La transition énergétique contribuera au prochain super cycle
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La transition vers un monde carboneutre pourrait provoquer une flambée des prix des matières premières qui pourrait être encore plus longue, plus marquée et plus large que le super cycle d’une dizaine d’années survenu en réponse à une demande chinoise effrénée au début des années 2000, ont prédit des experts lors de la 30e Conférence mondiale sur les métaux et les mines de BMO.
Les participants à un atelier sur les Métaux de transition énergétique animé par l’analyste de BMO Marchés des capitaux spécialiste des matières premières, Colin Hamilton, ont également indiqué que le prochain super cycle serait le fait de plusieurs métaux et qu’il ne se limiterait pas à une seule région ni à un seul pays.
« La question est sur toutes les lèvres : d’où viendra le prochain gros pic de demande? Allons-nous un jour connaître un autre super cycle? », a indiqué Oskar Lewnowski, chef de la direction et chef des placements chez Orion Resource Partners.
« Je pense que ce que personne n’avait vraiment vu venir, c’est que la prochaine grosse source de croissance de la demande mondiale de métaux ne sera pas géographique; la croissance sera thématique et elle viendra de la transition énergétique. »
L’énergie, d’abord et avant tout
Que ce soit pour l’aluminium ou le cuivre utilisé dans les véhicules électriques ou les infrastructures de transmission, ou pour les métaux allant du cobalt au lithium, en passant par le nickel, que l’on retrouve dans les batteries pour véhicules électriques, la transition énergétique exercera des pressions sur les métaux dans l’ensemble du secteur sous l’effet des efforts déployés par les économies pour parvenir à la carboneutralité.
Les participants à l’atelier anticipent une forte croissance de la demande de minéraux et de métaux, allant du vanadium (que l’on retrouve dans les réacteurs nucléaires, la céramique et les aimants supraconducteurs) au nickel, en passant par le zinc, le platine et même l’étain.
Selon Charlie Durant, directeur de la recherche au CRU Group, la demande de cuivre et de nickel va faire des bonds énormes au cours des 20 à 25 prochaines années sous l’effet de la transition vers des carburants renouvelables et à mesure que la production de véhicules électriques deviendra la norme pour les constructeurs d’automobiles; le cuivre bénéficiera en outre de l’augmentation de la production d’énergie éolienne en mer et sur terre et de la production d’énergie solaire.
M. Durant a expliqué que, d’ici 2035, 33 % de la demande de nickel primaire viendrait des batteries électriques, contre 8 % à l’heure actuelle; la demande de cuivre raffiné en lien avec les véhicules électriques et les énergies renouvelables pourrait pour sa part atteindre 4,5 millions de tonnes en 2035, contre 1 million de tonnes aujourd’hui.
À titre de référence, au cours du dernier super cycle, la demande annuelle moyenne de matières premières essentielles avait augmenté à un rythme trois fois plus rapide que celui des 50 années précédentes, a expliqué M. Lewnowski, qui s’attend à ce que le cuivre et l’aluminium soit les grandes vedettes du prochain super cycle, à condition que les prix n’augmentent pas trop ni trop vite, ce qui risquerait d’inciter les consommateurs à chercher des solutions de rechange.
La question n’est pas de savoir si les prix augmenteront, mais comment ils fluctueront dans différents scénarios en fonction de l’intensité de l’offre et de la demande, a indiqué M. Durant.
« La situation évolue de manière spectaculaire », a-t-il souligné. « Bien que l’avenir soit incroyablement incertain, il se passe quelque chose qui aura des répercussions sur de nombreux produits de base différents. »
La durabilité, clé du succès
Pour que le super cycle puisse s’inscrire dans la durée, il faut que l’industrie soit en mesure d’attirer du financement pour pouvoir réaliser les quelque 160 milliards de dollars d’investissements nécessaires uniquement pour répondre au surcroît de demande qui viendra des énergies renouvelables au cours des 10 prochaines années.
Maintenant qu’une bonne partie du PIB mondial est consacré à la transition vers un avenir carboneutre (nombre de gouvernements un peu partout dans le monde cherchent à ramener leurs émissions de carbone à zéro d’ici 2050), le principal défi pour l’industrie consistera à attirer de nouveaux investissements.
