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La demande d’obligations portant une étiquette continue d’augmenter

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Les obligations vertes, sociales et durables (VSD) attirent de plus en plus d’investisseurs, qui s’intéressent à la viabilité à long terme du marché et appuient la transition vers une économie plus durable et plus inclusive. 

Au départ, lors de leur introduction sur le marché, les obligations VSD s’adressaient principalement à deux types d’investisseurs distincts : ceux qui privilégiaient les placements reflétant leurs valeurs et ceux qui recherchaient d’autres placements solides pour compléter leurs portefeuilles. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, ces obligations sont prisées par un large éventail d’investisseurs en raison du soutien qu’elles apportent à leurs objectifs globaux liés au climat et à la durabilité. 

Fort de cette vulgarisation, qui touche également les émetteurs d’obligations VSD (dont le nombre a plus que décuplé au cours des 10 dernières années), le marché mondial des obligations VSD atteignait 5,2 billions de dollars à la fin du mois d’avril 2024 et représentait environ 20 % de toutes les nouvelles émissions de titres à revenu fixe l’an dernier, ainsi que 15 % du marché total des titres à revenu fixe. La compréhension des défis et des occasions du marché des obligations VSD était au cœur des discussions lors de la table ronde sur la finance durable que j’ai animée à la conférence 2024 Gouvernements, banque centrale et gestionnaires de fonds de BMO à Toronto. J’avais à mes côtés : 

  • Elizabeth Wallace, gestionnaire principale, financement et change, division des marchés financiers, Office ontarien de financement 

  • Ralf Nielsen, directeur de la durabilité de l’entreprise, TransLink 

  • Erik Hådén, directeur général, responsable des relations avec les investisseurs, Swedish Export Credit Corporation (SEK) 

Les panélistes discutent des obligations portant une étiquette lors de la conférence 2024 Gouvernements, banque centrale et gestionnaires de fonds de BMO.

 

Deux des aspects les plus inspirants de la discussion concernaient l’évolution du marché des obligations VSD sous l’effet de la mobilisation d’une part croissante des parties prenantes, ainsi que de la détermination collective des principales parties prenantes à collaborer pour relever les défis auxquels reste confronté le marché des obligations VSD. Voici un aperçu de quelques points à retenir de cette discussion :  

Un marché qui progresse vers la maturité 

Rares sont les personnes qui sentent mieux le pouls du marché des obligations vertes qu’Elizabeth Wallace, de l’Office ontarien de financement, qui est actuellement l’émetteur le plus important et le plus fréquent d’obligations vertes en dollars canadiens. L’Office a réalisé 15 émissions vertes pour un montant total de 18 milliards de dollars, dont la plus récente dans le nouveau Cadre pour les obligations durables de l’Ontario pour un montant de 1,5 milliard de dollars.  

Beaucoup de choses ont changé dans ce domaine au cours de la dernière décennie, selon Mme Wallace. « L’engagement des investisseurs n’a fait qu’augmenter au cours de cette période, a-t-elle expliqué. Aujourd’hui, tous les investisseurs sont mobilisés dans le cadre de notre programme d’obligations vertes. » Le changement ne s’opère pas seulement au niveau des investisseurs; la sagacité des parties prenantes internes au sein du gouvernement a également augmenté; le cadre pour les obligations durables de la province traduit les besoins et les priorités d’un large éventail de ministères. Ce cadre comprend désormais dix catégories vertes et cinq catégories sociales.  

Son ampleur préoccupe certains investisseurs, car l’élargissement du cadre peut réduire la visibilité à l’égard de l’utilisation des fonds. Mme Wallace reconnaît qu’il s’agit là d’un défi et que certains investisseurs ne se sentent pas nécessairement à l’aise avec tous les aspects du cadre provincial, comme l’inclusion de l’énergie nucléaire, visée par des restrictions dans certains portefeuilles. Pour relever ce défi, l’Ontario s’est efforcé d’être aussi transparent que possible en donnant des précisions sur les projets qui seront financés lors de l’émission, plutôt qu’un an plus tard.  

« Cela exige beaucoup de travail supplémentaire de notre part pour préparer l’émission d’une obligation, mais le jeu en vaut la chandelle, dit-elle. Il nous semble que ce degré de transparence a bien fonctionné pour nous avec les investisseurs. » 

Élargissement des cadres 

Ralf Nielsen, de TransLink, observe comment d’autres organisations élargissent leur cadre pour répondre à la demande des investisseurs, notamment afin de déterminer si l’ajout d’une catégorie sociale renforcerait l’attrait de leurs obligations. Mais il a été difficile de trouver un projet purement social. À la place, TransLink s’est attachée à améliorer ses rapports d’impact après l’émission, en soulignant les avantages conjoints de ses grands programmes d’investissement sur le plan social, ainsi qu’en améliorant la communication d’information sur les projets financés.  

« Cela a été une démarche d’amélioration continue », a-t-il déclaré, en précisant qu’au départ, lorsque TransLink fournissait des renseignements sur ses projets, elle en donnait autant que possible sur les avantages et les indicateurs de rendement clés. « L’idée est d’écouter ce que nous demandent les investisseurs et nos institutions financières », a-t-il déclaré. 

Mais il est compliqué de maintenir un tel niveau d’information, en particulier lorsque les émissions se succèdent. La société de transport qui dessert la région métropolitaine de Vancouver a été la première en son genre au Canada à émettre une obligation verte en 2018. Son cadre pour les obligations vertes régit l’émission des obligations portant une étiquette, notamment dans les catégories des transports non polluants, des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique et de la conservation. 

Sachant que la majorité du programme d’investissement de TransLink est admissible dans le cadre des obligations vertes, les obligations portant une étiquette représentent une part importante du financement lié au programme d’investissement de la société de transport, qui soutient une expansion majeure du réseau ferroviaire SkyTrain et l’électrification de son parc d’autobus.  

Satisfaction de la demande 

Il n’est pas difficile de susciter l’intérêt des investisseurs à l’égard des obligations vertes, aux yeux d’Erik Hådén, de SEK, une entreprise publique qui apporte du financement aux exportateurs suédois, à leurs filiales et à leurs clients étrangers. « Le problème n’est pas de vendre nos obligations… mais de trouver des actifs auxquels les adosser », a-t-il expliqué.  

SEK a établi son premier cadre pour obligations vertes en 2015. En 2021, elle a élargi ce cadre pour y intégrer des obligations durables, afin de pouvoir émettre des obligations vertes, des obligations sociales ou une combinaison d’obligations dites « durables ».  

Le plus grand défi consiste à trouver des projets qui cochent toutes les bonnes cases, surtout si l’actif sous-jacent comprend un projet qui peut avoir un impact, mais qui ne correspond pas tout à fait à ce que recherchent les investisseurs ou qui n’est pas en conformité avec la taxonomie de l’UE. M. Haden a indiqué que SEK avait engagé des discussions sur les obligations de transition, qui pourraient financer des projets ne correspondant pas tout à fait aux critères des obligations vertes ou des obligations durables. Il est toutefois difficile de parvenir à une définition de la transition qui répond à la plupart des attentes.  

Tout n’est pas encore réglé, mais vu l’augmentation de la demande à l’égard de ces titres et les moyens novateurs mis en œuvre par les organisations pour obtenir des obligations VSD, on peut affirmer que l’avenir est prometteur pour cette partie du marché. Il est encourageant de voir à quel point toutes les parties prenantes sont mobilisées et collaborent pour en faire un marché encore plus solide.

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Magali Gable Directrice, Finance durable

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