La promesse de nouvelles technologies novatrices, comme l’intelligence artificielle (IA), nécessitera une croissance importante de la capacité de production d’électricité. Cela pourrait générer des occasions de renforcer les liens entre les États-Unis et le Canada en matière d’énergie.
Selon le département de l’Énergie des États-Unis, les centres de données devraient consommer jusqu’à 12 % de toute l’électricité aux États-Unis d’ici 2028. Déjà, environ 60 % du pétrole brut, la quasi-totalité du gaz naturel et 85 % de l’électricité qu’importent les États-Unis proviennent du Canada, mais cela ne représente qu’environ 5 % à 10 % de la consommation totale du pays.
Compte tenu de ce besoin croissant d’énergie, les occasions au Canada et aux États-Unis ont été explorées dans le cadre de la table ronde sur l’alimentation des voies de l’avenir vers un paysage énergétique nord-américain résilient lors du troisième Sommet Canada–États-Unis annuel, organisé par BMO et le groupe Eurasia.
La table ronde comprenait :
Eric Chassard, président et chef de la direction, Bruce Power
Bruce Heyman, chef de la direction, Power Sustainable
John Risley, président du conseil d’administration, Arctic Economic Development Corporation
Rich Voorberg, ancien président, Siemens Energy North America
Luiza Savage, directrice de la rédaction, Washington Post Intelligence (animatrice)
Potentiel énergétique inexploité du Canada
Une grande partie de la discussion a porté sur l’électricité, une ressource abondante que John Risley, de l’Arctic Economic Development Corporation, a décrite comme étant encore inexploitée dans de nombreuses régions du Canada.
Par exemple, il est essentiel de tirer parti des puissants vents qui viennent de la côte de Terre-Neuve et du large de la Nouvelle-Écosse. Ensemble, ces deux sources pourraient générer entre 50 et 75 gigawatts d’énergie, soit beaucoup plus que les 5 gigawatts actuellement utilisés au Canada atlantique, explique-t-il.
« Nous parlons d’une énorme quantité d’électricité, et nous avons un marché aux États-Unis qui a soif de l’utiliser, a déclaré M. Risley. Nous devrions tous nous efforcer de bâtir des corridors énergétiques plus solides. »
Bruce Heyman, de Power Sustainable, a souligné que les sources d’énergie renouvelable deviennent de plus en plus efficaces. Par exemple, l’exploitation de l’énergie solaire est plus facile que pour les sources d’énergie traditionnelles, car elle devient souvent opérationnelle dans un délai de 12 à 24 mois, comparativement à environ quatre ans pour le gaz.
Les sociétés Power Corp. et Power Sustainable ont fait d’importants investissements dans l’énergie éolienne, l’énergie solaire et les batteries, a-t-il dit, et les améliorations technologiques – en particulier pour l’énergie solaire – les ont aidées à devenir plus concurrentielles.
L’énergie nucléaire est un autre élément important de l’infrastructure énergétique nord-américaine. Elle fournit maintenant le tiers de l’électricité de l’Ontario, a expliqué Eric Chassard, de Bruce Power. La capacité de réacteur de l’entreprise augmente dans le cadre d’un projet de mise à niveau continue financé dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) avec le gouvernement provincial.
Une fois le projet terminé en 2030, chaque réacteur de Bruce Power aura une capacité supplémentaire de 80 mégawatts. « Une fois que ce sera fait, le site aura l’équivalent d’un grand réacteur nucléaire supplémentaire, et ce, gratuitement, a-t-il dit. C’est l’électricité propre la moins coûteuse qu’on puisse produire. »
L’IA crée une hausse de la demande
La crise énergétique liée à l’IA mettra à l’épreuve les infrastructures existantes et créera de nouvelles occasions pour les producteurs d’énergie et les investisseurs, a déclaré Luiza Savage, du Washington Post. Anthropic, la jeune entreprise d’IA établie en Californie, estime que les États-Unis auront besoin d’une capacité d’au moins 50 gigawatts d’ici 2028 pour conserver une position de leader mondial dans le secteur de l’IA.
Mais Rich Voorberg, de Siemens Energy North America, a dit qu’il est encore trop tôt pour faire des prévisions de croissance précises. « La position que doit adopter notre secteur est flexible, a-t-il expliqué.
Pression sur le réseau
La demande croissante exercera une pression sur les infrastructures physiques déjà surchargées, ce qui signifie que le réseau énergétique nord-américain devra être agrandi et amélioré pour supporter une charge plus importante.
« Tout le monde aime parler de production d’énergie, a dit M. Voorberg, mais personne ne veut parler de transmission. » À l’heure actuelle, environ 80 % des transformateurs installés aux États-Unis proviennent de l’étranger, de sorte qu’à mesure que la transmission augmentera, les transformateurs seront en très forte demande.
Mais une fois que les transformateurs seront acquis et connectés au réseau, une autre question se posera, a-t-il ajouté. « Un réseau sera-t-il en mesure de supporter tout cela? À mesure que nous faisons les connexions, commençons-nous à causer des baisses de tension et des pannes de courant à divers endroits? »
Pour tirer parti des occasions émergentes, le secteur de l’énergie doit agir rapidement. Il en va de même pour le gouvernement canadien. M. Chassard a souligné la création récente d’un important bureau de projet par le gouvernement fédéral comme un signe positif de soutien à l’égard d’initiatives énergétiques à grande échelle. « Ce que je vois est très encourageant. »
Le contexte énergétique hautement dynamique d’aujourd’hui représente une occasion unique, a déclaré M. Heyman.