultés les plus importantes auxquelles elle fait face.
Sur une note positive, si certains éléments prennent une direction favorable à l’économie canadienne, comme la conclusion d’un accord commercial avec les États-Unis avant le renouvellement de l’ACEUM en juillet 2026, la confiance des entreprises se redressera plus rapidement en Ontario.
Prairies
La croissance dans cette région est largement supérieure à la moyenne nationale et devrait le rester en 2026, en grande partie grâce à l’économie de l’Alberta, qui repose sur le pétrole et qui a donc peu souffert des tarifs douaniers.
Les prix des logements dans cette région approchent de sommets records et évitent globalement les pressions à la baisse sur les prix qui touchent d’autres marchés.
Colombie-Britannique
BMO s’attend à une croissance supérieure à la moyenne dans cette région en 2026, car elle est à l’abri de nombreuses difficultés qui pèsent sur l’économie nationale.
La Colombie-Britannique est moins exposée au commerce avec les États-Unis que des régions comme l’Ontario et le Québec.
Elle est toutefois confrontée aux mêmes facteurs inflationnistes qui ont une incidence sur l’économie nationale, notamment les prix élevés des aliments, la correction du marché de l’habitation et le ralentissement du marché de l’emploi.