Une partie du travail des entreprises d’exploitation minière consistera à convaincre les investisseurs que l’industrie ne se contente pas de produire les métaux nécessaires à la transition, mais qu’elle le fait de manière responsable et qu’elle participe pleinement à l’élaboration de solutions de production durables.
« La vraie question selon moi est de savoir comment nous faisons notre part », a indiqué Gillian Davidson, membre non exécutive du conseil d’administration et présidente du comité sur le développement durable de Central Asia Metals. « Et la deuxième question est de savoir comment on devient un partenaire en innovation. »
Mme Davidson souligne que le secteur minier fait preuve de beaucoup d’initiative et de leadership, mais que le plus important, c’est que la durabilité ne s’arrête pas à la mine et qu’elle se répande à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Elle explique qu’il est certes essentiel de réduire l’empreinte carbone des entreprises au niveau de la mine, mais qu’il importe également que l’industrie évalue l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement pour voir où elle peut réduire ses émissions de carbone et mettre en place des pratiques encore plus durables.
« On est en train de passer d’une posture du "nous sommes importants parce que vous avez besoin de nous" à "que pouvons-nous faire pour vous aider à régler vos problèmes et à atteindre certains objectifs ambitieux", explique-t-elle.
John Mulligan, directeur des relations avec le marché et responsable des changements climatiques au World Gold Council, estime lui aussi que si les entreprises d’exploitation minière en font plus pour montrer comment elles s’y prennent pour réduire leur empreinte carbone, elles attireront probablement de nouveaux investissements.
« C’est cette approche axée sur l’ensemble de la chaîne de valeur, combinée à l’augmentation de la demande d’énergies renouvelables, qui fera du prochain cycle un véritable super cycle », estime M. Lewnowski. « Pour que les ratios de valorisation puissent augmenter et pour susciter de davantage d’intérêt sur les marchés, il faut que l’industrie elle-même soit plus exemplaire dans sa production de métal... Nous devons placer la barre plus haut. »
La transition énergétique contribuera au prochain super cycle
Directrice, Finance durable
Magali Gable a rejoint l’équipe de Finance durable de BMO au début de 2020. Elle dessert les clients de BMO dans les secteurs de l’&e…
Magali Gable a rejoint l’équipe de Finance durable de BMO au début de 2020. Elle dessert les clients de BMO dans les secteurs de l’&e…
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La transition vers un monde carboneutre pourrait provoquer une flambée des prix des matières premières qui pourrait être encore plus longue, plus marquée et plus large que le super cycle d’une dizaine d’années survenu en réponse à une demande chinoise effrénée au début des années 2000, ont prédit des experts lors de la 30e Conférence mondiale sur les métaux et les mines de BMO.
Les participants à un atelier sur les Métaux de transition énergétique animé par l’analyste de BMO Marchés des capitaux spécialiste des matières premières, Colin Hamilton, ont également indiqué que le prochain super cycle serait le fait de plusieurs métaux et qu’il ne se limiterait pas à une seule région ni à un seul pays.
« La question est sur toutes les lèvres : d’où viendra le prochain gros pic de demande? Allons-nous un jour connaître un autre super cycle? », a indiqué Oskar Lewnowski, chef de la direction et chef des placements chez Orion Resource Partners.
« Je pense que ce que personne n’avait vraiment vu venir, c’est que la prochaine grosse source de croissance de la demande mondiale de métaux ne sera pas géographique; la croissance sera thématique et elle viendra de la transition énergétique. »
L’énergie, d’abord et avant tout
Que ce soit pour l’aluminium ou le cuivre utilisé dans les véhicules électriques ou les infrastructures de transmission, ou pour les métaux allant du cobalt au lithium, en passant par le nickel, que l’on retrouve dans les batteries pour véhicules électriques, la transition énergétique exercera des pressions sur les métaux dans l’ensemble du secteur sous l’effet des efforts déployés par les économies pour parvenir à la carboneutralité.
Les participants à l’atelier anticipent une forte croissance de la demande de minéraux et de métaux, allant du vanadium (que l’on retrouve dans les réacteurs nucléaires, la céramique et les aimants supraconducteurs) au nickel, en passant par le zinc, le platine et même l’étain.
Selon Charlie Durant, directeur de la recherche au CRU Group, la demande de cuivre et de nickel va faire des bonds énormes au cours des 20 à 25 prochaines années sous l’effet de la transition vers des carburants renouvelables et à mesure que la production de véhicules électriques deviendra la norme pour les constructeurs d’automobiles; le cuivre bénéficiera en outre de l’augmentation de la production d’énergie éolienne en mer et sur terre et de la production d’énergie solaire.
M. Durant a expliqué que, d’ici 2035, 33 % de la demande de nickel primaire viendrait des batteries électriques, contre 8 % à l’heure actuelle; la demande de cuivre raffiné en lien avec les véhicules électriques et les énergies renouvelables pourrait pour sa part atteindre 4,5 millions de tonnes en 2035, contre 1 million de tonnes aujourd’hui.
À titre de référence, au cours du dernier super cycle, la demande annuelle moyenne de matières premières essentielles avait augmenté à un rythme trois fois plus rapide que celui des 50 années précédentes, a expliqué M. Lewnowski, qui s’attend à ce que le cuivre et l’aluminium soit les grandes vedettes du prochain super cycle, à condition que les prix n’augmentent pas trop ni trop vite, ce qui risquerait d’inciter les consommateurs à chercher des solutions de rechange.
La question n’est pas de savoir si les prix augmenteront, mais comment ils fluctueront dans différents scénarios en fonction de l’intensité de l’offre et de la demande, a indiqué M. Durant.
« La situation évolue de manière spectaculaire », a-t-il souligné. « Bien que l’avenir soit incroyablement incertain, il se passe quelque chose qui aura des répercussions sur de nombreux produits de base différents. »
La durabilité, clé du succès
Pour que le super cycle puisse s’inscrire dans la durée, il faut que l’industrie soit en mesure d’attirer du financement pour pouvoir réaliser les quelque 160 milliards de dollars d’investissements nécessaires uniquement pour répondre au surcroît de demande qui viendra des énergies renouvelables au cours des 10 prochaines années.
Maintenant qu’une bonne partie du PIB mondial est consacré à la transition vers un avenir carboneutre (nombre de gouvernements un peu partout dans le monde cherchent à ramener leurs émissions de carbone à zéro d’ici 2050), le principal défi pour l’industrie consistera à attirer de nouveaux investissements.
Une partie du travail des entreprises d’exploitation minière consistera à convaincre les investisseurs que l’industrie ne se contente pas de produire les métaux nécessaires à la transition, mais qu’elle le fait de manière responsable et qu’elle participe pleinement à l’élaboration de solutions de production durables.
« La vraie question selon moi est de savoir comment nous faisons notre part », a indiqué Gillian Davidson, membre non exécutive du conseil d’administration et présidente du comité sur le développement durable de Central Asia Metals. « Et la deuxième question est de savoir comment on devient un partenaire en innovation. »
Mme Davidson souligne que le secteur minier fait preuve de beaucoup d’initiative et de leadership, mais que le plus important, c’est que la durabilité ne s’arrête pas à la mine et qu’elle se répande à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Elle explique qu’il est certes essentiel de réduire l’empreinte carbone des entreprises au niveau de la mine, mais qu’il importe également que l’industrie évalue l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement pour voir où elle peut réduire ses émissions de carbone et mettre en place des pratiques encore plus durables.
« On est en train de passer d’une posture du "nous sommes importants parce que vous avez besoin de nous" à "que pouvons-nous faire pour vous aider à régler vos problèmes et à atteindre certains objectifs ambitieux", explique-t-elle.
John Mulligan, directeur des relations avec le marché et responsable des changements climatiques au World Gold Council, estime lui aussi que si les entreprises d’exploitation minière en font plus pour montrer comment elles s’y prennent pour réduire leur empreinte carbone, elles attireront probablement de nouveaux investissements.
« C’est cette approche axée sur l’ensemble de la chaîne de valeur, combinée à l’augmentation de la demande d’énergies renouvelables, qui fera du prochain cycle un véritable super cycle », estime M. Lewnowski. « Pour que les ratios de valorisation puissent augmenter et pour susciter de davantage d’intérêt sur les marchés, il faut que l’industrie elle-même soit plus exemplaire dans sa production de métal... Nous devons placer la barre plus haut. »
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